Décès du grand penseur marxiste Samir AMIN

Publié le par FSC

Un grand militant et un penseur original vient de nous quitter.

Le plus grand hommage qui puisse lui être rendu : rester fidèles à ses principes et valeurs, participer à la diffusion de ses travaux, contribuer au développement et à l'enrichissement de son oeuvre!

Ce qu'il disait dans un article récent de juillet 2016(en annexe) sur la souveraineté nationale et l'union européenne intitulé La souveraineté nationale : à quelles fins ? :

 

...Les choses ont-elles changé avec la construction de l’Union européenne (UE) ? Le discours européen le prétend et légitime de la sorte la soumission des souverainetés nationales au « droit européen », exprimé au travers des décisions des organes de Bruxelles et de la Banque centrale européenne (BCE), en vertu des traités de Maestricht et Lisbonne. La liberté du choix des électeurs est elle-même limitée par les exigences supranationales apparentes de l’ordolibéralisme. Comme Mme Merkel le dit : « ce choix doit être compatible avec les exigences du marché » ; au-delà il perd sa légitimité.

...

Gardons-nous cependant de réduire la défense de la souveraineté nationale aux seules modalités du « nationalisme bourgeois ». Cette défense s’avère tout autant nécessaire pour servir d’autres intérêts sociaux que ceux du bloc capitaliste dirigeant. Elle sera alors étroitement associée au déploiement de stratégies de sortie du capitalisme et d’engagement sur la longue route au socialisme. Elle constitue une condition incontournable d’avancées possibles dans cette direction. La raison en est que la remise en cause effective de l’ordolibéralisme mondial (et européen) ne sera jamais que le produit d’avancées inégales d’un pays à l’autre, d’un moment à l’autre. Le système mondial (et le sous-système européen) n’a jamais été transformé « par en haut », par le moyen de décisions collectives de la « communauté internationale » (ou « européenne »). Les évolutions de ces systèmes n’ont jamais été autre que le produit de changements s’imposant dans le cadre des Etats qui les composent, et de ce qui en résulte concernant l’évolution des rapports de force entre ces Etats. Le cadre défini par l’Etat (« nation ») demeure celui dans lequel se déploient les luttes décisives qui transforment le monde.

 

 

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Ce qu'en disent les médias :

 

"UN BAOBAB EST TOMBÉ" : SAMIR AMIN, LE THÉORICIEN DU DÉVELOPPEMENT INÉGAL, EST MORT

Le professeur Samir Amin, directeur  du Forum du Tiers Monde, est décédé dimanche 12 août 2018 à Paris à l’âge de 87 ans.

« Marx n'a jamais été aussi utile », disait Samir Amin, qui fut sans conteste l'un des esprits les plus lucides du vingtième siècle dans la critique du système capitaliste mondialisé. Pour lui la logique capitaliste du profit entraîne la destruction des bases de la reproduction de la vie sur la planète. Cette critique fondamentale s'accompagnera tout au long de sa vie d'une analyse sans concession des rapports de domination entre le centre, les pays capitalistes développés, et la périphérie, le Tiers-monde. 

 Professeur agrégé de sciences économiques, Samir Amin,  né au Caire en 1931, formé à Paris dans les années cinquante, a bouleversé le monde de l’économie du développement avec son immense livre intitulé: « Le développement inégal. Essai sur les formations sociales du capitalisme périphérique, Paris, Éd. de Minuit »,  paru en 1973 et analysant  les modes de production tributaire à la périphérie et le mode de production capitaliste au centre. Cet ouvrage majeur  le propulse dans le champ antimondialiste qui deviendra deux décennies plus tard, l'altermondialisme. Grand défenseur des jeunes nations africaines, ce précurseur a toujours concilié son travail universitaire avec un engagement militant. Conseillé du gouvernement malien de 1960 à 1963, il fonde à Dakar, l'Institut africain de développement économique et de planification. Il participa aussi à la création, d'Enda-Tiers Monde, l'une des premières ONG africaines. Pour lui il faut redéfinir l'ordre mondial basé sur le capitalisme financier et supprimer ses institutions comme l'OMC, le FMi et la Banque mondiale. Une pensée dense et radicale qui a inspiré plusieurs générations d'économistes africains. 

