Comment en est-on arrivé là ?
Le FSC s'exprimera sur ce qu'il considère comme les tâches essentielles du mouvement syndical dans la situation que nous connaissons.
Au lendemain du débat des primaires de droite opposant Fillon à Juppé au-delà de la rage qui nous saisit dans l'affichage ostentatoire et décomplexé des intentions convergentes des deux finalistes visant à détricoter fondamentalement les conquis de la Libération et du programme du Conseil National de la Résistance une interrogation s'impose :
qu'est-ce qui fait qu'à présent, avant même que le suffrage universel ne s'exprime ils osent proclamer leur volonté de remettre en cause le caractère universel de la sécurité sociale, d'annoncer le licenciement de centaines de milliers de salariés de la fonction publique, un nouveau recul de l'âge ouvrant droit à une retraite complète ... ?
Oui, qu'est-ce qui rend cela possible?
François Fillon a mangé le morceau : il considère qu'il peut faire montre de sa volonté de casser la baraque dans le sens de formidables reculs sociaux pour les travailleurs parce-qu'il considère avoir remporté la bataille idéologique, la bataille de l'opinion.
Et donc de pouvoir désigner mensongèrement le modèle social de notre pays comme responsable des déséquilibres budgétaires, du chômage, du déclassement des classes moyennes
F. FILLON
« Quel modèle social ? Un modèle qui génère 6 millions de chômeurs, 2 millions de jeunes qui ne sont pas à l’école, pas en formation, dans la rue (…) Un modèle social qui se traduit par le déclassement des classes moyennes, qui n’a pas endigué la montée de la pauvreté. »
Et bien sûr si l'opinion admet que c'est le modèle social, c'est-à-dire les conquis sociaux gagnés de haute lutte notamment après la résistance avec le poids décisif d'une CGT à 5 millions d'adhérents et d'un PCF à près de 30% qui est dépassé et responsable des difficultés actuelles du pays, alors évidement l'opinion sera prête à admettre fusse en maugréant la potion amère du charlatan de la médecine sociale François Fillon!
C'est dire aussi que le mouvement syndical en même temps que les nécessaires luttes et résistances pour s'opposer aux licenciements, aux fermetures d'entreprise, à la répression, aux contre-réformes ne peut faire l'économie d'une intervention offensive sur le terrain des idées pour dévoiler le fonds archaïque, réactionnaire et d'intérêts de classe des propositions concrétes qui de surcroît se présentent comme destinées au final à sauver ledit modèle social.
En ne perdant pas de vue que tout l'appareil médiatique est au main de l'oligarchie, service public compris comme on vient de le voir avec la couverture démentielle de la primaire des droites qui va sans doute connaître une suite tout aussi démentielle avec la couverture de la primaire de la "gauche", c'est-à-dire du PS!
Les idées qui sont massivement répandues, reprises, commentées, mises en valeur à cette occasion par les chiens de garde de service étant donc celles du renoncement à tout changement quelque peu radical en faveur des travailleurs et du caractère incontournable et "naturel" des "lois" du capitalisme.
Reste à se donner les moyens matériels et humains de cette intervention indépendante du monde du travail dans les enjeux actuels face à une nouvelle étape de la contre-révolution conservatrice d'un capitalisme en crise profonde!
Et ce n'est pas la poursuite du mirage mensonger d'une "Europe sociale" qui nous mettra en mesure de contrer ces agressions majeures et de passer à une véritable contre-offensive!