OUI Laurent Berger trahit les travailleurs!
L'argument massue utilisé par le député socialiste du Val d'Oise Philippe Doucet* opposé à Philippe Martinez ce dimanche sur BFM-TV, se comportant en véritable procureur de la CGT, c'est que si Laurent Berger, « grand syndicaliste » soutient la loi travail c'est que c'est bon pour les travailleurs.
Ou bien ça signifie que la CFDT trahit les travailleurs ajoute-til!
Et donc que le « dialogue social », la signature des accords au lieu de la lutte c'est plus profitable aux travailleurs.
Le cas des retraites
Alors voyons ce qu'il en est en s'en tenant à la seule question des diverses réformes des retraites pratiquement toutes signées, approuvées par la CFDT :
Les dirigeants de la CFDT ont en effet, soit soutenu les contre-réformes, soit trahi les luttes des mouvements s'opposant à elles.
Cela depuis 1993 (réforme Balladur), 1995 où Nicole Notat soutient la réforme Juppé, 2003 où Chérèque retourne sa veste en plein combat et 2010 où le même Chérèque freine des quatre fers.
ET pour quels résultats?
Globalement les contre-réformes successives des retraites au moyen notamment de l'allongement de la durée des cotisations (de 37,5 années à 40 puis 41, puis 42 ...) et de la mise en place des malus ont abouti, ce qui était leur objectif principal à une baisse importante des pensions.
De 15 à 20% selon les cas!
Au point que de nombreux retraités compte-tenu de la modicité de ces pensions sont contraints de reprendre un travail comme sont obligés d'en témoigner par exemple les Echos du 17 octobre 2015
"Selon l’Insee, 452.000 personnes cumulaient emploi et retraite en 2013. pour insuffisance du montant des pensions
La crise joue aussi : selon une étude menée en 2013 par l’Insee, la moitié des retraités qui travaillent sont motivés par le fait que leur pension « ne suffit pas pour vivre aujourd’hui », et 7 % car « cela leur permet de cotiser plus pour améliorer leur retraite de demain »
l’étude Insee de juin 2013 pointait ainsi que 19 % des 50-59 ans affirmaient envisager de travailler pendant leur retraite, dont plus de la moitié (56 %) pour des raisons financières"*
Selon le Figaro du 9 juin 2015 :
"À défaut d'avoir entrepris de clarifier les comptes de l'assurance-vieillesse, les gouvernements, de manière plus ou moins implicites, ont opté pour la dégradation relative de la situation des retraités. Le taux de remplacement (rapport entre le montant de la pension et celui des derniers revenus professionnels) baissera fortement, de 22 % selon le COR d'ici 2060. Le niveau de vie des retraités devrait également se dégrader. Le niveau moyen des retraités se situerait toujours en 2060 entre 75 et 80 % de celui des actifs contre plus de 95 % actuellement. Cette diminution du niveau de vie ne peut que s'amplifier avec le gel des pensions qui est en œuvre depuis 2013 et avec l'augmentation des prélèvements. En outr 452.000 personnes e, avec l'allongement de la durée de cotisation, un nombre croissant de futurs retraités risque d'être soumis à des décotes."
Le soutien de la CFDT aux contre-réformes des retraites a donc abouti à une diminution massive des pensions et à contraindre nombre de retraités à re-travailler au lieu de cultiver tranquillement par exemple l'art d'être grand-père (ou grand-mère) selon le beau poème de Victor Hugo.
Un combat majeur est donc engagé
En soutenant la contre-réforme du pouvoir socialiste les dirigeants de la CFDT appuyés par le pouvoir socialiste, par tous les médias au service de l'oligarchie et par le MEDEF entendent faire prévaloir dans notre pays un syndicalisme d'accompagnement du capitalisme et de soumission aux intérêts des privilégiés, de l'Union européenne …
Et ils se livrent même à une surenchère de crainte que le puissant mouvement qui s'est levé conduise à un recul du pouvoir et par conséquent à un désaveu de leur choix et une démonstration de l'échec de leur orientation de collaboration et de compromission avec le pouvoir politique et le MEDEF.
Et ils ont signé tous les accords de dérégulation du marché du travail et de précarisation comme chez les intermittents par exemple.
Dans ce contexte l'on peut s'étonner que les dirigeants de la CGT et P. Martinez lui-même continuent à épargner la CFDT et Laurent Berger.
"Syndicalisme rassemblé" et appartenance commune à la Confédération Européenne des Syndicats obligent sans doute à cette retenue.
Alors mettons les pieds dans le plat :
Ne pas considérer qu'il s'agit d'une trahison de la part de la CFDT c'est affaiblir le mouvement de lutte parce-que c'est occulter que la CFDT est complice de cette remise en cause du principe de faveur protégeant les accords d'entreprise et donc livrés au chantage patronal comme chez Smart, avant même que la loi soit effective.
Oui la CFDT trahit les luttes d'aujourd'hui et celles d'hier au profit de l'oligarchie, de la commission européenne et de ses injonctions au devant desquelles le pouvoir socialiste se précipite.
