Qui sont les privilégiés ?

Publié le par FSC

L'ouvrier de Ford couvert par une convention collective, le cheminot à 1500 euros par mois (à peine le SMIC en début de carrière), le prof débutant à 1300 euros, l'infirmière de l'hôpital, les personnels des Ehpad, les surveillants de prison, les salariés de Carrefour, les éboueurs, les retraités à 1000 euros de pension ou moins...

Depuis des semaines, les médias officiels déversent leurs tombereaux d’ordures, d'insultes et de désinformation pour tenter de juguler la colère populaire qui monte dans le pays.

Croyant pouvoir utiliser la vieille révolte française contre les privilèges, ils cherchent à diviser la masse des salariés, travailleurs, retraités, étudiants en opposant les diverses catégories entre elles : chômeurs/actifs, retraités/actifs, public/privé, salariés/travailleurs ubérisés....

Après les salariés du privé bénéficiant d'un code du travail trop protecteur, après les retraités qui peuvent bien faire un geste en acceptant sans broncher la hausse de la CSG, après les « chômeurs-fraudeurs », c'est au tour des fonctionnaires et des cheminots d'être une fois de plus ciblés et il n'est pas une émission sans un expert grassement payé pour expliquer horrifié l'énormité des privilèges des cheminots et appeler à soutenir les contre-réformes Macron au nom de la justice sociale !

Vous pensez donc ? Un salaire bien inférieur à 2000 euros, quel privilège ! Une retraite à 56 ans pour des conducteurs de train dont l'attention doit être soutenue et qui dorment plus souvent qu'à leur tour loin de chez eux, quel privilège !

Le problème est que ces arguments martelés jusqu'à l’écœurement et la désinformation proprement totalitaire sont en train de se retourner contre leurs auteurs et contre le pouvoir. Exactement comme lors de la campagne du référendum contre la constitution européenne en 2005.

Car la France du monde du travail sait bien que les cheminots comme les fonctionnaires font du mieux qu'ils peuvent, qu'ils déploient une énergie colossale à faire fonctionner leurs services dans des conditions dégradées, qu'ils ont, à niveau de qualification égal, des salaires inférieurs à ceux du privé mais qu'ils ont choisi leur profession pour servir l'intérêt collectif. Elle sait que les privilégiés ne sont pas là.

Les vrais privilégiés, ce sont ceux qui commanditent les contre-réformes Macron et au-delà toutes les directives européennes dont les projets actuels ne sont que le copié-collé.

Les vrais privilégiés, ce sont les « journalistes » et autres « experts » payés une fortune pour vomir sur les ondes leur haine de classe. Les vrais privilégiés, ce sont tous ceux qui gagnent, grâce à l'exploitation du travail, plusieurs salaires de cheminots par heure ; ce sont tous ces « premiers de cordée » à qui Macron s'est empressé d'accorder la suppression de l'impôt sur la fortune. Les vrais privilégiés, ce sont les amis de ce président banquier, les Rothschild, les Arnault, les Bolloré, les Niel, les gros actionnaires, les grandes entreprises du CAC 40 qui mènent ouvertement leur guerre contre le monde du travail et les acquis qu'il a su conquérir par ses luttes.

 

Alors oui, le peuple de France depuis plus de deux siècles est saisi par la « passion égalitaire » et la haine des privilèges.

C'est ce qui explique le retournement sous nos yeux et le soutien de plus en plus massif de « l'opinion » en faveur des cheminots et des mouvements de grève. C'est ce qui explique que plus de la moitié des français juge nécessaire un nouveau mouvement social comme en 1968.

Alors oui, face aux vrais privilégiés qui cassent le pays et ses acquis populaires, refusons les fausses divisions. Etudiants, chômeurs, retraités, salariés du privé, fonctionnaires, cheminots, infirmières, travailleurs de la propreté, ouvriers délocalisés… nous sommes tous des travailleurs attaqués par le pouvoir des privilégiés.

Et ce n'est que tous ensemble que nous allons pouvoir gagner en ce printemps 2018 contre les contre-réformes Macron et rouvrir enfin une perspective de progrès social et de changement de société appuyée sur le refus des privilèges par le peuple travailleur de France.


Front Syndical de Classe, 5 avril 2018

 

 

 

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