MARSEILLE : plusieurs milliers dans la rue à l'appel de la CGT des partis et associations progressistes
La preuve que la convergence syndicats/partis peut s'effectuer au profit des mobilisations et sans que cela affecte l'indépendance des uns et des autres et sans récupération d'aucun côté.
Une convergence que le pouvoir craint si l'on en croit les aigres commentaires.
Le leader des Insoumis a battu le pavé main dans la main avec la CGT et plusieurs syndicats et partis politiques à l'occasion du défilé « Stop Macron ».
Jean-Luc Mélenchon a appelé « rompre la cloison » entre politique et syndicats et à faire l'unité « dans tout le pays » contre Emmanuel Macron, en défilant samedi à Marseille aux côtés de la CGT et d'autres syndicats et partis de gauche. Ce défilé marseillais « Stop Macron », à l'initiative notamment de la CGT, mais ouvert aux autres organisations, s'est élancé vers 14 h 30 depuis le Vieux-Port, rassemblant plusieurs milliers de personnes. La CGT en a dénombré 58 000, et la police 6 000.
« Ce sont les syndicats qui ont pris l'initiative d'une mobilisation et qui ont appelé les organisations qui voudraient s'y joindre à le faire. Il m'a semblé que c'était quelque chose d'exemplaire (...) je souhaite que ça puisse être reproduit dans tout le pays », a déclaré Jean-Luc Mélenchon. Le député des Bouches-du-Rhône, qui voulait faire de ce défilé une démonstration du dépassement des dissensions à l'intérieur de l'opposition de gauche à Emmanuel Macron, et d'unité avec les syndicats, y avait invité les dirigeants du PCF Pierre Laurent, de Génération·s Benoît Hamon et du NPA Olivier Besancenot.
Finalement, étaient présents dans le carré de tête, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, des responsables départementaux de la CGT, de la FSU, de Sud, de l'Unef ou du PCF et d'Attac, ainsi que l'ancien candidat NPA à la présidentielle Philippe Poutou. « Ce qui se déroule, ici à Marseille, c'est une bonne rupture de la cloison entre le mouvement social et l'action politique. (...) Clairement, dans le pays, il y a une volonté d'envoyer un message “stop” à Macron », a ajouté le leader de L France insoumise.
Postiers, cheminots, étudiants, différents mouvements opposés au gouvernement se sont fondus dans le cortège, dont la CGT et La France insoumise constituaient le gros des troupes. « Le problème de l'unité et de la convergence est posé depuis le début. Pour faire reculer le gouvernement, il faut être des millions dans la rue, il faut combattre ce qui nous divise. Il faut arrêter les conneries », a déclaré de son côté Philippe Poutou. Même ton du côté de la CGT : « On va continuer à mettre du monde dans les rues, on va continuer à développer les grèves, les luttes, partout dans les entreprises », a promis son secrétaire dans les Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu.
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LIBERATION :
A Marseille, une manif laboratoire de la convergence des lutte
Mélenchon parti rejoindre ses troupes de la France Insoumise en queue de cortège, ce sont les cheminots provençaux qui ont ouvert la marche, suivis par d’autres mécontents du gouvernement : retraités, postiers, enseignants… Longtemps à la traîne par rapport à d’autres facs en lutte, les étudiants marseillais veulent désormais se faire entendre. «Jeudi, on a bloqué le campus et depuis, on occupe un bâtiment, explique Marie-Alice, étudiante du cortège. L’administration de la fac a reporté tous les cours. Pour l’instant, on ne sait pas trop ce qui va se passer lundi.» Vendredi, les étudiants ont reçu un soutien de poids : les agents portuaires CGT, réunis en AG, ont voté une motion de soutien à leur lutte.
«On dénonce la montée en puissance de la répression dans ce pays : depuis cinquante ans, on n’a pas vu ça, martèle Pascal Galeoté, délégué CGT des agents du port, eux aussi en marche ce samedi dans Marseille. En tant que salariés de ce pays, on ne peut pas rester spectateur. On a donc déposé un préavis de grève et si d’aventure, les policiers interviennent dans les facs du département, s’ils tentent de les déloger, nous serons en grève et aux côtés des étudiants.»
Pourquoi attendre, alors que tous martèlent la nécessité de lutter ensemble ? «Il y a une forme d’inertie au niveau de la confédération, reconnaît Pascal Galeoté. Bien sûr que c’est compliqué, on n’est pas tous au même niveau de lutte selon les métiers, les régions. Mais il y a actuellement plusieurs foyers qui ne demandent qu’à se propager. Ce qui se passe aujourd’hui doit servir de référence, ça doit se faire de partout et chaque responsable syndical doit prendre ses responsabilités.»
Dans la foule, quelques applaudissements et cris de joie surgissent : Philippe Poutou, ancien candidat du NPA à la présidentielle, est lui aussi du cortège. Lui aussi aimerait bien que la base s’emballe sans attendre la décision d’en haut. «On est encore dans des réflexes boutiquiers, notamment à la CGT, déplore-t-il. Martinez, il a pourtant l’expérience des défaites. Il faut tirer les leçons et jouer l’unité.» L’unité, c’est encore le mot d’ordre pour le prochain rassemblement interprofessionnel, prévu le 19 avril partout en France, avant un nouvel appel à défiler le 5 mai.