Laurent Berger en expert conseiller de Macron ... pour tenter de faire passer les contre-réformes !
Toute la configuration politique comme les déclarations des uns et des autres (François Lenglet sur la 2 juste après l'élection de Macron sussurant " Laurent Berger sera un homme clé de la période qui vient") montre que l'oligarchie entend faire jouer un rôle particulier à la CFDT : tenter d'éviter que les contre-réformes, en particulier celle concernant la précarisation accentuée du marché du travail et les droits et garanties des travailleurs (le statut c'est l'ennemi!) ne débouchent sur un puissant mouvement social.
Empêchant ainsi Macron de se présenter comme le grand "réformateur" de nature à rassurer la grande industrie allemande et les dirigeants européens inquiets de voir leur politique et leur domination contestées.
Nous voilà donc prévenu pour réellement créer les conditions pour libérer les énergies populaires et les conditions d'un indispensable et puissant mouvement social!
Au passage, contrairement à Berger si nous ne contestons pas la légitimité de l'élection de Macron (pourtant détestable du point de vue démocratique et institutionnellement relevant beaucoup plus de la monarchie que de la république) nous contestons formellement que son programme ultra réactionnaire aie été légitimé par le vote (vote anti F_haine+ abstentions + blancs et nuls)!
Et nous avons intérêt à ce qu'il échoue car ce serait le signe de la victoire des travailleurs sur ses contre-réformes!
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SOURCE : Les Echos
INTERVIEW - Le secrétaire général de la CFDT met en garde le chef de l’Etat contre une forme de pouvoir trop verticale. Il l’appelle à développer la cogestion dans les entreprises.
Quelle lecture la CFDT fait-elle des résultats de l'élection présidentielle ?
Ce qui frappe, c'est le peu d'enthousiasme après la victoire d'Emmanuel Macron sur le Front national, l'absence d'émotion, contrairement au 21 avril 2002. Cette élection présidentielle révèle plusieurs choses : une formidable attente de renouvellement, mais aussi beaucoup de défiance à l'égard des responsables politiques ainsi qu'un sentiment d'abandon de la part de certains Français. Il y a une sorte de « nihilisme » politique qui s'est exprimé. Trop de Français sont tout simplement « paumés ». La société française est en attente de sens et de décisions « à hauteur d'homme », au service d'un projet collectif et non pas imposé d'en haut. Le nouveau président doit faire attention à sa façon de fonctionner : une forme de pouvoir jupitérien, trop vertical, ne pourrait pas marcher.
La CFDT prend acte de la nomination d'Edouard Philippe. Nous ne choisissons pas nos interlocuteurs. Personnellement, je ne le connais pas. Je ne sais pas quelle est sa conception du dialogue social. Il faudra qu'on le rencontre très vite pour entrer dans le fond des dossiers.
Ce ne sont pas 7 millions de partisans d'extrême droite qui ont voté Marine Le Pen au premier tour, ce sont souvent des Français qui ont l'impression d'être oubliés, à cause d'industries qui sont parties, de services publics qui ont fermé... Quand le premier médecin est à 45 kilomètres de chez vous, vous avez le sentiment d'être abandonné. Il faut sortir de la seule macroéconomie et faire des propositions qui changent réellement la vie de ces citoyens.
Nous devons tous nous demander si nous produisons des idées nouvelles depuis quinze ans. LR, PS... Les grands partis ont manifestement déserté ce champ. Pas nous. A la CFDT, nous sommes à l'écoute des demandes concrètes des travailleurs et dans un monde en forte mutation, nous portons un projet et des propositions.
Emmanuel Macron est arrivé en tête au premier tour et il a obtenu 66 % des suffrages au second. Il est légitime. Il n'y a aucun doute là-dessus. Et personne n'a intérêt à ce qu'il échoue. On ne sait pas ce qui se passerait alors, je pense même au risque d'affrontements violents. Face à une société angoissée, le nouveau chef de l'Etat doit être vigilant sur la méthode. Il n'a aucun intérêt à y aller « à la hache » en déroulant un programme technocratique sans concertation. Ce serait perdant pour le pays et perdant pour lui. Le dialogue n'est jamais une perte de temps. Emmanuel Macron doit se nourrir des réflexions des acteurs et de la diversité de la société.
La CFDT n'est ni une opposante ni une alliée par principe. Mais il faut faire attention à l'empilement. Prenons l'exemple de l'emploi. Ces dernières années, de nombreuses réformes ont été lancées pour lutter contre le chômage : rupture conventionnelle, nouvelles procédures pour les plans sociaux, restauration des marges des entreprises... Je demande qu'une évaluation en soit faite.
Même chose sur les indemnités prud'homales que le président veut plafonner. On a mis en place un barème indicatif, ne faudrait-il pas d'abord mesurer ses résultats ? Nous pensons que le préjudice subi doit être réparé intégralement. J'attends d'ailleurs la démonstration de l'efficacité d'un plafonnement.
En Allemagne, ce qui est efficace, c'est le dialogue social. Quand on parle de souplesse du marché du travail, on cite aussi toujours ce pays en exemple. Mais j'aimerais que le patronat s'inspire de celui d'outre-Rhin également sur la cogestion. Le patronat allemand est moins conservateur que le nôtre. En France, la CFDT a pris le risque de soutenir la politique de restauration des marges des entreprises, mais le patronat ne joue pas le jeu en ne prenant aucun engagement sur l'emploi. Il faut qu'il sorte de la plainte permanente et s'engage réellement dans le dialogue social.
Ordonnance ou pas, ça, c'est une question qui concerne l'exécutif et le Parlement. Nous, c'est le fond qui nous intéresse. Une réforme du Code du travail à elle seule ne va pas créer de l'emploi. Nous croyons au renforcement du dialogue social dans l'entreprise, mais pas dans n'importe quelles conditions. Il faut y renforcer le pouvoir des salariés. Il faut dans le même temps que le socle garanti par la loi en l'absence d'accord reste à un niveau élevé, voire plus élevé qu'aujourd'hui.