UNE PERTE POUR LE MONDE DE L’ÉCONOMIE ET LES CERCLES PROGRESSISTES DU NORD ET DU SUD.

«Un Baobab est tombé», écrit le professeur Saliou Sy de l’Ecole de Dakar en hommage à l’économiste  franco-égyptien qui résidait au Sénégal depuis plus de 40 ans.

"L’HÉRITAGE DE  SAMIR AMIN DOIT ÊTRE FRUCTIFIÉ"

 
Pour Patrick Le hyaric, dirceteur de l'Humanité : "Il est toujours difficile de sécher ses larmes et de se rendre à l’évidence. Nous ne verrons plus Samir Amin. Samir portait l’humanisme en son cœur et dans ses actes. D’une grande gentillesse, il savait toujours encourager. Il appelait sans cesse à se dépasser au service des autres, au service de l’émancipation humaine. Il portait toujours avec lui  au profond d’une voix douce charriant la Méditerranée les combats des peuples du Sud qu’il reliait sans cesse avec ceux du nord dans un même combat pour un autre monde. Il était un économiste autant qu’un philosophe, un penseur autant qu’un acteur. De tous les forums du sud de Sao-Paolo au forum sociaux mondiaux, il avait contribué à lancer le forum pour un autre monde que nous avions lancé au détour des années 2000. Il mettait sans cesse la pensée de K Marx à disposition pour aider à comprendre et agir, pour unir et relier les combats.  Les apports de sa pensée pour comprendre le monde sont immenses et ont profondément marqué les combats pour une autre mondialisation.
Samir était un véritable ami de L’Humanité. Toujours disponible pour donner un point de vue. Toujours là au moment des souscriptions auxquelles il a beaucoup versée. Toujours là aux fêtes de L’Humanité sur la scène dans les débats  comme parmi les participants apportant d’un œil vif des éclairages enrichissant pour toutes et tous. Nous pleurons  un bel  ami au cœur empli de tendresse un frère de combat.   
Il nous laisse un formidable héritage à faire fructifier." 
 

"LA FORCE DE SA PENSÉE ET SA GRANDE UTILITÉ TENAIENT À SA LUCIDITÉ"

 
"Avec le décès de l’économiste franco-égyptien Samir Amin, vient de disparaître un  des grands intellectuels marxistes de notre époque, un camarade fraternel et un ami.", réagit son éditeur Francis Combes. "Samir a publié six livres aux éditions Le Temps des Cerises. Nous avons édité ses analyses théoriques sur la Loi de la valeur mondialisée, sa critique du Virus libéral, son étude sur de la Crise du capitalisme sénile. Il nous avait aussi confié ses livres sur l’Éveil du sud  et sur les Communistes dans le monde arabe, tout un pan de l’histoire contemporaine dont il fut non seulement un observateur attentif mais un acteur, car Samir alliait la théorie et la pratique. 
La force de sa pensée et sa grande utilité tenaient à sa lucidité, au fait qu’il avait un point de vue vraiment mondial (et non euro-centré) sur le capitalisme et à ce qu’il n’a jamais renoncé à l’engagement aux côtés des peuples dans la lutte contre l’impérialisme. Il animait le Forum du Tiers monde,  de Dakar. Et il a pris une part active dans de nombreuses initiatives collectives pour faire renaître une perspective progressiste et révolutionnaire. Dans un bref livre qu’il nous avait confié, c’est lui qui a lancé l’idée (reprise par Chavez) de la nécessité d’une Cinquième Internationale, dans l’esprit de la Première. Ses réflexions sur la longue transition vers une société socialiste nous sont précieuses. Il continuera d’être à nos côtés et nous continuerons de nous appuyer sur ses travaux et travaillerons à les diffuser... "
 

