Dialogue social : une escroquerie et un piège mortel!

Publié le par FSC

Nous vivons une séquence riche d’événements et d'enseignements.

 

En tout cas, le retentissement du positionnement de la CGT boycottant la conférence sociale de ce lundi 19 octobre montre d'une part l'importance des décisions et du positionnement de la CGT -malgré leur campagne sur son affaiblissement- et d'autre part l'importance que les classes dominantes, les médias dominants et l'oligarchie accordent à la mise en scène du "dialogue social. "

 

L'exemple du passage en force dans la fonction publique avec l'annonce de l'application du protocole " parcours professionnels …", malgré l'opposition majoritaire de la CGT et de FO est la démonstration de l'enfumage du dialogue dit social : majoritaire ou pas la position des syndicats est tenue pour nulle et ce sont les décisions préalables du MEDEF et/ou du gouvernement qui s'appliquent en dernière instance.

 

De la même manière que les conditions des "accords "précédents sur l'ANI, la formation professionnelle … et très récemment l'accord sur les retraites complémentaires affichant l'objectif d'un équilibre budgétaire se solde au final par la contribution des salariés actifs et retraités à 95 % du besoin de financement contre 5 % pour le Medef : soit 5,7 milliards à la charge des salariés et retraités contre 300 millions pour le patronat.

 

De la même manière que la volonté affichée de contourner toutes les garanties collectives en renvoyant toute négociation au niveau des seules entreprises, là où le chantage patronal - " Vous acceptez ou on ferme!" est le plus paralysant indique leur détermination à poursuivre leurs politiques d'austérité !

 


 

Voilà donc de manière récurrente depuis des années à quoi aboutissent les accords proposés par le MEDEF, soutenus par le gouvernement et adoubés par la CFDT!

 

Le "dialogue social "est donc un outil majeur dans la panoplie des dispositions visant à l'institutionnalisation des syndicats et à leur neutralisation pour que s'appliquent sans résistance tous les mauvais coups contre les travailleurs.

 

Chantage et " négociations "

 

Sur France inter ce matin P. Martinez fait la distinction entre chantage et négociations.

En appelant à de véritables négociations dont les conclusions pourraient être approuvées par la CGT en fonction des résultats effectifs.

 

Nous approuvons totalement le refus de la CGT de céder au chantage du " Vous acceptez les reculs sociaux contre le soit-disant maintien de l'emploi".

 

C'est en fait la moindre des choses pour une organisation syndicale digne de ce nom et les organisations qui comme la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (les pieds nickelés du syndicalisme)



signent régulièrement les accords scélérats qui entérinent les agressions contre les conquis des travailleurs trahissent tous simplement.

 

Mais tout en refusant de cautionner les opérations d'enfumage du pouvoir et des médias, il faut en même temps cesser d'entretenir des illusions sur la possibilité de négociations loyales en dehors de puissants mouvements sociaux d'ampleur qui modifieraient le rapport des forces avec le patronat et le pouvoir gouvernemental et celui de l'oligarchie!

 

Pour des raisons essentielles :

 

La crise du système capitaliste et la volonté des classes dominantes de préserver leurs privilèges et de les étendre ne laisse absolument aucun espace à la moindre concertation sociale qui pourrait être favorable aux revendications des travailleurs, des sans emploi, des précaires … La construction européenne conçue de A à Z pour et par les firmes transnationales interdit d'ailleurs tout progrès social et toute négociation réelle. Pour paraphraser Jean-Claude Juncker parlant de démocratie : "il n'y a pas de dialogue social contre les traités européens ".

Le " grain à moudre" résultant de la croissance des 30 glorieuses et du rapport des forces de la Libération n'est plus! Pas plus que le donnant-donnant.

C'est par exemple Xavier Broseta le DRH d'Air France qui récemment exprime bien le fond de vérité de la période que nous vivons; il dit en effet, s'agissant des " négociations" dans son entreprise :

 

"Il faut comprendre que convaincre des leaders syndicaux de s'engager dans une négociation qui doit aboutir à ce que des gens travaillent plus pour gagner moins, cela n'a rien d'évident."

 

Là est effectivement la pépite de vérité de l'heure :

 

Le patronat, les classes dominantes, les partis à leur service (PS, droite, FN) sont décidés à remettre en cause TOUS les conquis de la libération (protection sociale, système de santé, code du travail, conventions collectives, système de retraites … ).

La propagande médiatique dominante est entièrement organisée pour faire accepter par l'opinion et les travailleurs cette volonté et les conséquences en résultant à longueur de matraquage télévisé, de diffusion radiophonique ...

 

En conséquence il est totalement inutile ET d'en appeler à la compréhension des décideurs Et de caresser l'espoir qu'une saine raison pourrait enfin les inspirer.

De la même manière qu'il ne sert à rien de les informer de la "menace" d'une possible explosion présentée implicitement comme un danger.

 

NON!

 

Cette illusion de possibles négociations avantageuses pour tous nous semble d'ailleurs davantage liée à l'appartenance de la CGT à la CES qu'aux impératifs de la situation, quand on sait le numéro auquel s'est livré le nouveau secrétaire général,l'italien Luca Visentini, martelant à la question "La priorité des syndicats?, :  "La négociation, la négociation et encore la négociation" !

 

L'explosion du mécontentement populaire n'est une menace que pour les privilégiés du système.

Au contraire l'explosion concomitante et coordonnée du mécontentement des travailleurs constituerait une véritable libération comme en 36, en 68, en 1995 …

C'est donc à cet objectif qu'il faut exclusivement s'atteler.

 

C'est aux travailleurs et exclusivement à eux qu'il faut s'adresser pour montrer qu'en dehors d'une mobilisation TOUS ENSEMBLE il n'y aura aucune espèce d'avancée et qu'au contraire c'est le laminage impitoyable de tous nos conquis qui s'imposera.

 

Rien donc de plus urgent pour l'heure que de contribuer au succès des initiatives de solidarité avec les réprimés d'Air France le 22 octobre devant l'Assemblée nationale et le 2 décembre au moment de leur comparution devant le tribunal.

 

Et rien de plus urgent que l'appui des multiples luttes dans les entreprises dans la perspective d'un TOUS ENSEMBLE qui est la véritable hantise des exploiteurs!

 

 

Le Front Syndical de Classe

19 octobre 2015

 



 

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