Oui seule la lutte, la convergence des luttes, l'enracinement du combat et son extension sont seuls susceptibles de préserver nos conquis et de nous mettre en situation de nouvelles conquêtes pour l'ensemble des travailleurs.
Oui la recherche de l'unité des travailleurs est nécessaire mais pas sur les bases d'un accord avec les orientations actuelles de la CFDT !
Et ne nous laissons pas impressionner par la campagne contre la CGT de tout ce que notre pays compte de réactionnaires et de propagandistes à leurs solde!
Ne nous laissons pas détourner par leur petite musique de diversion selon laquelle la préoccupation de la CGT de garder la première place expliquerait sa « radicalisation » : sous-entendu mensongèrement : « ce n'est pas la loi qui est au centre du conflit ! ».
Renouons franchement avec la CGT de combat qui mène la lutte en bas comme sur le terrain des idées à partir du constat que c'est la détermination actuelle de la CGT de mener le combat jusqu'au bout à partir de la décision démocratique des travailleurs dans les entreprises qui recueille l'approbation de nombreux travailleurs.
Et qui est de nature à renforcer effectivement la CGT.
Ne nous laissons pas impressionner ni détourner de l'objectif qui demeure le retrait de la loi et sa véritable négociation qui écarte les risques de chantage patronal à l'entreprise confortés par la loi elle-même!
Et proclamons fièrement avec le grand Hugo l:
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime ...
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* Pour information Wikipedia :
À la suite de deux plaintes déposées par son prédécesseur à la mairie d'Argenteuil à l'été 2014 pour des faits supposés de favoritisme, complicité et recel de ce délit, trafic d'influence, détournement de fonds publics, et abus de confiance aggravés, une enquête préliminaire est ouverte en janvier 2015 par le Parquet national financier (PNF) sur la gestion de Philippe Doucet entre 2008 et 2014 comme maire d'Argenteuil
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La confrontation P. Martinez / L. Berger sur RTL le 31 mai
Remarques succinctes pouvant être faites à propos du contenu de cet échange :
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Le désaccord à propos de la loi travail demeure, Berger considérant qu'il s'agit d'une loi équilibrée et Martinez considérant que la colonne vertébrale du texte vise à mettre en place une inversion de la hiérarchie des normes qui débouchera sur un dumping social fortement aggravé.
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A la question d'un des journalistes qui anime l'émission affirmant que la conception de la CGT est opposée à celle de la CFDT, P. Martinez éprouve le besoin de corriger en avançant l'idée qu'il n'y a pas opposition mais différence.
C'est là que le bat blesse :
Parce ce à quoi l'orientation de la CFDT vise c'est à l'établissement et à la domination dans notre pays d'un syndicalisme de compromission et de soumission aux intérêts de l'oligarchie et du patronat sous couvert d'adaptation à la modernité.En connivence actuellement avec le pouvoir socialiste totalement orienté à droite.
La preuve immédiate en est encore fournie avec le retrait du mouvement de la fédération CFDT de la SNCF qui renonce à son préavis de grève alors que tout le monde sait bien que l'intervention du gouvernement par dessus la tête de la direction de l'entreprise pour céder sur la réorganisation du travail des cheminots vise à tenter de briser a convergence des luttes contre sa loi.
Et qu'ils vont donc au devant de la manœuvre d'un pouvoir en difficulté distribuant tous azimuts de l'argent pour tenter d'acheter la paix sociale en vue d'imposer contre la majorité du peuple sa contre-réforme réactionnaire.Et il y donc bien opposition irréductible entre cette orientation et les orientations dont la CGT se réclame et a affiché encore récemment lors de son dernier congrès ;
La CGT se bat.
Tout ce que le pays compte de réactionnaires et la social-démocratie pratiquent l'insulte et la calomnie à son encontre.
Mais la CGT doit mettre en cohérence ses orientations : le "syndicalisme rassemblé" de sommet, l'appartenance commune avec la CFDT à la CES sont des obstacles au déploiement d'une intervention pleinement offensive libérant complètement les capacités de résistance du monde du travail.
La persistance à se présenter comme une force de proposition visant à l'établissement d'un dialogue social ne tient pas compte du fait indubitable qu'à la fois l'oligarchie française et les institutions européennes, instruments essentiels sur notre continent d'un capitalisme en crise, n'ont aucune contre-partie à offrir à leur volonté d'imposer la remise en cause de tous les conquis de la Libération.
Et dans cette confrontation sans échappatoire les dirigeants de la CFDT sont bel et bien du côté des exploiteurs.
De cela il faut s'expliquer avec les travailleurs, sans outrance mais en vérité parce-qu'il y va du sort immédiat des travailleurs et effectivement de l'avenir du syndicalisme.
Résister et assumer la double besogne du mouvement syndical de participer à la transformation de la société contre le capitalisme qui mène à l'impasse et au chaos, voilà bien là les tâches de la CGT en conformité avec toute son histoire