Air France : plusieurs milliers devant l'Assemblée nationale

Publié le par FSC

Air France : plusieurs milliers devant l'Assemblée nationale

Source : le journal Libération  17 heures

 

Manif des salariés d'Air France : «La violence sociale, ça déchire nos vies»

Jeudi, non loin de l'Assemblée nationale. La CGT était le syndicat le plus représenté

Plusieurs milliers de personnes ont dénoncé ce jeudi les futures suppressions d'emploi de la compagnie aérienne et la mise à pied des salariés accusés d'avoir agressé les deux cadres dirigeants.

 

Plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées jeudi à Paris et des centaines en région pour le maintien de l’emploi au sein d’Air France et en soutien aux salariés impliqués dans les violences début octobre, et mis à pied sans salaire jusqu’au jugement le 2 décembre. A Paris, ils étaient «au moins 7 000», selon la CGT. Plus de deux semaines après les violences intervenues en marge d’un comité central d’entreprise (CCE) à Air France, l’ambiance était animée, parfois survoltée, autour du chapiteau de l’intersyndicale (CGT, Solidaires, SNPNC, SNPL, Spaf, FO, Unsa…), avec pétards, sifflets et fumigènes. Réunis à proximité de l’Assemblée nationale, ils étaient non loin d’un CCE, qui avait démarré dans la matinée. Des pancartes réclamaient «La sauvegarde des emplois à Air France», «Ne brisez pas nos ailes» ou «De Juniac dehors», en référence au PDG du groupe Air France-KLM.

Les manifestants étaient également solidaires des cinq salariés d’Air France poursuivis pour violences en réunion, soupçonnés d’être impliqués dans l’agression des deux dirigeants qui avaient fui des salariés en colère, chemises en lambeaux, lors de l’annonce du plan le 5 octobre. Mis à pied sans salaire, ils seront jugés le 2 décembre. La banderole de l’intersyndicale, constituée d’une douzaine de syndicats, appelait ainsi à l'«Arrêt des poursuites disciplinaires et judiciaires, nous ne sommes pas des voyous».

«La violence sociale, ça déchire nos vies»

La chemise était omniprésente lors du rassemblement, en slogan ou sous forme de pancartes. «Je suis chemise» brandissait l’un. «La violence sociale, ça déchire nos vies», brocardait un autre. «La lutte des classes, ça déchire», reprenait un autre sur une affiche épinglée sur une vraie chemise. En descendant du métro, un manifestant chantonnait «Tomber la, tomber la chemise…», un air qui sera plusieurs fois entendu dans la foule. Le symbole est repris à leur compte. Sur l’estrade du chapiteau, un représentant syndical hurle : «Cette chemise déchirée est devenue le bonnet phrygien de la France !»

Un important déploiement policier était mobilisé autour des manifestants, avec de nombreux fourgons de CRS. Et l’accès à l’Assemblée depuis la place était barré. «C’est nous les méchants ? Eh bien non !», a lancé Philippe Evain, président du premier syndicat de pilotes de la compagnie (SNPL Air France). Dénonçant la tentative de la direction de diviser les salariés du groupe, il a remercié la foule «de ne pas être tombée dans le piège tendu». La CFDT et CFE-CGC n’ont pas appelé à la mobilisation. A l’annonce de leur défection, ils se sont faits huer par la foule.

A Toulouse, quelque 200 manifestants ont défilé à l’intérieur de l’aéroport Blagnac dans la matinée, aux cris : «On n’est pas des voyous», a constaté un photographe de l’AFP. Ils avaient déployé devant l’aéroport une grande banderole proclamant : «Halte aux licenciements !! Halte aux sanctions !! Non aux licenciements !! Oui à un développement d’Air France !»

Hôtel particulier du XVIe

A Strasbourg, ils étaient une centaine, également dans la matinée, devant l’aéroport d’Entzheim, selon les syndicats. Dans la capitale alsacienne, les syndicats sont mobilisés à la fois contre le plan de restructuration de la compagnie et contre la suppression de la liaison entre Strasbourg et Orly.

Par ailleurs, un CCE se tenait à 2 kilomètres de la manifestation, le premier depuis le 5 octobre. Il a été délocalisé dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris, sous protection de la police, situé à quelque deux kilomètres du Palais-Bourbon. «Un bel endroit pour annoncer des suppressions de postes, un beau symbole», ironise Didier Fauverte, secrétaire (CGT) du CCE. Ce CCE examinait un plan de restructuration menaçant jusqu’à 2 900 emplois en 2016 et 2017. Sa mise en œuvre peut être «évitée» en 2017, mais pas en 2016, des postes seront supprimés, a déclaré le PDG d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, avant le comité. L’annonce de la suppression de 1 000 postes a été confirmée lors du CCE en début d’après-midi.

Les élus du personnel ont voté jeudi «à l’unanimité» le déclenchement d’un droit d’alerte. Un cabinet d’experts sera missionné jusqu’à fin janvier pour interroger Air France «sur la stratégie, le plan de développement et l’emploi», selon Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France.n

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