SUICIDES à l' l'Hôpital : ses personnels malades des contre-réformes

Publié le par FSC

Et les mesures prévues par la ministre de la santé de nouvelles amputations budgétaires de l'hôpital (plusieurs milliards d'euros) qui vont améliorer la situation.

Mille raisons pour les personnels de toutes catégories et les usagers, la population pour s'engager dans des luttes qui redonnent à l'hôpital et au système de santé la place qui doivent être les leurs : soigner sans être soumis au diktat de la finance et à ses représentants au pouvoir et dans les hôpitaux!

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SOURCE : Paris Match

C’est le suicide d’un éminent professeur en 2015 qui, peu à peu, délie les langues. Face aux restructurations autoritaires et aux guerres de pouvoir, certains osent enfin briser le silence et porter plainte. Des témoignages effrayants pour l’avenir de l’hôpital public.

Me Christelle Mazza 
Avocate spécialisée dans la souffrance au travail dans la fonction publique, elle reçoit de plus en plus de praticiens anéantis.

Paris Match. Vous avez été saisie du suicide du Pr Mégnien à l’Hôpital Pompidou en 2015. Quelle en était la cause ?


Me Christelle Mazza.

Ce brillant cardiologue de 54 ans s’est donné la mort sur son lieu de travail après avoir longtemps dénoncé des propos et des comportements répétés qui ont détruit sa carrière et sa santé. Après ce choc, une vague de ­suicides sans précédent a suivi à ­l’hôpital. Le passage à l’acte du Pr Mégnien est en cours d’information judiciaire. Deux juges d’instruction ont été désignés au sein du pôle santé. La manifestation de la vérité prend du temps en matière de harcèlement moral car les ressorts sont pervers et donc dissimulés.

Depuis quand les médecins vivent-ils cette souffrance morale à l’hôpital ?


Depuis environ huit ans. La loi HPST de 2009 (hôpital, patients, santé et territoire), mise en place par Roselyne ­Bachelot sous la présidence Sarkozy, a modifié le mode de gouvernance et de financement de l’hôpital.

De quelle façon ?


Il y a d’un côté les équipes de soins, de l’autre la direction administrative. Cette dernière met en place les politiques managériales dictées par le ministère : restrictions budgétaires, restructuration des services. Les deux pôles s’affrontent en permanence.

Avant cette loi, qui s’occupait de la direction de l’hôpital ?


Les médecins avaient plus de pouvoir. Mais Nicolas Sarkozy a voulu “un seul patron à l’hôpital” en nommant un directeur. L’institution doit être rentable à tout prix.

Ces directeurs ne sont-ils pas formés au management ?


Ce sont de purs administratifs, comme ceux des grandes écoles formant les cadres de l’administration. Ils ont une connaissance du droit de la santé et de l’univers médical mais sont avant tout des chefs d’entreprise.

 

Cette loi de 2009 est passée quasiment inaperçue…


Non, les hospitaliers se sont insurgés contre cette intrusion des technocrates. Ils se sont opposés aux équipes de direction qui s’immiscent dans leur art médical, qui raisonnent en nombre de lits, en tarification à l’acte. Si un directeur estime que le service de certains praticiens est moins rentable que d’autres, il leur donne moins de budget et ferme ce service. Il a le pouvoir de nommer les médecins ou de les suspendre, sans contrôle, favorisant les luttes claniques.

L’hôpital multidisciplinaire tel que nous le connaissons tend donc à disparaître ?


L’Etat n’a plus les moyens de son service public. Certains estiment que l’hôpital ne sera plus composé que de la maternité et de la gériatrie, les deux bouts de chaîne, naissance et vieillesse, ainsi que des urgences. L’intermédiaire va basculer dans le privé, à l’image du système anglo-saxon. Les personnels comme les usagers n’ont pas été préparés à cette révolution. C’est pourtant une lame de fond qui agit depuis dix ans. Et la souffrance au travail en est l’expression la plus forte.

La rentabilité ne fait-elle pas partie du service public ?


Pas en médecine. C’est une hérésie. Comment oser dire : “Toi, tu as un cancer un peu métastasé, tu n’es pas prioritaire.”

