Les SONDAGES : un outil de contrôle collectif !
Dans la tourmente informationnelle il demeure une énigme.
Pratiquement personne et aucun des candidats déclarés à la présidentielle ne remet en cause ou n'émet la moindre critique à propos de la déferlante sondagière pourtant quasi quotidienne.
Pas le moindre doute sur la méthodologie (un échantillon sensé représenter la population globale de près de 70 millions),
et pas l'ombre d'une accusation sur l'usage pourtant manifeste et leur instrumentalisation dans le débat politique et dans les échéances électorales à commencer par celle majeure de la présidentielle.
ET pourtant des analyses existent depuis pas mal de temps sur ce rôle !
Par exemple celle du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) datant de janvier 2005 qui remarque :
La course des petits chevaux
Il est une caractéristique des campagnes électorales qui semble s’être propagée(largement depuis les Etats-Unis) à l’ensemble des démocraties occidentales : le “ horse-race reporting ”, c’est-à-dire un traitement médiatique des campagnes qui les fait ressembler à des “ courses de chevaux ”. En effet, une part importante de la couverture médiatique d’une élection consiste aujourd’hui à reporter quel candidat ou quel parti est “en avance” sur les autres, lesquels sont “en retard”, quelles sont les évolutions en la matière, et à spéculer sur l’issue de la compétition
Une importance grandissante
Toutefois, les sondages tendent à gagner en importance, et commencent à prévaloir sur les autres sources de prédiction électorale.
Ainsi, les sondages d’opinion, sous forme de “baromètres électoraux” ou de “tracking polls” publiés jour après jour, constituent une part non négligeable de l’information reçue par les électeurs au cours des campagnes, y compris en France.
De plus, ils contribuent à « créer un sentiment de mouvement constant et d’incertitude dans le déroulement de la compétition, suscitant à l’occasion un élément d’animation sans lequel la campagne pourrait paraître morne ».
A ce titre, ils possèdent une forte “valeur médiatique” (news value) et sont donc très prisés des journalistes.
En témoigne le fait que les sondages occupent une position toujours plus en vue dans les médias, en faisant par exemple le “premier titre” des actualités télévisées ou la “première” des journaux
La relation journalisme -sondages
En somme, les instituts de sondage et les mass médias sont associés par une structure d’échanges mutuellement bénéficiaires. D’une part, les médias se servent de sondages sur un plan interne, pour évaluer l’impact public de leurs informations.
Ensuite, bien que les médias procèdent de plus en plus à leur propres enquêtes, à l’exemple du New York Times ou de CBS, une part importante de la production incombe et profite aux instituts — tout particulièrement en France, où le rythme des publications est particulièrement effréné!.
BOURDIEU : un “outil de contrôle collectif”
Ainsi, par un “effet d’imposition de problématique” (Bourdieu 1980 [1973] : 226), les sondages créent de toutes pièces une opinion publique artefactuelle, sans véritables contours, souvent consensuelle par défaut, du fait de l’élimination des “non-réponses” dans les résultats publiés et en raison de l’incapacité des questions à mobiliser les clivages socialement constitués — alors que « dans les situations réelles, les opinions sont des forces et les rapports d’opinions sont des conflits de force entre des groupes.
...
En dernière analyse, l’effet fondamental des sondages est de « constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible » (Bourdieu 1980 [1973] : 224). En jouant la partition de la démocratie et de la vox populi, les sondages en viennent ainsi à « occulter les conditions sous-jacentes des inégalités politiques et sociales » (Lipari 1999 : 99, nt). Paradoxalement, plus les sondages d’opinion sont rendus publics à une large échelle, et plus l’opinion publique est utilisée comme un “outil de contrôle collectif” .
