1er mai 2020 : le seul "empéché" depuis 1945 . ALLONS DONC !

Publié le par FSC

Depuis ce matin les divers présentateurs de France Inter prétendant rendre hommage au 1er mai des travailleurs ne cessent de répéter que ce 1er mai 2020, sous confinement serait le premier et le seul frappé d'une sorte d'interdiction ou d'impossibilité depuis 75 ans!

Ce qui remonterait donc à la Libération.

Donc pas d'interdiction du 1er mai depuis 1945 dans notre cher pays et dans notre République démocratique et sociale ?

"Fake new ", mensonge ?

Ou crasse ignorance historique des réalités du monde du travail et distorsion des aléas du combat de classe qui n'a connu ni trêve, ni véritables concessions des différents pouvoirs qui se sont succédé et qui sous diverses formes, dans des conjonctures différentes ont au final souscrit au programme et aux intérêts de l'oligarchie.

A l'exception du moment issu immédiatement de la guerre et de la Résistance avec une CGT de 5 millions d'adhérents et un parti communiste à 28%.

D'où sont issus précisément  les conquis qui malgré les attaques permanentes des forces réactionnaires marquent encore notre société et son " modèle social " : sécurité sociale gérée par les travailleurs eux-mêmes et leurs représentants, statut de la fonction publique, nationalisations des secteurs clés, droit de vote des femmes, comité d'entreprise, comités d'hygiène et sécurité ...

 

Mais revenons à l'affirmation journalistique selon laquelle ce premier mai serait le seul a être frappé d'interdiction.

Affirmer cela c'est faire l'impasse sur les réalités historiques et comment les classes dominantes utilisent les événements pour remettre en cause les avancées et les libertés durement conquises par les luttes collectives.

A la fois contre  " leurs " travailleurs et contre les peuples sous domination de leur empire colonial

En la circonstance, luttes sociales et luttes anti-coloniales se conjuguant au-delà des contradictions qui n'ont pas manqué!

C'est ainsi donc qu'à la faveur de la guerre d'Algérie les manifestations du 1er mai ont été interdites en France durant 14 ans de 1954 à 1968 !

(Voir ci-après "Un peu d'histoire")

Face à la tendance permanente, largement relayée dans les médias dominants, à effacer les traces de l'histoire réelle, celle de la lutte des classes, d'un récit lisse, lesté des affrontements d'intérêts ne cessons pas de rappeler les faits, les réalités associées en particulier au rôle des organisations et des militants révolutionnaires.

Réalités niées systématiquement au profit d'un récit mythique et trompeur qui de fait vise à nous priver de toute référence historique authentique afin de nous castrer de toute perspective de transformation révolutionnaire d'un système en crise profonde!

 

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Un peu d'histoire

 

 

RAPPEL HISTORIQUE contextualisant cette interdiction

SOURCE Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/cine-archives/blog/290420/guerre-dalgerie-et-1er-mai-interdit-en-quelques-fragments-de-films

 

1er mai 1954, militants algériens du MTLD dans le bois de Vincennes © Ciné-Archives, fonds audiovisuel du PCF et du mouvement ouvrier1er mai 1954, militants algériens du MTLD dans le bois de Vincennes © Ciné-Archives, fonds audiovisuel du PCF et du mouvement ouvrier


Avant d'être rendu à sa vocation initiale de parade militaire, le 14 juillet a constitué un temps fort du calendrier militant, au même titre que le 1er ou le 28 mai - jour de la "montée" au Mur des Fédérés du cimetière du Père-Lachaise, pour rendre hommage aux militant.es de la Commune de Paris et aux victimes de la Semaine sanglante. Cette tradition se perpétuait depuis le 14 juillet 1935, quand des cortèges partis en ordre dispersé pour protester contre la menace fasciste avaient opéré une jonction symbolique dans les rues de Paris, marquant la naissance du Front Populaire.

 

Aussi, le 14 juillet 1953, les organisations du mouvement ouvrier, PCF et CGT en tête, défilent sur le trajet emblématique "Bastille-Nation". Derrière le cortège syndical, plusieurs milliers de militants nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) ferment la marche. Ils scandent "A bas le colonialisme" et divers mots d'ordre en faveur de l'indépendance. A l'arrivée place de la Nation, alors que le gros de la manifestation a déjà commencé à se disperser, la police exige le retrait du portrait de Messali Hadj, le dirigeant du MTLD, alors emprisonné. Les manifestants refusent, la police charge, la manifestation se transforme en émeute, la police ouvre le feu sans sommation. Sept personnes meurent sous les balles, six militants du MTLD et un militant de la CGT. Plus de quarante sont blessées par les coups de feu et coups de matraques. A l'exception de quelques titres de la gauche communiste (L'Humanité) ou catholique (Témoignage chrétien), la presse dans son ensemble tait l'événement, quand elle n'accuse pas les victimes. La mémoire de cette journée se perd très rapidement, et n'a refait surface que récemment, grâce aux travaux de Danielle Tartakowsky, Emmanuel Blanchard, Alain Ruscio et Daniel Kupferstein, auteur de Les balles du 14 juillet 1953 - Le massacre policier oublié de nationalistes algériens à Paris.

Cette guerre d'Algérie qui ne dira jamais son nom n'est pas encore officiellement à l'ordre du jour, mais dans un contexte politique de plus en plus tendu, le Ministère de l'Intérieur et la préfecture décident d'interdire tous les défilés dans Paris. Quelques rares manifestations seront de fait tolérées, mais c'en est fini du 1er mai et du 14 juillet - du moins, sous leur forme classique.

 

1er mai 1954, Rassemblement dans la clairière de Reuilly (extraits) © CinéArchives

Le 1er mai 1954, pour contourner l'interdiction, le Paris ouvrier se rassemble dans la clairière de Reuilly, à l'orée du bois de Vincennes, à l'appel de la CGT et du PCF. Un caméraman du parti est présent. Les rushes tournés ce jour-là, non montés, sont conservés par Ciné-Archives ; ils montrent la foule nombreuse massée autour d'une estrade, ornée de drapeaux rouges et tricolores. A la tribune, des dirigeants d'envergure nationale et des figures parisiennes se relaient : la direction du parti est représentée par Jeannette Vermeersch et Jacques Duclos, qui encadrent Raymond Guyot (secrétaire de la fédération de Paris du PCF) ; Benoît Frachon (secrétaire général de la CGT) laisse la place à Eugène Hénaff, secrétaire de l'union des syndicats de la Région Parisienne. Au loin, perdue dans la foule, on distingue une très large banderole du MTLD, ornée d'une effigie de Messali Hadj. La caméra lui consacre un plan quelques instants plus tard ; on voit très nettement le groupe compact des militants du MTLD, arborant au revers de leur veste un insigne avec le visage de Messali Hadj.

 

VOIR dans les archives de l' Institut National de l'Audiovisuel (INA) :

https://www.ina.fr/video/S817200_001/1er-mai-1968-premiere-manifestation-apres-14-ans-d-interdiction-video.html

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