Gattaz se lâche!

Publié le par FSC

Gattaz se lâche!

Source : Les Echos interview de P. Gattaz par Leila de Comarmond

 

Pour info afin de bien analyser la stratégie des ennemis du monde du travail afin de la mieux contrer.

Gattaz félicite les syndicats signataires de l'accord sur les retraites : on savait déjà de quel côté les dirigeants de la CFDT penchaient avec l'objectif de devenir le premier syndicat de France pour encore mieux faire avaler les contre-réformes aux salariés.

Et lorsque Gattaz dit "Le problème avec FO et la CGT, c’est qu’on n’est même pas d’accord sur le constat." c'est en parti vrai seulement.

Il s'agit là de ce qu'ils appellent le "diagnostic partagé" pour aboutir aux solutions favorables à leur classe avec l'approbation des centrales syndicales et des travailleurs.

Mais justement -et nous y reviendrons- c'est un enjeu majeur pour combattre les régressions qu'ils tentent d'imposer à partir de la bataille d'idées qui se livre dans l'opinion.

 

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Pierre Gattaz : «La CGT devrait m’accompagner à Shanghai ou Palo Alto»

 

INTERVIEW - Le président du Medef se félicite de l’accord trouvé vendredi sur les retraites complémentaires. Il espère que l’exécutif ira au bout des réformes sur le Code du travail et les accords d’entreprise.
 
Quel bilan tirez-vous de la conférence sociale ?

 

Cette conférence était intéressante car nous avons abordé des sujets économiques comme la Nouvelle France industrielle, le numérique, la transition énergétique et pas uniquement des sujets sociaux. Expliquer ces grandes mutations permet de donner un sens aux réformes indispensables pour notre pays. Par ailleurs, laisser plus de place aux accords d’entreprise par rapport à la loi est une des réponses pour relever ces grands défis. Je regrette juste qu’on n’ait pas parlé de mondialisation.

 
Etes-vous rassuré sur le cap des réformes pour les 18 prochains mois ?

 

J’espère que nous irons au bout de la réforme inspirée par le rapport Combrexelle et au bout de la loi Macron 2 qui sont indispensables pour retrouver agilité et compétitivité. Il ne faut pas que se reproduise le scénario de la réforme du dialogue social où le gouvernement, avec la loi Rebsamen, est resté bien en-deçà de ce qu’il fallait faire.

 
Est-ce la fin du dialogue social, comme l’affirme la droite ?

 

L’accord sur les retraites complémentaires de vendredi montre qu’il existe un dialogue social constructif et réformiste. Cette négociation a été difficile mais on a abouti. Je voudrais d’ailleurs rendre hommage aux trois syndicats qui ont validé l’accord. Ils ont joué un rôle très important et ont été responsables. C’est un signal fort qui montre que le dialogue social peut produire des réformes structurelles. Pendant cette négociation, j’ai eu des moments de doute. Mais maintenant que l’accord est là, c’est un encouragement à continuer.

 
Donc le dialogue avec les syndicats peut fonctionner, sans passer par des référendums auprès des salariés ?

 

Le référendum peut être un outil, un plan B. Mais le plan A reste le dialogue avec les syndicats lorsqu’ils existent ou les représentants du personnel. Pour cela, il faut redonner du crédit à ces représentants et que ceux-ci soient réellement représentatifs du personnel.

 

Vous êtes totalement d’accord avec François Hollande, donc ?

 

Il y a effectivement des choses que je partage. Mais je suis très gêné quand le gouvernement dit qu’on ne touchera pas à la durée du travail, au contrat de travail et au salaire minimum. Il referme immédiatement la porte avant même l’ouverture des débats. L’important, c’est de mettre en place les outils permettant à la discussion sur le terrain d’avoir lieu, au plus près des réalités car chaque entreprise est un cas unique. Nous pourrons ensuite discuter de l’articulation entre accord de branche et accord d’entreprise. Certains secteurs, comme la propreté ou le bâtiment, du fait de leurs spécificités conventionnelles, tiennent à ce que l’accord de branche reste prééminent, il faut en tenir compte, même si pour moi, l’entreprise doit rester le lieu principal de dialogue social.

 

Manuel Valls a évoqué l’idée d’instaurer un chèque syndical pour que ce soit les salariés qui décident du financement des syndicats. Qu’en pensez-vous ?

 

Toutes les solutions sont bonnes à mettre sur la table. Et le tri se fera après. Axa l’a utilisé, je crois que ça fonctionne pas mal. Mais il ne faut pas que ça coûte aux entreprises. C’est vrai pour le chèque syndical comme pour tous les nouveaux dispositifs.

 

Vous qualifiez les signataires de l’accord sur les retraites de « constructifs ». Vous considérez donc qu’on ne peut rien construire avec FO et la CGT ?
 

 

Sur cette négociation, il y a eu des gens qui ont eu le courage et le pragmatisme de chercher un consensus et de le trouver, d’aller au-delà des postures et de la comedia dell arte habituelle. Je dis bravo ! J’aimerais juste que les autres s’interrogent : voulez-vous vraiment créer de l’emploi en France pour vos enfants ? Quand Philippe Martinez propose de baisser la durée légale hebdomadaire à 32 heures et d’augmenter le SMIC, on ne peut pas dire qu’il ait ce souci. Il faut que je l’emmène à Shanghai, Palo Alto, Singapour, Séoul ou plus près, dans la Ruhr, en Allemagne. Et j’emmènerais bien aussi Jean-Claude Mailly. Le problème avec FO et la CGT, c’est qu’on n’est même pas d’accord sur le constat. La France vue de la porte de Montreuil, c’est totalement différent de la France vue du reste du monde. Ils doivent avoir conscience que nous sommes dans une compétition ouverte et mondiale. Or la France a tous les atouts pour réussir si nous acceptons de nous adapter. C’est une chance à saisir.

 

Quelles sont vos inquiétudes sur le compte personnel d’activité ?

 

On parle beaucoup des droits des salariés face aux devoirs des entreprises. J’aimerais que l’on rééquilibre un peu. Il ne faut pas que le besoin d’agilité, de souplesse, de vitesse des entreprises crée de l’angoisse pour les salariés. L’entreprise doit donc cultiver l’employabilité de ses salariés. Si le CPA peut faciliter les transitions professionnelles dans et hors de l’entreprise, c’est bien. Mais une grande majorité de patrons est inquiète car ils craignent que le CPA induise un surcoût et une complexité accrue pour les entreprises. Ce ne serait pas acceptable.

 

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