La "cloture intellectuelle"
Ensuite, passé le premier stade de la campagne où se déclarent les candidatures, un autre effet de clôture concerne l’anticipation des résultats, c’est-à-dire la perception des vainqueurs et des perdants probables d’une élection. Non pas telle qu’elle se forme au sein du public (ce qui relève d’une question distincte, quoique liée), mais au sein des élites politiques et médiatiques. La “clôture intellectuelle” engendrée par la litanie des résultats d’enquêtes empêche de nombreux stratèges partisans de concevoir d’autres issues à la compétition électorale que celle qui “s’impose” — presque d’elle-même, dirait-on — de l’arithmétique sondagière.
Cette question revêt une importance particulière dans le contexte des élections présidentielles françaises, c’est-à-dire d’un scrutin à deux tours où les interactions stratégiques entre les partis et les candidats en présence jouent un rôle primordial. Là encore, en vertu de la croyance à leur égard, les sondages dispensent de puissants arguments d’autorité pour établir les hiérarchies et les scénarios vraisemblables.
Voilà en gros pour les sondages en soi.
Mais le fait majeur c'est qu'ils constituent un élément d'un dispositif global politique, culturel et médiatique de contrôle, de domination et d'instrumentalisation des processus d'opinion et électoraux sous maîtrise de l'oligarchie.
Et tout se passe comme si cette oligarchie possédante des grands moyens d'information comme des instituts sondagiers appliquait à sa manière le constat gramscien selon lequel la conquête culturelle et idéologique précède la conquête politique et en constitue l'étape nécessaire.
Dans une période de crise majeure et de contestation de son hégémonie où il s'agit pour elle de faire prévaloir la ou les solutions qui ne remettent pas en cause ses intérêts majeurs.
Le cas Zemmour actuel en constitue l'illustration caricaturale :
- premier temps à partir de la propriété des moyens d'informations privés Bolloré et Cnews mettent à disposition sans contradicteur depuis le 4 octobre 2019 pendant 1 heure, pratiquement une tribune quasi quotidienne qui sert de rampe de lancement et d'amplificateur des thèses de l'extrême droite en particulier sur le thème de l'immigration et du " grand remplacement ".
- second temps, la mise sur orbite présidentielle épaulée par une avalanche de sondages le faisant grimper en quelques semaines d'une position subalterne à une position centrale.
il ne s'agit pas par là de nier les faits objectifs qui participent à la construction de l'opinion mais de constater que la diffusion massive, répétée actuelle des sondages structure le débat public et constitue l'aliment essentiel du questionnement journalistique auquel sont soumis les politiques.
Un des objectifs de l'opération consistant à imposer le thème de l'immigration facteur de division comme thème majeur des préoccupations de l'opinion CONTRE le thème rassembleur CONTRE la classe dominante et le pouvoir macronien des conséquences de sa politique : les contre-réformes, l'indemnisation du chômage, l'accroissement considérable des inégalités, la précarité galopante dans les couches populaires et la jeunesse, le pouvoir d'achat et la flambée des prix ...
Et constitue par conséquent bel et bien une instrumentalisation à but politique au profit de la classe dominante qui tire les ficelles, les ombres se donnant pour la réalité comme dans le mythe de la caverne de Platon!
De notre côté, le combat syndical et politique ne peut faire l'économie de la critique du dispositif et des moyens utilisés par l'oligarchie pour pérenniser ses privilèges en cessant de considérer ses opérations et ses manœuvres comme des données incontournables relevant des faits et du réel !
Auxquels il faudrait se plier sans murmure !
Le " complotisme " n'étant pas toujours du côté où nos médias le pointe!
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Qui possède les instituts de sondage ?
Les données de février 2012 PAR ANNE MARIE PLISSONNEAU
Il est toujours intéressant de savoir qui donne les informations. Par exemple les instituts de sondage, qui influencent les électeurs appartiennent à qui?
CSA : groupe Bolloré, qui détient également le groupe Havas et plusieurs journaux gratuits.
BVA : groupe Bolloré et Rotchild.
IFOP: la présidente dIlu MEDEF. IPSOS; Pinault et Fidelity ( fonds d’investissement américain)
SOFRES Fidelity
UNE VIDEO sur les sondages :