Suicide à l’hôpital : la CGT incrimine la direction de l’AP-HP
SOURCE : Pourquoi Docteur
- Par Diane Cacciarella
“Nous avions déjà alerté la précédente ministre, Marisol Touraine. Ça fait des années que ça dure. La situation est pire que celle que France Télécom a connue à ses heures les plus sombres,” a expliqué Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et membre de la CGT, sur Europe 1 hier.
La semaine dernière, une technicienne de laboratoire s’est suicidée à l’Hôtel Dieu, un hôpital de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP). C’est le cinquième suicide au sein de l’AP-HP depuis le début de l’année.
Cette laborantine d’une trentaine d’année était en arrêt maladie depuis juillet 2017. Elle avait enchaîné les contrats à durée déterminée (CDD) pendant toute sa carrière. L’annonce du non-renouvellement de l’un d’entre eux, à l’hôpital Bicêtre, avait motivé sa première tentative de suicide en 2016.
our le non-paiement de ses heures supplémentaires, elle avait saisi le tribunal administratif. Et tout cela, sans titularisation. “Elle avait alerté pour dire qu’elle allait passer à l’acte et souhaitait que son suicide serve à quelque chose. Elle voulait faire savoir ce qu’elle avait subi,” développe Christophe Prudhomme.
Pour dénoncer la précarisation des conditions de travail dans l’AP-HP, la CGT va solliciter l’inspection du travail afin d'ouvrir une enquête. “C’est intolérable ce que l’on subit, les plans d’économies, une attitude du directeur général (Martin Hirsch) qui est méprisante, qui a chaque fois qu’il y a un suicide explique que ces personnes avaient des problèmes, poursuit Christophe Prudhomme. On souhaiterait à un moment que Martin Hirsch soit condamné, qu’il assume ses responsabilités”
C’est la politique mise en place par Martin Hirsch qui est fustigée. En février, la direction de l’AP-HP avait annoncé un plan d’économies. Parmi les principales mesures, le gel de 0,5% de la masse salariale prévu en 2018 est vivement critiqué par les syndicats. Selon eux, cela équivaut à 600 emplois à temps plein.
Après ce nouveau suicide, l’AP-HP a rapidement publié un communiqué afin de présenter ses condoléances et son soutien à la famille de la victime. Une occasion de rappeler que celle-ci s’apprêtait à consulter une psychologue de l’AP-HP à l’hôtel Dieu, quand elle est passée à l’acte.
Ainsi, l’AP-HP pense se dédouaner et met en avant les procédures mises en place pour prévenir les suicides. Reste qu’en 2017, neuf agents de l’AP-HP se sont suicidés selon le syndicat Sud Santé.