Le système de santé était-il obsolète ?


Pas du tout ! On a des centres de recherche et des secteurs dont l’innovation est reconnue dans le monde entier. Certes, des services devaient être réformés, en lien avec l’évolution des besoins, mais le gouvernement a imposé brutalement sa volonté de réforme. En outre, côté médical, on favorise une course à l’élitisme. La figure charismatique du professeur des universités-­praticien hospitalier (PU-PH), au sommet de la hiérarchie, et les usages féodaux d’un autre temps perdurent. Le PU-PH a le pouvoir d’écraser celui qui est trop brillant, surtout en fin de carrière, pour rester le référent. Inversement, le vieux chef de service qui aura tout transmis va se faire dégager par son élève. Quant au directeur omnipotent, il peut casser un service pour le donner à son protégé et asseoir ainsi son pouvoir au sein de l’établissement. Cette lutte clanique brise la chaîne humaine d’une équipe médicale. Le harcèlement moral entre médecins est terrible, dû à leur formation, très concurrentielle : dès la première année de médecine, ils doivent se positionner dans des systèmes de parrainage. Ensuite, leurs propos restent d’une grande cruauté quand ils intègrent l’hôpital qui devient un bassin de moqueries, d’humiliations et d’isolement, intenables pour qui ne joue pas le jeu.

Depuis la loi de 2009, les langues se sont-elles déliées chez les médecins concernant leur mal-être ?


Leurs demandes d’arrêt maladie sont récentes : la souffrance s’exprime enfin ! Ces professionnels, habitués à la douleur et à la mort, ne vont pas spontanément consulter un confrère pour ne pas afficher leur vulnérabilité. Ils préfèrent s’automédiquer. Mais ils commencent à le faire pour ne pas se transformer en bombes à retardement le jour où ils décompenseront. Depuis le suicide du Pr Mégnien, d’autres médecins sont venus me voir, puis des professionnels de santé et des équipes de direction, dont des agents des administrations centrales. Il y a une explosion des cas. Le vrai manager à l’hôpital, c’est l’Etat ! Mais on ne s’attaque pas à lui comme à un simple chef d’entreprise…

Quel dossier de harcèlement avez-vous récemment traité ?


Le cas d’une infirmière qui lance une alerte sur le dysfonctionnement de son service. Persécutée par sa chef puis en arrêt maladie, elle a eu droit à onze expertises médicales ! Or le dossier est vide, tout s’est construit sur des rumeurs qui ont détruit sa réputation. Nous attaquons l’hôpital mais les procédures sont longues et le système judiciaire, engorgé, n’est pas conscient de cette violence morale qui mène au suicide.

Sans doute parce que le suicide est multifactoriel ?


Le principe même du harcèlement moral est de pousser l’autre à s’autodétruire. L’année dernière, il y a eu plusieurs suicides d’infirmiers. La réponse habituelle : la personne était trop fragile. Mais qui l’a rendue fragile ? On ne peut pas mourir au travail !

Existe-t-il un effet d’entraînement ?


Oui, c’est une sorte d’épidémie, comme chez les adolescents en crise identitaire. C’est l’effet Werther. En milieu hospitalier, on constate une forte identification à la souffrance des autres face au silence de l’institution qui fait passer à l’acte ceux qui sont en pic de vulnérabilité. Ils se disent : “Je vais mourir pour être entendu. Pour exister.” Il s’agit bien d’une fragilité collective.

Pourquoi ne peut-on pas endiguer ce phénomène ?


Par manque de connaissance de l’arsenal juridique, on n’applique pas les textes. Tout est géré par les arrêts maladie. Isolés chez eux, les médecins perdent leurs compétences et développent des symptômes post-traumatiques qui les empêchent de travailler à nouveau. Priver un médecin de soigner, c’est le tuer. De plus, la compartimentation du service public fait que le dossier est renvoyé d’un service à l’autre pour l’étouffer.

Que faut-il changer, alors ?


