Migrants bloqués à la frontière italo-française: la CGT cheminots appelle à désobéir
Depuis des semaines, des migrants sont bloqués à la frontière. Les gares SNCF de Nice et de sa région sont cernées par les cars de CRS. La police des frontières contrôle systématiquement tous les trains venus d'Italie, avec pour unique but de reconduire les réfugiés à la frontière, même s'ils ont acquitté un billet SNCF que la SNCF ne veut pas rembourser. La grille horaire a été bouleversée pour absorber le retard dû aux contrôles. La petite gare de Menton-Garavan, à 1 km de la frontière, sert de "parc à migrants". Honte sur deux pays dirigés par les socialistes et sur la direction SNCF qui rejoue son rôle noir entretenu sous les ordres du gouvernement de Vichy.
Situation des migrants à Menton Garavan
Monsieur Le Président,
La Fédération CGT des cheminots vous a écrit pour exprimer son courroux lorsque vous êtes allé présenter vos excuses sur le sol des Etats-Unis auprès de lobbies américains concernant le rôle joué par la SNCF durant la seconde guerre mondiale.
Nous avions dit, certes la SNCF a participé à l’acheminement des déportés vers les camps de concentration sous les ordres du gouvernement de Vichy, mais il aurait été bon de rappeler combien de cheminots, pour la plupart militants CGT, sont morts, furent blessés ou internés pour faits de résistance.
Le gouvernement français s’est engagé à verser un dédommagement important (a priori 60M d’€) à ce titre aux déportés juifs ou à leurs descendants résidant aux USA.
La Direction SNCF avait jusqu’alors établi sa défense sur le principe de la réquisition imposée par l’Etat français dans cette période sombre de notre histoire.
N’oublions pas que des cheminots ont été exécutés pour avoir refusé d’obéir, d’autres ont fait cet ignoble travail sous la menace d’une arme, d’autres ont organisé l’évasion de déportés au risque de leur vie et ont été élevés au titre de « Juste ».
Aujourd’hui, des associations se forment pour aider les migrants venus d’Afrique ou du Moyen et Proche Orient. Dans ces organisations s’engagent des cheminots pour beaucoup adhérents CGT. Ces femmes, ces enfants, ces hommes, souvent jeunes, fuient la guerre, la famine et la mort car beaucoup s’exilent politiquement traqués pour être opposants à des dictatures.
Nous savons tous que la situation catastrophique que fuient les migrants trouve son origine dans le capitalisme mondialisé et l’avidité de grandes entreprises internationales.
Nous savons tous que les puissances économiques du « monde des riches », pour la plupart occidentales, obéissent aveuglément à ses transnationales qui commercent avec des dictateurs et des oppresseurs. Le Groupe SNCF lui-même, ne va-t-il pas signer des contrats avec certaines monarchies du Golfe ou avec l’Etat Israélien malgré le sort que réserve son gouvernement au peuple Palestien en totale illégalité avec les conventions de l’ONU ?
C’est pourquoi, et dans l’urgence, il faut accueillir ces migrants, leur garantir la sécurité, des soins et l’asile en Europe, car nous sommes nous aussi français responsabilisés au regard de la politique internationale menée par notre gouvernement et par des entreprises nationales.
Dans le même temps, j’apprends que la gare de Menton Garavan, à la frontière italienne, sert de « parc à migrants » encadré par les forces de l’ordre, pour organiser le reflux de ces pauvres êtres.
J’apprends que les dirigeants locaux de la SNCF, se couvrent derrière les ordres de réquisitions préfectorales pour mettre cette enceinte SNCF à disposition de la police, tout comme il y a 70 ans.
Cela peut paraître anecdotique, mais j’apprends aussi que ces personnes sont en règle vis-à-vis de la SNCF, qu’elles ont un titre de transport qui ne leur a même pas été remboursé, alors que le prix d’un billet représente un effort énorme dans leur situation d’extrême précarité.
Alors, Monsieur Le Président, dans quelques années, un de vos successeurs va-t-il présenter ses excuses sur le sol africain ?
Le principe de réquisition sera-t-il exploité pour couvrir ces faits ignobles ?
Je vous pose solennellement la question et vous demande expressément de la poser à Messieurs Hollande, Valls et Cazeneuve, Fabius et Macron, dans leurs mandats respectifs.
En souhaitant que vous vous insurgiez et opposiez rapidement à ces procédures condamnables et que notre entreprise porte secours et assistance aux migrants et leur donne libre droit de voyager plutôt que de servir une politique européenne et française qui n’assume pas ses responsabilités et ne trouve de réponse que par la répression et la fermeture des frontières.
Dans certains cas, la désobéissance est un devoir.