LES INTERNATIONALISTES QUE NOUS SOMMES SE SENTENT AUJOURD'HUI UN PEU ORPHELINS

« Je perds un ami pour lequel j'avais le plus grand respect et une profonde estime, écrit Pierre laurent, le secrétaire national du PCF dans un communiqué :
"De celui qui voua son existence aux mises en mouvement populaires qui visent à transformer le monde, nous communistes français voulons saluer la mémoire et l'intelligence, les actions, la générosité et l'énergie toujours renouvelées.
L'existence entière de Samir fut tendue vers le seul objectif de l'émancipation humaine et sociale ; à libérer le genre humain du capitalisme, et des logiques de domination et d'exploitation que sont le colonialisme, l'impérialisme, le patriarcat, les fascismes et nazisme, l' « occidentalisme », la xénophobie et la guerre. Militant des luttes anticoloniales et pour l'indépendance des peuples du « Tiers Monde », Samir était pour moi un internationaliste par excellence qui a tout autant contribué à briser le joug des aliénations sous toutes leurs formes.
Samir Amin fut sa vie durant un intellectuel en constant mouvement qui nourrissait ses travaux et prises de position d'expériences concrètes, d'expérimentations politiques et sociales, d'écoute et d'échanges. 
Auteur d'une œuvre marxiste prolifique qui continuera longtemps de faire référence, Samir a formé plusieurs générations de chercheurs et de militant-e-s d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine, d'Europe et d'Amérique du nord en favorisant leurs contacts et dialogues autour d'objectifs communs, en particulier au sein du CODESRIA, établi à Dakar. »
 
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Âgé de 87 ans, Samir Amin avait beaucoup écrit sur le droit, la société civile, le socialisme, le colonialisme et le développement, particulièrement en Afrique et dans le monde arabe.

L’économiste franco-égyptien Samir Amin est décédé dimanche à Paris à l’âge de 87 ans. Théoricien des relations de domination Nord-Sud, du marxisme et du maoïsme, il était l’une des figures de proue des mouvements altermondialistes.

Il s’est éteint «après une brève période de perte de mémoire causée par une tumeur au cerveau et des souffrances», a écrit l’économiste sénégalais Chérif Salif Sy sur le réseau social LinkedIn, soulignant que «le monde a perdu un grand penseur et militant».

«La pensée économique contemporaine perd une de ses illustres figures», a affirmé le président sénégalais Macky Sall lundi sur son compte Twitter, présentant ses condoléances «au nom de toute la nation» et saluant un homme qui a «consacré toute sa vie au combat pour la dignité de l’Afrique, à la cause des peuples et aux plus démunis».

Samir Amin a beaucoup écrit sur le droit, la société civile, le socialisme, le colonialisme et le développement, particulièrement en Afrique et dans le monde arabe. En 1973, il a notamment publié Le Développement inégal: Essai sur les formations sociales du capitalisme périphérique. En 1997, dans le Monde diplomatique, il s'en prenait à l'idée d'une économie «pure», qui commençait à s'imposer : «Imagine-t-on une médecine qui voudrait reconstruire le fonctionnement du corps humain à partir des seuls éléments fondamentaux dont il est constitué — les cellules — en ignorant l’existence d’organes comme le coeur ou le foie ? Fort heureusement pour notre santé physique, les médecins n’ont pas fabriqué une médecine "pure".»

Né au Caire en 1931, formé à Paris dans les années 1950, Samir Amin a travaillé de 1957 à 1960 dans l’administration égyptienne du développement économique puis au sein du gouvernement malien, avant d’être nommé professeur aux universités de Poitiers, Dakar et Vincennes, selon le site des éditions de Minuit.

En France, sa mémoire a été saluée par les communistes français : «Les internationalistes que nous sommes se sentent aujourd’hui un peu orphelins», a déclaré Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, dans un communiqué. Il a rendu hommage à un «militant des luttes anti-coloniales et pour l’indépendance des peuples du "Tiers Monde"», qui a «contribué à briser le joug des aliénations sous toutes leurs formes».

Bibliographie (extrait) : 

* L’Égypte nassérienne, sous le pseudonyme de Hassan Riad (Minuit, 1964). 

* Trois expériences africaines de développement. Le Mali, la Guinée et le Ghana (Presses universitaires de France, 1965). 

* L’Économie du Magreb. Tome I : La colonisation et la décolonisation ; Tome II : Les Perspectives d’avenir (Minuit, 1966, 2 vol.). 

* Le Développement du capitalisme en Côte d’Ivoire (Minuit, 1967). 

