Michel Etievent

Publié le par FSC

Des temps difficiles certes.

ou comme le disait d'une autre manière le délégué de la centrale syndicale de Cuba Pédro ROSS au 45e congrès de la CGT à Montreuil en décembre 1995

 

" Jamais la nuit n'est plus obscure qu'un instant avant l'aube"

 

____________________________

Source : le blog de Lucien Pons :

http://lucien-pons.over-blog.com/2014/12/le-cri-du-coeur-de-michel-etievent.html

 

Le cri du cœur de Michel Etievent.

Le cri du cœur de Michel Etievent.

 

A VOUS MES AMIS...

 

Quand je vois la crise s'approfondir, les usines tomber, grossir le flot des pauvres, le racisme ravager l'avenir, la haine sourdre, quand je vois des copains fatigués déserter le front de résistances, des intellos bidons faire du fric avec du vide, prêcher le renoncement ou la ringardise à longueur de livres ou d'antenne, quand je vois le décor de nos vies s'enfoncer dans la télé "déréalité", des fois moi aussi j’aurais envie de tout laisser tomber, de sauter du train de la résistance, de m'effondrer dans mon canapé chaud, une pile de livres aimés comme futur, ou me perdre à tout jamais sur la beauté de mes sentiers, ne plus rien voir, ne plus rien entendre, "jouir de la vie" comme ils disent!

 

Et bien non, ça ne dure jamais longtemps, parce qu' aussitôt je repense à tous ces copains de misère, ces traîne la faim de dignité qui, au long des siècles, malgré les désespérances les plus noires, ne se sont jamais laissé aller, ces enfants des mines qui nous livraient l'énergie du syndicalisme, ces communards écrasés qui se relevaient et montaient pour nous à "l'assaut du ciel", ces copains comme Croizat, Paul , Semard tous ces anonymes des luttes qui se faisaient casser la gueule dans une Europe minée par le fascisme, qui désespéraient eux aussi devant l'allongement des files de chômeurs, d'affamés aux crises de 29, mais qui se relevaient sans cesse, nous livrant nos grands conquis du front populaire...

 

Quand je repense à tous ces jeunes Moquet, à tous ces résistants qui auraient pu eux aussi déserter le combat clandestin ou les maquis et se réfugier dans le confort d'une France collabo ou indifférente, ces jeunes du CNR qui réalisaient une fabuleuse utopie dans une France assaillie par la répression et les ruines et nous livraient la sécurité sociale, la retraite et un héritage social considérable.. oui quand je pense à tout cela... alors je me relève, certes je chancelle, mais je suis debout et je repars sur le chemin des luttes et des conférences, gonflé de l'espoir de ceux qui ont nourri mon Histoire de dignité.

 

Michel Etievent,

Mercredi, Décembre 3

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
7
Many thanks
Répondre
L
Voila qui fait du bien à lire. Oui, les temps sont durs. Mais ils l'ont toujours été. Si nous ne faisons pas le travail, qui le fera ? Nous contribuons à l'amélioration... En tentant de changer le rapport de forces !
Répondre
R
ce matin ça n'allait pas très fort , j'avais en tête les turpitudes de LE PAON et ses complices , le déshonneur qui s'abattait sur notre CGT , et après la lecture de ce beau texte , ça va mieux , MERCI MICHEL
Répondre