Au même titre que le conseil des prud’hommes pour le privé, il faut un tribunal de la fonction publique. L’Etat doit être reconnu pénalement responsable. Sinon l’impunité générale crée les comportements les plus tordus.

Il n’y a aucun chiffre global sur le nombre de suicides au travail, ce qui banalise les faits…


Absolument ! Le 8 mars dernier, une infirmière s’est suicidée. Aussitôt, un agent hospitalier très méritant s’est lui aussi donné la mort par arme à feu car il a revécu sa propre souffrance au travail. Personne n’en a parlé. Un urgentiste chevronné a été brisé par un jeune médecin qui a monté les équipes les unes contre les autres pour le dégager. Plans machiavéliques, fabrication de fautes. Mon client a dû laisser sa place au jeune pervers et en reste anéanti.

Qu’est-ce que le harcèlement d’un point de vue juridique ?


Il est différent du burn-out, un épuisement lié à une charge de travail trop lourde. La toxicité du harcèlement provient de manipulateurs. Très intelligents, ils tordent la réalité, instrumentalisent leurs équipes avec charisme et sang-froid. Ils créent un noyau pervers et leurs bras armés vont sévir sur les victimes désignées. Le centre de ce noyau est intouchable. On n’a pas les moyens de prouver qui est le donneur d’ordre. Dans le corps médical, comme il y a beaucoup de rivalités, les directeurs ont les moyens de les attiser pour redorer leur image. Ce “harcèlement institutionnalisé”, je me bats pour le faire reconnaître. Car il signifie qu’on ne peut pas faire de rupture conventionnelle et partir se reconstruire ­ailleurs. On est dans une sujétion à l’Etat. C’est sur elle que je m’appuie quand je plaide. J’ai assisté à une explosion de cas en 2010. Depuis, je reçois plus de vingt appels par jour ! J’ai plus de 400 dossiers à gérer sur les trois versants de la fonction publique : l’Etat, le territoire et l’hôpital.

 

Mépris, humiliations : un sadisme institutionnel

Chaque fois qu’on séjourne à l’hôpital, on en ressort impressionné par le dévouement et l’efficacité des soignants. Justesse des diagnostics, précision des analyses, habileté des chirurgiens, des anesthésistes et des équipes, contrôles et précautions multipliés… endurance de tout le monde. Levés aux aurores, mobilisables à tout instant en cas d’urgence, de défection, l’amour du travail, de l’aide apportée prime sur le bien-être personnel. Certains vous le résument : sauver une vie, guérir, apporter un mieux-être méritent toutes les fatigues. Combien vaut cette abnégation ? En 2009, le gouvernement Sarkozy, par le biais de sa ministre Bachelot, n’a pas daigné évaluer cet inestimable trésor. Préférant casser des complexes hospitaliers, certes gigantesques, ils ont balayé les principes les plus élémentaires de gestion humaine, confirmant par là le mépris et l’arrogance des énarques. Interpellée, Roselyne Bachelot ne nous a pas répondu.

Pourtant, les médecins, chirurgiens, soignants étaient tous d’accord : « Les contraintes budgétaires qui pèsent sur la santé obligent à se poser la question du rendement de la production des soins, d’une qualité préservée à un coût raisonné », admet une directrice de soins. Tout le monde était prêt à œuvrer d’un même élan pour rationaliser, économiser. Mais pas question de se lancer dans des coupes sans interroger les premiers concernés, les médecins – et, soit dit en passant, les malades, moi, nous, victimes collatérales de ce gâchis !

Devenus seuls décisionnaires au sein de l’hôpital, les directeurs se sont cru tout permis

« Les soignants n’ont plus qu’un rôle consultatif, relégués au rôle d’exécutants », explique cette cadre qui énumère : « Fermeture de lits, suppression de postes, manque de secrétaires, changement de poste sans préavis… » Sans parler des luttes de pouvoirs.

A ce stade de maltraitance, c’est à se demander si ces administratifs soudain grisés par le pouvoir n’opèrent pas une vengeance sur les « mandarins » d’autrefois ! Vu l’unanimité des plaintes, on peut s’interroger : « La communication entre la direction et les soignants, quand elle n’est pas rompue, fonctionne la plupart du temps sur un mode agressif, méprisant et humiliant. » Que conclure ?
 

