Les chiens de garde en action
EXTRAITS d'un article du Vent se Lève :
La surprise viendrait à la rigueur de cette presse « progressiste », et de ces personnalités médiatiques « de gauche« , dont on aurait pu attendre un minimum de sympathie vis-à-vis des grévistes, et un minimum de défiance à l’égard de ces réformes qui, selon toute probabilité, fragiliseront encore les plus fragiles. Jean Quatremer, le grand-prêtre de la religion européiste qui hante régulièrement les colonnes de Libération, homme « de gauche » devant l’Éternel s’il en est, douche ces espoirs d’un tweet acéré.
Pour info Quatremer est un partisan acharné de l'Europe fédérale
et sévit sur de nombreux plateaux qui le font passer pour un "rebelle"
Le ralliement des élites de gauche et de droite au pouvoir macronien
Proclamer au monde ses « valeurs de gauche » à chaque fois que l’on ouvre la bouche, tout en soutenant avec emphase le gouvernement d’Emmanuel Macron ? C’est tout à fait possible selon Bernard-Henri Lévy. Le sémillant écrivain estimait ce 1er avril sur France Inter que le Président de la République s’inscrit dans la « trace réformatrice du Front Populaire« , mais aussi dans une « généalogie de gauche » dans laquelle on trouve entre autres « mai 68« . Illégitime, la colère de la France d’en-bas à l’égard d’un Président héritier du Front Populaire et de mai 68 ? Pas tout à fait. L’indignation des travailleurs français est parfois justifiée ; les moyens qu’ils emploient ne le sont jamais lorsqu’ils impliquent une entrave à la liberté d’autrui. En plus d’être illégitime, la grève est inefficace ; car comme le fait remarquer l’éminent Raphaël Enthoven, les progrès sociaux sont le produit des lois, jamais des luttes.
Pour être tout à fait honnête, tout cela n’est pas vraiment une surprise non plus. Cela fait plusieurs décennies que le clivage entre presse « de gauche » et presse « de droite » s’est érodé, jusqu’à devenir totalement invisible sur une bonne partie des enjeux socio-économiques – de la même manière qu’il a plus ou moins volé en éclats à l’Assemblée nationale. La « gauche » médiatique a subi la même évolution que la « gauche » politique. Entre Jean Jaurès et Jérôme Cahuzac, il y a un gouffre similaire à celui qui sépare Émile Zola, figure médiatique de gauche du XIXème siècle qui se rendait dans les mines pour dénoncer l’exploitation des ouvriers, et Pierre Arditi, figure médiatique de gauche du XXIème siècle, qui se vantait il y a peu d’être « très désagréable » à l’égard des chauffeurs de taxi qui avaient l’outrecuidance de ne pas lui ouvrir la portière… Que le journal fondé par Jean-Paul Sartre soutienne le gouvernement d’Emmanuel Macron avec autant de fermeté qu’il soutenait, jadis, ceux de Pol Pot et de Mao Zedong, ne surprendra donc pas ceux qui ont assisté à la lente marchandisation de Libération, dont l’apogée fut le rachat de son capital par Édouard de Rothschild en 2005.