LE FRONT REPUBLICAIN ?
Le front républicain” a souvent été à sens unique (au profit des libéraux-conservateurs). Peut-il renaître en 2017 ?
Sous la Cinquième République française, le terme de « front républicain » désigne le rassemblement, lors d'une élection, de partis politiques conservateurs et de “gauche”contre le Front national pour l’empêcher de gagner l’élection. Ce sont essentiellement les partis PS, Radical, Verts et PCF qui pratiquent ce désistement automatique, les forces conservatrices n’ayant que plus rarement appliqué cette tactique.
Le second tour de l'élection présidentielle de 2002 est considéré comme le point culminant de la stratégie de front républicain, elle s’est accompagnée d’un “psychodrame” organisé par les médias et les forces institutionnelles alors même que Jacques Chirac était assuré de gagner l’élection. Si cette tactique du front a permis d’empêcher l’élection d’un petit nombre de candidats du Front National dans des élections locales, elle a entraîné pour le PS, et le PCF, une déperdition d’influence. En occultant tout clivage de classe, en faisant du fraudeur ou du spéculateur l’allié du salarié, cette tactique a dérouté de nombreux salariés. Elle a, aussi, renforcé la propagande du Front National sur “le seul contre tous” et en final n’a pas empêché sa montée en puissance depuis les années 2000.
A partir de 2011, sous l’influence du clan Sarkozy l’UMP avait officiellement renoncé au front Républicain alors que le PS l’a poursuivi notamment aux élections régionales. Aujourd’hui ce front Républicain est réactivé autour d’un ancien ministre de F. Hollande issu de l’appareil d’Etat après un passé dans une banque d’affaires : E. Macron. Il est aussi soutenu par l’ancienne présidente du Medef L. Parisot alors que l’actuel président du Medef soutenait F. Fillon victime autant de son programme anti-social que des affaires. Le ralliement des Républicains est facilité par l’orientation clairement libérale et européiste d’E. Macron.
La situation actuelle est de deux candidats au second tour opposés aux intérêts des travailleurs : Macron qui représente le capitalisme financier et Le Pen qui représente le nationalisme, la division entre les salariés sur une base raciste.
Cette situation négative a été favorisée par les politiques anti-sociales des gouvernements et des principaux partis politiques depuis les années 80.
Le front républicain est un piège qui permet sans doute aux forces qui en bénéficient de gagner plus massivement mais qui renforce le front national sur le plus long terme et ne résout aucun problème.
Jean-Pierre Richaudeau, militant syndical et anti-impérialiste