Catherine Schwaab

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TEMOIGNAGES
« Une équipe soudée, un savoir-faire reconnu, efficace, la directrice a tout détruit »

Marianne Dutot, chirurgien

« Je suis chirurgien en hôpital depuis dix ans. Le harcèlement commence lorsque je passe chef de service, il y a deux ans. La directrice, nommée en 2012 par le ministère de la Santé grâce à la loi Bachelot pour appliquer des restrictions budgétaires, missionne des collègues pour faire mon travail. Elle m’attaque verbalement. Puis elle affiche son mépris pour tout le corps médical, s’adresse sur le même ton autoritaire à chaque médecin, impose la fermeture d’un tiers des lits de médecine polyvalente… sans concertation ! Les urgences sont engorgées, nous souffrons d’une pénurie d’anesthésistes. La directrice n’entend rien de nos arguments et menace encore de supprimer des postes. Impossible de lui faire part de nos projets d’amélioration des services. Nous n’aurions “pas la hauteur de vue suffisante” pour les mener à bien ! Elle ment à l’Agence régionale de santé qui sollicite justement nos projets, affirmant que nous n’en avons aucun !

Je décide de fuir cette situation toxique

A cette descente aux enfers s’ajoute le comportement agressif de la cadre infirmière du bloc opératoire, de connivence avec la directrice. Peu à peu, je vacille. Mais je suis bien entourée par ma famille. En juin dernier, je décide de fuir cette situation toxique. Je me mets en disponibilité de la fonction publique pour travailler dans une clinique privée. Un déchirement pour moi, élevée dans le culte du bien public, qui ai reçu une formation médicale extraordinaire, comme tous mes confrères, et qu’une directrice maltraite comme si nous étions des sous-hommes. Pourtant, par notre savoir-faire reconnu, en dix ans nous sommes passés dans cet hôpital de 300 à 1 500 actes par an. Nous formions une équipe soudée, stable, une vraie famille. Elle a tout détruit. »

 

Florence Caradec, infirmière en néonatalogie

« Infirmière depuis douze ans dans les services de néonatalogie de Trousseau et Robert-Debré, j’intègre il y a deux ans l’équipe d’un hôpital de province, touché comme les autres par les restrictions. Or, on n’a pas vocation à faire de l’argent mais à soigner des bébés ! Dans ce contexte délétère, mon cadre infirmier me convoque un jour de décembre 2016, à 13 heures, alors que je viens de faire une garde de nuit. Dans son bureau, la cadre supérieure du service est là. Etrange. Devant elle, d’une voix froide, il m’accuse de trafiquer le planning sur son ordinateur pour gagner plus d’argent et plus de temps. Une attaque injuste, offensante, pour asseoir son autorité ! Il continue à me démolir par une pluie de menaces : “On ne peut pas vous faire confiance, on va vous révoquer de la fonction publique, vous ne ferez plus jamais votre travail…” Un cauchemar. Je réussis à prononcer : “Mais ce n’est pas moi !”

Et dire que jusque-là cet homme clamait que j’étais “le meilleur recrutement de sa carrière” ! Souffler ainsi le chaud et le froid, c’est une violence morale. Je repars en pleurs de cet entretien, j’informe l’équipe de ce que je viens de subir puis je suis arrêtée une semaine. Mon cadre infirmier en profite pour semer le doute dans l’esprit de mes collègues, évoque ma malhonnêteté comme un fait avéré. La rumeur enfle dans les couloirs. Quand je reviens pour assurer les semaines de Noël, le personnel m’observe en silence. J’ai honte, je rase les murs.

