CONGRES de la CGT : premiers échanges et vote du bilan d'activité reflet de la critique de l'orientation suivie !
Ce mardi 14 mai est marqué par les premières interventions dont de nombreuses interventions critiques sur le bilan d'activité des 3 dernières années et plus largement et globalement sur la stratégie confédérale.
Le rapport d'activité des trois dernières années de la CGT, dirigée par Philippe Martinez, a été approuvé mardi 14 mai à 70,96% des suffrages exprimés (359.492 voix), loin des scores obtenus par Bernard Thibault, une partie des militants critiquant la ligne confédérale, ont constaté des journalistes de l'AFP. Ce score ne prend pas en compte les abstentions, comme le prévoient les statuts de la CGT. En prenant en compte l'abstention, le rapport a été approuvé par 60,07% des votants.
Parmi le millier de militants présents au congrès de la CGT à Dijon avec ces mandats de vote, 29,04% ont voté contre (147.138) et 15,34% (91.797) se sont abstenus, ce dernier score d'abstention pouvant être interprété comme une critique de la politique menée par la direction.
En 2016, au lendemain du scandale sur le train de vie de l'ex-dirigeant Thierry Lepaon, 68,7% avaient voté pour le rapport d'activité, 31,3% contre et 14,1% s'étaient abstenus. Philippe Martinez était alors secrétaire général de la CGT depuis un peu plus d'un an.
Les scores de 2019 et 2016 sont bien inférieurs à ceux recueillis par Bernard Thibault, secrétaire général de 1999 à 2013, avec 82% des suffrages exprimés en 2006, 77,3% en 2009 et 87% en 2013 (avec 6% d'abstention).
Dans la matinée, juste avant ce vote qui a valeur de test pour Philippe Martinez qui doit être reconduit en fin de semaine, une trentaine de militants se sont exprimés à la tribune pour notamment critiquer la décision de la direction de ne pas s'associer au mouvement des "gilets jaunes". "Si nous n'avons pas les mêmes problèmes, c'est ensemble que nous les réglerons quand même", a déclaré Nicolas Lepain (Bourges).
QUELQUES EXEMPLES d'INTERVENTION
La représentante de la SCOP-TI ex Fralib soulignant leur victoire contre une puissante multinationale, faisant la preuve de la capacité des travailleurs de diriger une entreprise et leur détermination de ne pas se détourner du combat pour le changement de société.
William du secteur éducation et de l'Union locale de Tourcoing faisant part de l'engagement dès le départ aux côtés du mouvement des gilets jaunes. Le principal animateur du rond-point concerné, salarié de Nord auto se rendant dès le 19 à l'UL pour y adhérer, forte preuve des possibilités de convergence et que c'est dans ce sens sans prévention qu'il faut aller [ forts applaudissements de la salle].
Arnaud de la fédération des transports qualifie la CFDT de "syndicat d'entraide patronal", tandis que Laurent Brun qui préside la séance se fait siffler par la salle pour avoir tenté d'endiguer ce type de critique.
Isabelle du CHU de Lille rappelle à son tour après d'autres que l'enjeu ce n'est pas d'aligner des sigles et logos syndicaux dans des appels MAIS de rassembler les travailleurs visant à l'arrêt général de la production, dénonçant le mal que les organisations réformistes font aux salariés et plaidant pour un appel du congrès à l'action.
Jean-François de la FAPT appelle lui à bloquer la réforme annoncée des retraites, tandis que Marie du syndicat des artistes et interprètes fait part de la nécessaire remise en cause de l'orientation à l'égard des gilets jaunes en faisant remarquer que l'action d'éclat à l'occasion de la cérémonie des Molière a été concertée avec la CGT.
François du CHU de Rouen plaide lui pour un langage clair, net et offensif face à Macron insistant face aux arguments d'être force de proposition que toute avancée passe d'abord par la défense des conquis!
Pascal des ports et docks invite à cesser d'être dans le simple constat, pour une ligne claire et une stratégie visible et sous les applaudissements révèle le succès de l'action pour empêcher el chargement des armes françaises à destination de l'Arabie saoudite dans sa guerre contre les populations civiles du Yemen!
Amandine de Haute Loire, secteur santé : quel bilan des luttes contre les lois travail, la privatisation de la SNCF? Etre plus réactifs et chercher les convergences avec les gilets jaunes, délaissons le syndicalisme de bureau et d'accompagnement!
Ce qui domine donc au travers de ces interventions, c'est donc un jugement critique sur le bilan, la volonté de tirer les enseignements sur les échecs des mobilisations de ces dernières années, la recherche d'une efficacité dans la lutte et la construction des convergences en bas, l'accent étant mis dans de nombreuses interventions sur la nécessité de changer de cap et d'orientation.
Et là on butte sur un problème : le déni confédéral de la mutation qui a eu lieu dans les années 90. Mutation qui pour être admis dans le club pro union européenne, pro- marché a consisté à accepter le ralliement au "dialogue social" au "syndicalisme rassemblé" type CFDT, à quitter la FSM à s'intégrer toujours davantage dans un processus d'institutionnalisation nous éloignant des préoccupations et revendications des travailleurs sur le lieu même de leur exploitation.
La réaffirmation dans son intervention de Philippe Martinez confondant la nécessité de ne rien lâcher face à la remise en cause de TOUS les conquis ET la poursuite de la stratégie des années 90 n'étant pas de nature à redresser réellement une situation dégradée pour la CGT;
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Ph. Martinez
"Nous revendiquons plus que jamais un syndicalisme de classe car (...) le monde est bien divisé en deux camps. Celui du capital et celui du travail",a-t-il lancé lors de son discours d'ouverture. "Il n'y a aucune raison de changer de ligne. On ne lâche rien !
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Le débat doit donc se poursuivre et sur le bilan et sur la nécessité de changer de stratégie!