Ambroise CROIZAT une conférence de Michel Étiévent
A l'iniative de la section du PCF d'Arcachon
Source, le journal Sud-Ouest le 11 avril
À l'heure où la Sécurité sociale fait couler beaucoup d'encre, le Parti communiste du bassin d'Arcachon a organisé une rencontre avec l'historien et écrivain Michel Étiévent, ce samedi à Biganos, dans l'une des salles du club house, pour évoquer la vie d'Ambroise Croizat, « l'un des bâtisseurs de la Sécurité sociale ». Une trentaine de personnes sont venues assister à cette conférence qui était consacrée à un homme au parcours hors normes, méconnu malgré ses réalisations.
Clair et concis, passionné et passionnant, Michel Étiévent a expliqué « consacrer son temps et son travail aux origines de la Sécurité sociale » et à Ambroise Croizat (1901-1951), « figure emblématique d'une lutte très dure, militant ambulant, représentant d'une intelligence collective, à qui nous devons les deux plus grandes conquêtes sociales du XXe siècle : la ‘‘Sécu'' et les retraites ».
Lui-même fils d'ouvrier, tout comme Ambroise Croizat, Michel Étiévent a vécu enfant dans la maison de celui qui devint ministre du Travail et de la Sécurité sociale sous de Gaulle et d'autres Présidents, à plusieurs reprises, entre novembre 1945 et mai 1947.
Apprenti, député, ministre
Comme l'a expliqué l'historien, a priori, rien ne laissait présager qu'Ambroise Croizat accède à ces responsabilités. Il a quitté l'école à 13 ans pour devenir apprenti. Après un passage « aux jeunesses pacifistes », avec Marcel Paul (futur ministre de la Production industrielle, à l'origine d'EDF-GDF), il entame une « croisade » à travers la France. Élu député du XIVe arrondissement de Paris (où une place porte aujourd'hui son nom), il contribue durant le Front populaire à pléthore de « conquis sociaux » : congés payés, semaine de 40 heures, conventions collectives, comités d'entreprise…
Ministre, il fut le signataire de la Loi du 22 mai 1946, portant généralisation de la Sécurité sociale en France. En 1971, lors de l'inauguration de la stèle en son hommage dans son village de Notre-Dame-de-Briançon, Marcel Paul a proclamé : « La France a eu plusieurs ministres du Travail, mais un seul ministre des travailleurs ».
Michel Étiévent a enfin souligné que pour Ambroise Croizat, « l'homme est au centre du politique. Sensibilisé par la souffrance sociale, il a su unir la classe ouvrière, faire le lien entre l'économique et le social… ».
M.-D. D.