L'attaque de La Provence contre la CGT des Bouches du Rhône
Cette attaque est aussi le signe que les classes dominantes, leurs médias à partir de leur puissance économique et leur main mise sur des pans entiers des moyens d'information (presse papier, chaînes d'info en continu, canaux divers ...) ont décidé de mener le combat frontalement.
Contre le mouvement en cours, contre la CGT particulièrement et encore plus particulièrement contre le courant de lutte de classe à l'intérieur de la CGT.
Preuve s'il en fallait que leur ennemi honni est bien celui-là et que c'est cette force qu'il faut appuyer et conforter.
Pour le prochain congrès ... et APRES !
A leur corps défendant sans doute ils font le lien entre la lutte internationale pour la paix et la bataille nationale pour les salaires, contre la réforme des retraites ... !
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RAPPEL :
Le 30 août 2022, la décision est officielle : le Groupe CMA CGM acquiert 89 % des parts du groupe de presse.
ET ,
CMA CGM ne paie en effet pas d'impôt sur les bénéfices pour toute son activité de fret maritime (97 % de son chiffre d'affaires environ), mais une petite taxe forfaitaire : le droit de tonnage, reposant sur la capacité de transport et non sur les résultats, instaurée dans l'Union européenne en 2003.
ALORS que (Humanité)
Avec près de 23 milliards d’euros de bénéfices en 2022, l’armateur français dépasse d’une poignée de milliards TotalEnergies. Ce record, c’est aussi près de 5 milliards d’euros que l’État ne va pas toucher, à cause de la niche fiscale sur le fret maritime.
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L'attaque de La Provence
Son affiliation à la Fédération syndicale mondiale et ses positions sur la guerre en Ukraine agitent en coulisses

13 juin 2019, à Port-de-Bouc : Olivier Mateu pose avec George Mavrikos, secrétaire général de la FSM. L'UD 13 vient de voter son adhésion à l'internationale révolutionnaire et anti-impéraliste.
La CGT des Bouches-du-Rhône est-elle le nid d'une frange pro-Russe qui pousse derrière la figure d'Olivier Mateu, secrétaire départemental et candidat à la succession de Philippe Martinez au national ? C'est la question qui agite en ce moment en coulisses face aux postures radicales de certains de ses adhérents. Quand Emmanuel Lépine, le secrétaire général de la Fédération CGT des industries chimiques appelle à mettre "la France à genoux", quand Olivier Mateu menace le préfet de "mettre le feu au département" et de déclencher "la guerre à la première réquisition", est-ce le symptôme d'une radicalisation du mouvement contre la réforme des retraites ? Ou la marque de la stratégie révolutionnaire revendiquée de la Fédération syndicale mondiale qu'ils ont ralliée ? Décryptage.
Le gouvernement ukrainien "fasciste"
Le 13 juin 2019, bras dessus, bras dessous, Olivier Mateu, pose pour la photo avec George Mavrikos, secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale (FSM) dans un local de Port-de-Bouc. L'image d'un changement de cap : l'Union départementale (UD) des Bouches-du-Rhône vient de voter à 90 % (22 136 voix sur 35 000 militants revendiqués) son adhésion à la FSM, internationale syndicale révolutionnaire et anti-impéraliste que la CGT avait quitté à la chute de l'URSS.
La centrale française avait alors rallié la Confédération européenne des syndicats (actuellement présidée par Laurent Berger). Ces dernières années, comme l'UD 13, la fédération CGT de la pétrochimie, celle des commerces et de l'alimentaire se sont également tournées vers la FSM.
Ce week-end, c'est très opportunément, à l'aune de la grande journée de mobilisation de mardi, que les déclarations de George Mavrikos et les positions de la FSM sur le conflit ukrainien ont ressurgi. En février 2022, alors que la Russie venait d'envahir l'Ukraine, la FSM officialisait son soutien aux séparatistes pro-Russes : "Nous assurons les syndicats affiliés dans l'est de l'Ukraine que nous soutenons les efforts visant à garantir leur droit de décider seuls de leur présent et de leur avenir, écrivait-elle dans un communiqué. La FSM était et reste contre les pratiques fascistes du gouvernement ukrainien qui est une marionnette des États-Unis et de l'Otan".
En avril 2022, le même patron de la FSM s'insurgeait : "Honte à Zelensky d'Ukraine" écrivait-il, accusant le président ukrainien, alors invité au Parlement grec, d'être "le principal complice de la hausse des prix des marchandises qui frappe les peuples d'Europe", et appelant à la "dissolution immédiate de l'Otan".
En mai dernier à Rome, George Mavrikos récidivait :"Nous assistons à un événement grave en Ukraine : la coopération étroite des néo-libéraux, des néo-nazis et des sociaux-démocrates. Le soutien et l'équipement de néo-nazis en Ukraine prouvent le vrai visage des États-Unis, de l'Otan, de l'Union europénne", laquelle légitimerait donc "le nazisme".Rien de moins.
Le 1er septembre dernier, lors de la "journée d'action des syndicats pour la paix", c'est encore l'Otan et non l'offensive poutiniste que cible la FSM. Et quand la confédération CGT signe des appels à envoyer des armes en Ukraine et dénonce l'agression russe, Olivier Mateu fait mine de s'interroger devant les adhérents : "Mais nous, on est du côté d'un impérialisme contre un autre ?"...
Les cheminots au Donbass
La proximité de certains cégétistes avec des soutiens du Kremlin n'est pas nouvelle. Dans L'Obs, en octobre 2016, Axel Persson et Matthieu Bolle-Reddat, secrétaires des sections de Trappes et de Versailles de la CGT-Cheminots (affiliée FSM), racontent leur visite dans le Donbass, à l'invitation de la fédération des syndicats de la République populaire de Lougansk (RPL), état sécessionniste à l'Est de l'Ukraine.
Réfutant toute "sympathie pour la politique impérialiste de la Russie de Poutine", Axel Personn affirme pour autant ne "pas être venu en touriste". "Mon syndicat va témoigner de ce qui se passe ici, et nous ferons pression sur le gouvernement français afin d'affirmer le droit de la RPL à l'indépendance." Discours qui reprend point par point la propagande russe et va à l'encontre de la position exprimée par la CGT sur le conflit ukrainien.
L'année précédente, les deux hommes s'étaient rendus à Damas, à l'invitation de la Fédération syndicale mondiale dirigée par un soutien du président Bachar al-Assad, rapporte encore L'Obs. Dans la capitale syrienne, ils avaient retrouvé plus de 200 autres représentants syndicaux affiliés à la FSM, venus de 43 pays. Objectif : dénoncer les interventions "impérialistes" occidentales et les sanctions visant le régime syrien.
À l'aube du congrès de la CGT et du renouvellement de sa direction confédérale, ces militants pro-FSM poussent le syndicat sur le front de la lutte radicale plutôt que sur le champ du dialogue social. Au sein même de la CGT cette position anti-occidentale dérange et interroge. De là y voir la main du Kremlin...