Adresse de la Commission exécutive de l'Union locale
des syndicats et sections syndicales CGT de l'Aéroport de Roissy
au CCN, à la CE confédérale et au Bureau confédéral de la CGT
Camarades,
Les événements de ces dernières semaines ont ouvert une période de crise au sein de notre organisation. Cette crise est celle de sa direction.
D'abord, le mode de vie de notre secrétaire général n'est pas celui que l'on est en droit d'attendre du principal dirigeant de la CGT. Il n'y avait pas lieu de le loger dans des quartiers bourgeois, dans un appartement de standing, de lui allouer une indemnité de 31 000 euros à son départ de l'Union régionale CGT de Basse Normandie ou de lui accorder une quelconque faveur matérielle au titre des fonctions qu'il occupe. Car il s'agit bien ici de faveurs et non de subvenir aux besoins matériels courants. Être un dirigeant du mouvement ouvrier ne devrait pas permettre d'élever son niveau de vie au-delà de la condition générale des salariés.
Sinon, assumer les plus hautes responsabilités revient à s'enrichir et à bénéficier d'un mode de vie bien supérieur à celui de sa condition sociale. Ces faveurs matérielles participent à éloigner notre direction des objectifs de lutte attendus par les centaines de milliers de travailleurs qui adhèrent à notre organisation. Ces dirigeants finissent par se prendre au jeu de leur nouveau statut social. La création d'un « cabinet » pour le secrétaire général après le dernier congrès, comme le font les ministres ou les grands patrons, trahissait déjà une certaine conception de la direction de la CGT.
Tout cela a été fait avec l'aval du Bureau confédéral qui ne peut prétendre honnêtement que ces mesures organisationnelles auraient échappé à sa vigilance. De tels abus se produisent d'ailleurs malheureusement dans bien d'autres directions des structures de la CGT. Il faut y mettre un terme.
Et avant cela, nous recevions avec la plus grande préoccupation les informations qui nous parvenaient des camarades salariés de la NVO et des personnels de la confédération, qui se plaignent d'avoir affaire à des patrons plutôt qu'à des camarades dans leur travail.
A ce régime interne et à ces indécentes faveurs accordées, s'ajoutent les prises de position récentes au sujet des « seuils sociaux ». La direction confédérale propose de supprimer l'organisation obligatoire de l'élection des délégués du personnel dans les entreprises d'au moins onze salariés et de renvoyer à une représentation des salariés sur liste externe à l'entreprise. C'est une régression indéniable par rapport au droit existant.
Jamais cette position n'a été discutée. Par conséquent elle n'a pas été adoptée par le congrès de la CGT. Déjà, en 2008, nous avions manifesté notre désapprobation en apprenant la signature par la CGT de la « Position commune » avec le Medef, réformant la représentativité syndicale et provoquant un recul des droits syndicaux existants. Là encore, il n'y avait pas eu de débat et de décision démocratique préalables.
Ces faits sont des symptômes que nous prenons très au sérieux. Derrière le régime interne dont se plaignent nos camarades salariés de la confédération, derrière les avantages matériels conférés à nos plus hauts responsables, derrière la négociation de la régression sociale et l'absence de discussion démocratique, il y a l'adaptation de notre direction à la société capitaliste qui tend à s'intégrer à son régime.
Notre organisation doit se doter d'une direction qui, à tous les niveaux, travaille sans relâche à ouvrir une perspective de lutte pour les travailleurs et oeuvre à la transformation de la société. Il nous faut une direction capable d'organiser des luttes victorieuses, ce qui suppose qu'elle en ait la volonté. Nous constatons au travers des derniers événements, comme de la façon dont les luttes ont été abandonnées à leur sort ces dernières années, que ce n'est pas le cas de la direction actuelle. Il faut débattre de la stratégie de la CGT dans ce contexte de crise profonde du capitalisme et de la façon dont il faut s’y prendre pour mobiliser l’ensemble des jeunes, des salariés, des chômeurs et des retraités contre les attaques que nous subissons.
Le Bureau confédéral doit assumer une responsabilité collective dans ces événements. Aussi, la CE de l'UL CGT de l'Aéroport de Roissy souhaite que l'ensemble de la direction confédérale démissionne. A défaut, nous souhaitons qu'une majorité du CCN la révoque. Très vraisemblablement, la direction confédérale tente d'éviter ce scénario et s'efforce de gagner le soutien des structures dans des discussions secrètes. Nous imaginons sans peine les pressions qui doivent s'exercer. Mais le CCN doit assumer la responsabilité qui est la sienne. Membres du CCN, c'est à vous d'exercer un contrôle sur la direction confédérale, et non l'inverse !
Ceci serait une première étape mais elle ne réglerait pas tous nos problèmes. Ces faits peuvent se produire parce que notre organisation souffre d'un déficit de vie démocratique interne. Les bases syndicales sont bien trop déconnectées du sommet. Si nous voulons éviter que de tels événements se produisent à l'avenir, il faut que les décisions de la direction de la CGT soient le produit de discussions démocratiques impliquant nos adhérents. Les syndicats doivent être associés à ces discussions et des comptes rendus complets des interventions dans nos instances dirigeantes devraient être diffusés. L'organisation des congrès confédéraux doit être également revue pour permettre une libre expression et la possibilité de faire adopter des textes par les délégués, sans entrave.
Aussi, nous pensons que le CCN devrait travailler dès maintenant sur la question de notre démocratie interne avec pour objectif de revoir en profondeur l'organisation des congrès et ce dès le prochain congrès.
La lutte des classes va en s'intensifiant. Les années à venir vont être décisives. Il y a urgence à réorganiser notre confédération sur des bases démocratiques saines. C'est à cette condition que nous nous doterons des idées, des méthodes et de la direction qui permettront d'ouvrir une perspective victorieuse pour les travailleurs.
Le 18 décembre 2014,
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