* Le Monde des affaires sénégalais (Minuit, 1969). 

* Le Magreb moderne (Minuit, 1970). 

* L’Afrique de l’Ouest bloquée. Économie politique de la colonisation. 1880-1970 (Minuit, 1971).

* Histoire économique du Congo, 1880-1968, avec Catherine Coquery-Vidrovitch (Anthropos, 1970). 

* L’Accumulation à l’échelle mondiale. Critique de la théorie du sous-développement (Institut fondamental d’Afrique noire, Dakar / Anthropos, 1970 ; nouvelle édition, 1988). 

* Le Développement inégal. Essai sur les formations sociales du capitalisme périphérique (Minuit, 1973). 

* L’Échange inégal et la loi de la valeur (Institut fondamental d’Afrique noire, Dakar / Anthropos, 1973 ; nouvelle édition revue et corrigée, 1988). 

* Collection d’études sur le développement économique et social, avec J. C. Saigal, Peter A. Cornelisse (NEAS, 1973). 

* La Question paysanne et le capitalisme, avec Kostas Vergopoulos (IDEP / Anthropos, 1974). 

* La Crise de l’impérialisme, avec Alexandre Faire, Mahmoud Hussein et Gustave Massiah (Minuit, 1975).

* L’Impérialisme et le développement inégal (Minuit, 1976). 

* La Nation arabe. Nationalisme et luttes de classes (Minuit, 1976).

* La Loi de la valeur et le matérialisme historique (Minuit, 1977).

* Classe et nation. Dans l’histoire et la crise contemporaine (Minuit, 1979).

* L’Économie arabe contemporaine (Minuit, 1980).

* L’Avenir du maoïsme (Minuit, 1981).

* Accumulation, dépendance et sous développement. Sociétés précapitalistes et capitalisme, avec André Gunder-Franck (Anthropos, 1981). 

* L’Avenir industriel de l’Afrique, avec Alexandre Faire, Daniel Malkin (L’Harmattan, 1981). 

* Irak et Syrie. Du projet national à la transnationalisation, 1960-1980 (Minuit, 1982).

* La Déconnexion. Pour sortir du système mondial (La Découverte, 1986). 

* La Méditerranée dans le monde. Les enjeux de la transnationalisation, avec Yachir Fayçal (La Découverte, 1988). 

* L’Eurocentrisme. Critique d’une idéologie (Anthropos, 1988). 

* Impérialisme et sous-développement en Afrique (Anthropos, 1988). 

* La Faillite du développement en Afrique et dans le tiers monde. Une analyse politique (L’Harmattan, 1989). 

* L’Empire du chaos. La nouvelle mondialisation capitaliste (L’Harmattan, 1991). 

* Les Enjeux stratégiques en Méditerranée (L’Harmattan, 1992). 

* L’Ethnie à l’assaut des nations. Yougoslavie, Éthiopie (L’Harmattan, 1992). 

* Itinéraire intellectuel. Regards sur le demi-siècle, 1945-90 (L’Harmattan, 1993). 

* Afrique et monde arabe, échec de l’insertion internationale, avec Hakim Ben Hammouda, Bernard Founou-Tchuigoua (L’Harmattan, 1995). 

* La Gestion capitaliste de la crise. Le cinquantième anniversaire des institutions de Bretton-Woods (L’Harmattan, 1995). 

* Les Défis de la mondialisation (L’Harmattan, 1996). 

* Critique de l’air du temps. Le cent cinquantième anniversaire du manifeste communiste (L’Harmattan, 1997). 

* USA, l’hégémonisme des États-Unis et l’effacement du projet européen (L’Harmattan, 2000). 

* Au delà du capitalisme sénile. Pour un XXI° siècle non-américain (Presses universitaires de France, 2002). 

* Le Virus libéral (Le Temps des cerises, 2003). 

* Le Monde arabe. Enjeux sociaux, perspectives méditerranéennes, avec Ali El Kenz (L’Harmattan, 2003). 

* Pour un monde multipolaire (Syllepse, 2005). 

* Crise de l’eurocentrisme (Le Temps des cerises, 2005).Fac

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V
That certainly should get demanding not to mention small children the simplest way it is actually! That problem is without a doubt realistic!
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