SNCF : les inquiétantes déclarations de Laurent Berger
L'unité syndicale réalisée par les cheminots pour faire face à la casse de la SNCF par le pouvoir est incontestablement positive.
Car le pouvoir joue la division à la fois entre organisations et entre les cheminots et les usagers.
Les médias ont mis les projecteurs sur les formes d'action choisies par l'intersyndicale : une grève perlée étendue sur 3 mois en la présentant comme une innovation bien qu'elle ait des précédents dans le mouvement ouvrier.
Ce choix relève exclusivement de la responsabilité des syndicats de cheminots et des cheminots eux-mêmes dans le combat dans lequel ils s'engagent.
Mais la convergence des luttes qui se profile en ce 22 mars et l'absolue nécessité de contrer la volonté de Macron d'infliger à la Thacher, au travers des cheminots une défaite à la classe ouvrière et aux travailleurs, tout cela fait que l'issue de ce mouvement concerne tous les travailleurs.
Une question demeure donc : qu'est-ce qui fonde l'unité du mouvement de résistance à la contre-réforme de la SNCF , autrement dit quel est l'objectif que le mouvement se fixe, et tout le monde est-il bien d'accord avec cet objectif ?
Car tout flou, toute absence de clarté et de précision à cet endroit ouvrirait largement la porte précisément aux manœuvres de division de Macron ... ou à des trahisons.
La déclaration commune de l'intersyndicale du 15 mars ne dit rien de cet objectif.
C'est la déclaration commune antérieure au 15 mars dans une lettre adressée à la ministre des transports, Élisabeth Borne, qui précise ce que l'intersyndicale des cheminots conteste :
• La transformation des EPIC du groupe public ferroviaire en sociétés anonymes, même sous la forme de sociétés à capitaux publics garantis, dont les motivations ne nous semblent pas crédibles et qui préfigure le lancement d’un processus de privatisation ;
• La filialisation de Fret SNCF sous la forme d’une société anonyme, alors même qu’après des restructurations considérables, la situation économique actuelle de cette activité est directement liée à l’absence de volontarisme de l’Etat en faveur d’un transfert modal ;
• L’absence totale de solution de financement pour maintenir les petites lignes ; dans ces conditions l’annonce du Gouvernement de ne pas suivre la recommandation du rapport Spinetta n’est qu’une déclaration de façade ;
• L’absence de solutions concrètes sur le désendettement du groupe public ferroviaire, dont l’hypothèse reste conditionnée à la réalisation par le groupe de nouveaux efforts de productivité et de vente de filiales ;
• La fin du recrutement au statut et l’objectif de réduire son contenu pour ceux qui continueraient à en bénéficier.
Laurent Berger : le danger d'un compromis séparé
Mais là où le bât blesse c'est l'expression récente d''un Laurent Berger dont on connaît la propension à donner son accord à de soit-disant "compromis donnant-donnant" qui en réalité flinguent les conquis des travailleurs.
C'est ainsi que sur RTL, le 16 mars dernier à la question de l'ouverture de la SNCF à la concurrence il répond :
" La concurrence elle arrive elle est est là. Le problème ce sont le conditions de sa mise en oeuvre".
Et à la question du changement de statut juridique de l'établissement public en société anonyme il ne s'y oppose pas et demande simplement des éclaircissements.
Cette attitude pose deux questions essentielles :
elle contredit la plate-forme d'accord de l'intersyndicale des cheminots qui est opposée à la transformation du statut juridique pour la raison simple que ce changement prépare effectivement la privatisation à partir de l'exigence d'ouverture à la concurrence.
elle prépare la division et le lâchage du mouvement par la signature d'un "compromis" séparé avec certaines organisations comme l'anticipe la Matinale du Monde du 5 mars en avançant l'idée que :
Les observateurs les plus avisés pensent qu’une négociation fructueuse sur un futur accord de branche pourrait débloquer la situation.
En effet, une négociation interprofessionnelle sur les conditions de travail
dans la branche ferroviaire qui s’appliquerait à toutes les entreprises du sec-
teur sera enclenchée.
Si elle débouche sur des avantages pas très éloignés du statut de cheminot, les syndicats réformistes pourraient basculer dans le camp du oui.
Derrière les déclarations de L. Berger ce sont les manœuvres de Macron et de son pouvoir qui se profilent : donner l'impression de concessions aux syndicats réformistes pour qu'ils se retirent du mouvement afin que le cœur de la contre-réforme passe : ouvrir la SNCF à la concurrence afin de la privatiser au final et livrer totalement le ferroviaire aux appétits privés.
Le débat sur les formes de la lutte est inséparable du contenu revendicatif et des objectifs que se fixe le mouvement.
La clarté sur ces objectifs est indispensable à la fois pour les cheminots eux-mêmes et pour le peuple dont le soutien est indispensable dans l'affrontement qui se profile.
Ce débat doit être mené en grand, dans la plus grande transparence, sans épargner ceux qui trichent en jouant sur le flou.
Là est la condition d'une véritable UNITÉ de lutte pour stopper la politique régressive et réactionnaire tous azimuts de Macron et consorts.
Le FSC