BASTIA : La grève de la faim se poursuit à l'Hôpital !

Publié le par FSC

SOURCE : Corse Matin

Carence en cachets, gants et millions à l'hôpital de Bast

Un sourire, une ferme poignée de main ou un geste amical pour témoigner leur soutien. Hier samedi, dans le hall de l'hôpital de Falconaja, ils étaient nombreux à saluer  "la détermination" des membres du personnel CGT, en grève de la faim depuis dimanche. À se mobiliser à leurs côtés pour faire réagir le gouvernement sur "l' urgence absolue" à intervenir. En somme, à leur demander d'ouvrir la vanne pour déverser de précieux millions qui font tant défaut au bon fonctionnement du service public.

"Urgence, gravité", des termes qui ont ponctué hier de nombreuses conversations entendues dans les couloirs empruntés par des agents hospitaliers comme des usagers mobilisés. "Parce que nous serons tous peut-être un jour malades ou parce qu'un de nos proches aura besoin d'être soigné dans de bonnes conditions, il est important d'être présents."

La grève de la faim se poursuit pour lever 15 millions

La grève de la faim, souvent jugée comme "extrême" est une "action choisie pour donner un mouvement", comme l'a confié Josette Risterucci, l'une des grévistes affaiblie mais combative. Il ne s'agit pas pour ces femmes de s'élever "en martyre.s" mais, à leur façon, de lever le voile sur un problème qui dure et perdure. Une situation de déficit cumulé depuis tant d'années qu'elle en deviendrait presque anecdotique pour les personnes étrangères à la structure hospitalière. Les anonymes avec ou sans blouse, qui se sont mêlés hier au rendez-vous, n'étaient pas venus pour refaire les comptes ou applaudir les discours : ils étaient là pour défendre "l'égalité de soins pour tous", pour parler de carence en médicaments, de la vétusté des locaux, du défaut de matériel.

Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS Corse) était là pour porter la parole des usagers sans rentrer dans les conflits avec la direction de l'hôpital, pour raconter que des patients en post-opératoire n'ont pas eu la possibilité d'être soulagés avec des anti-douleurs car l'hôpital n'en disposait plus ou que d'autres "ont dû se passer cet été de chimiothérapie car les produits n'avaient pas été réglés aux fournisseurs", souligne Danielle Franceschi, présidente d'A Salvia, la plus ancienne association d'usagers parmi les 22 regroupées sous le nom CISS de Corse. Hier, son rôle était aussi de rappeler que les 3 millions promis par l'ARS (Agence régionale de la santé) étaient déjà prévus dans le cadre du fonds d'intervention régional (FIR). Raison pour laquelle le CISS Corse demande le déblocage d'une enveloppe immédiate de 15 millions euros pour commencer à régler les dettes aux fournisseurs, qui avoisineraient les 29 millions euros. Un discours que Josette Risterucci tiendra à son tour en insistant sur "des budgets déficitaires votés depuis deux ans", alors que l'hôpital détient une dette de 50 millions.

Lorsque la réalité comptable ne parvient plus à rétablir les vérités, place aux cas concrets. "Trois blocs opératoires ont été fermés durant l'été, des consultations annulées", insiste la syndicaliste. Lorsque le mégaphone se coupe, que la conférence est terminée, la foule se disperse et la parole se libère. "J'ai dû courir dans tous les services pour trouver des masques à haute concentration en oxygène, vous imaginez ?" Une autre réagit : "Le Samu travaille sans géolocalisation. Tu parles de retard. Et souvent, les écrans d'ordinateur s'arrêtent dans la salle de régulation." Plus loin, une autre conversation marquée par la même angoisse manifeste. "Ce qui se passe est très grave. Cet été, nous avons évacué des personnes pour de simples fractures car nous ne pouvions pas les opérer ici. Il est même parfois difficile de trouver de simples gants.. ." On apprend aussi que des draps peuvent faire office de... rideaux de douche.

Tous sont membres du personnel, attachés à différentes fonctions et services. Aucun ne veut témoigner sous son nom mais tous ont tant de choses à raconter. "Comme ces médecins intérimaires payés à prix d'or, alors que nous n'avons ni le matériel, ni les moyens de payer des médecins qui ont envie de s'investir pour l'hôpital de Bastia."

Ils sont inquiets et ne décolèrent pas : "Ce sont des vies qui se jouent par manque de moyens humains et financiers." La suite ? Ils ne sauraient prédire quel pourrait être le bon scénario pour débloquer la situation et donner "une chance" à Falconaja. Les grévistes ont déjà annoncé qu'elles refusaient "le chantage" du ministère de la Santé qui réclame la fin de la grève pour lancer les négociations. La CGT imagine pour sa part une grande manifestation populaire forcément politique, temps électoral oblige. Et après ? Lorsque les fournisseurs seront payés, combien restera-t-il à mettre sur la table  ? Combien faudra-t-il encore de temps pour combler le gouffre ?

En attendant, dans le hall de l'hôpital, elles ont continué hier la grève de la faim, sous surveillance médicale. Face à elles, des patients comme des familles ont pris la plume pour coucher des encouragements sur le grand livre de soutien posé sur la table des grévistes.

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