Soutien à la lutte des enseignants
Depuis des années, les contre-réformes se succèdent dans l’Education nationale, de la maternelle à l’université : destruction du mouvement national des professeurs par Allègre et régionalisation des TOS, lois LRU-Fioraso, « réformes » du lycée et des lycées professionnels, rythmes scolaires, obligations de service, casse de l’Education prioritaire…. Dans tous les cas, les mêmes principes guident la rédaction des projets de loi : fragilisation des statuts, développement du pilotage local et de la concurrence entre établissements, introduction des méthodes du « new public management », appauvrissement des contenus et formatage idéologique des élèves (européisme obligatoire, « culture de l’entreprise » exigée par le MEDEF, anticommunisme amalgamant le Troisième Reich au pays de Stalingrad…), le tout dans un contexte de suppressions massives de postes.
Aucun hasard dans une telle cohérence des attaques : au cœur des politiques éducatives se trouve la stratégie de Lisbonne définie par l’UE en 2000 et qui programme l’application stricte des ambitions du grand patronat européen pour l’école tel que définies par l’UNICE (Medef européen).
La réforme du collège s’inscrit absolument dans cette injonction patronale et avance d’un pas supplémentaire avec la casse des programmes nationaux, l’autonomie locale pilotée par des chefs d’établissement aux pouvoirs étendus, la mise en cause des disciplines, l’attaque contre la langue française sous couvert de disparition du latin, la promotion du tout-anglais, l’alourdissement de la charge de travail pour les personnels tandis que les programmes réduisent les exigences à un « socle commun » et aux « compétences » qui assimilent de plus en plus l’Education à une vaste entreprise de dressage des classes populaires, à l’opposé des objectifs assignés par le CNR et le plan Langevin Wallon articulé autour de « la possibilité effective, pour les enfants français, de bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture la plus développée ». Derrière l’interdisciplinarité au rabais (une vraie interdisciplinarité supposerait des disciplines fortes et du temps pour se concerter), derrière l’AP et les EPI, c'est bien la diminution du nombre d'heures d'enseignement, la baisse du niveau d'exigence scolaire, l'augmentation du nombre d'élèves par classe et à terme l'échec et la déscolarisation pour les enfants en premier lieu desquels se trouvent les plus fragiles socialement… avec la fuite organisée des couches moyennes vers le privé !
L’inquiétude est grande parmi les enseignants de collège, qui comprennent que, loin de l’affichage officiel, c’est tout simplement la casse de l’Education Nationale qui connaît une étape décisive, et derrière elle, celle des idéaux hérités des Lumières, de la Révolution française, de la Commune de Paris et du Front populaire…
Tout doit être fait pour que la mobilisation des enseignants débouche enfin sur un succès, à l’inverse des luttes des années précédentes concernant l’école primaire, le lycée ou le supérieur.
Pour construire un rapport de forces déterminé, la direction de la FSU et de ses syndicats nationaux (principales organisations syndicales de l’Education Nationale) doit cesser d’entretenir l’équivoque ou l’illusion que l’on pourrait composer avec ce gouvernement de combat et se lancer au contraire dans une grande campagne unitaire appelant le Primaire, secondaire, professionnel, supérieur, à converger contre la casse scolaire et Sociale.
Il est nécessaire pour faire converger luttes et consciences de rappeler que se joue aujourd’hui un élément fondamental de l’avenir de la Nation et que s’y retrouvent les mêmes éléments que partout ailleurs : Hôpital, Sécu, transports, culture, industries (une école a minima correspond à un pays sans industrie et sans avenir et à la volonté de créer des générations de salariés précaires et interchangeables), droit du travail, libertés publiques…, c’est tout le pays, et en particulier ses classes populaires et une large partie de ses couches moyennes, qui passe à la moulinette dans le cadre de l’« Union transatlantique » chère à Washington.
Pour gagner vraiment contre le gouvernement, l’UE et le grand patronat, les soutiens et les convergences doivent ainsi s’affirmer dans la mise en cause tous ensemble et en même temps de cette politique qui sacrifie les intérêts du plus grand nombre au nom du profit maximal.
Tous ensemble, développons les convergences pour s’opposer à la casse sociale et ouvrir des perspectives de changement populaire et progressiste !