J’ai envie de me jeter par la fenêtre

En janvier 2017, à l’idée de retourner travailler, j’ai envie de me jeter par la fenêtre. Heureusement, penser à mes deux enfants de 4 et 5 ans m’en empêche au dernier moment. Mon généraliste me place en arrêt maladie pour dépression de janvier à août 2017, avec un lourd traitement. En juillet, devant mon désespoir, mon mari me pousse à déposer plainte contre ce cadre infirmier pour harcèlement moral. Quand Me Mazza m’assure que ma dignité doit être défendue en justice du fait de l’inertie de la direction de l’hôpital, je me sens enfin mieux. Cette action judiciaire, je l’entreprends au nom des infirmières qui sont encore entre ses griffes. Ses méthodes perverses sont connues mais il est protégé par l’institution. En septembre, je décide de m’installer en libéral. Depuis, je prends le temps qu’il faut avec mes patients et je revis. »

Laurie Darmon, 45 ans, directrice des soins en hôpital public

« Depuis cinq ans, je fais partie de la direction administrative d’un grand hôpital parisien. En tant que directrice des soins, j’encadre le personnel paramédical. Je travaille en binôme avec une coordinatrice et je suis sous les ordres du directeur de l’établissement. Quand j’arrive à ce poste, je ressens une hostilité entre les deux. Moi aussi, je suis dans le collimateur du directeur mais indirectement ; c’est la coordinatrice qui subit sans cesse ordres et contre-ordres, ce qui la pousse à partir pour dépression.
En même temps que son poste, celui du directeur devient également vacant. Arrive une coordinatrice remplaçante issue directement du siège de l’hôpital. Dès le premier jour, elle m’assène : “Je suis ici pour opérer un changement radical dans l’organisation de la direction des soins.” Sous le choc, je lui réponds : “Comme j’en suis la responsable, vous allez donc m’exclure ?” Pas de réponse.

Perverse, elle me pousse à la faute

Pendant six mois, je vis l’horreur sous la pression de son management autoritaire et omnipotent. Elle critique systématiquement les résultats de mes missions. Perverse, elle me pousse à la faute. Elle s’en prend également à d’autres membres du personnel, jusqu’à mener l’un d’eux au désespoir, et peut-être à sa mort ! Il m’est interdit d’en parler mais je fais tout de même remonter cette information préoccupante à ma hiérarchie. Entre-temps, un nouveau directeur d’établissement est nommé. Il décide de ne pas reconduire cette coordinatrice dans sa fonction. Mais elle a quand même le temps de faire mon évaluation annuelle d’octobre et se venge : moi qui ai toujours eu d’excellentes appréciations, elle me sous-évalue parce que j’ai dénoncé ses sombres agissements. C’en est trop, je craque. Je demande alors à rencontrer le nouveau directeur afin qu’il rétablisse avec plus de justesse mon évaluation. Sa réponse, abrupte : “Prenez rendez-vous avec la direction du siège !” S’ensuit un silence méprisant qui m’humilie. Je me sens indésirable.

Je souhaite plus que tout voir ma dignité rétablie

Puis tout s’enchaîne : mes missions spécifiques sont rayées de l’organigramme de la direction. Je ne reçois donc plus les ordres du jour par mail. Je n’ai plus le droit de siéger au comité de direction. Personne ne me tient au courant des prises de décision. Je suis une paria qui a enfreint l’omerta. Finalement, le directeur de l’établissement me reçoit une seconde fois pour m’annoncer, sans explication : “Je ne souhaite plus vous garder, je n’ai pas confiance dans la direction des soins.” Cela fait déjà neuf mois. Je me sens inutile. Obligée de travailler – je suis fonctionnaire et ne peux être virée –, je me contente des missions d’ordre général, la boule au ventre. Je suis suivie par un psychiatre car j’ai besoin qu’on écoute ma détresse. Deux directeurs sont déjà partis à cause de ce chef d’établissement. Un autre vit le même harcèlement que moi. On se soutient comme on peut. J’ai demandé une « protection fonctionnelle » afin qu’on ne me nuise pas jusqu’au procès, que je voudrais intenter contre lui.

Je souhaite, plus que tout, voir ma dignité rétablie en étant réintégrée dans une équipe de direction. Pour cela, il faudrait modifier ma mauvaise évaluation, seul moyen d’exercer dans un autre hôpital public. Je ne lâcherai pas prise, j’ado

 

Publié dans SANTE

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