52e congrès CGT ; le dépit des Echos !

Par Leïla De COMARMOND
Au troisième jour du 52e congrès de la CGT, la majorité des délégués réunis en congrès à Dijon a voté un amendement réintégrant une référence à la Fédération syndicale mondiale, ancienne internationale syndicale communiste trustée par les syndicats de dictatures. Contre l'avis de la direction confédérale.
Un sujet bien loin des préoccupations des salariés mais à l'enjeu très politique : c'est pour partie sur cette question que Louis Viannet puis Bernard Thibault avaient commencé à concrétiser l'ouverture de la CGT, avec en 1995 le départ de la Fédération syndicale mondiale (FSM) puis en 1999 l'entrée dans la confédération européenne des syndicats (CES) et en 2003 celle dans la Confédération syndicale internationale (CSI).
Calme étonnant
L'offensive sur le sujet, au programme de ce mardi, a débouché sur un camouflet pour Philippe Martinez. Un amendement réintroduisant la FSM dans les écrits de la CGT, a en effet été voté et bien voté contre l'avis de la direction confédérale.
L'après-midi avait démarré dans un calme étonnant. Les interventions traditionnelles de représentants de la CES et de la CSI, en tribune, honnies par les conservateurs protestataires de la CGT, suscite d'ordinaire des sifflets plus ou moins nourris. Les interventions de leurs représentants, ce mercredi en début d'après-midi, se sont faites dans un calme olympien. Une trentaine de cégétistes a bien chanté l'Internationale et sifflé, mais… Hors de la salle pour que « ceux qui veulent écouter [leurs interventions] puissent le faire ».
Amendement habile
Cela s'est nettement corsé ensuite, lorsque la discussion du document d'orientation, fixant la ligne de la confédération pour les trois ans à venir, a démarré. Plusieurs partisans de la FSM ont défendu au micro l'idée d'y entrer en tant qu'observateur. L'amendement soumis au vote par les opposants a cependant été habile car moins clivant : il s'agissait de préciser que la CGT devait « rechercher constamment l'échange et l'unité avec toutes les organisations syndicales possibles, affiliées ou non à la CES et la CSI », comme déjà écrit, mais aussi « la FSM ». Une modification à laquelle la direction confédérale s'est opposée.
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Le problème est qu'il y a eu confusion au moment du vote, certains pensant se prononcer sur le premier sujet et d'autres le deuxième. S'en est suivi un flottement qui est tombé au moment d'une pause, du coup allongée. La direction confédérale a ensuite fait procéder à un nouveau vote sous les huées… Mais qui n'a pas modifié le sens du résultat.
34 % de soutien à la direction confédérale
Le résultat du scrutin réalisé par comptage des votes à main levée a largement penché en sa défaveur : en intégrant les abstentions, l'amendement a réalisé un score de 54 % tandis que seuls 34 % des délégués ont soutenu la position confédérale.
Du côté de la direction de la CGT, on minimise le sens de ce score. Travailler avec des syndicats adhérant à la FSM aussi, « concrètement, c'est ce qu'on fait depuis toujours […] on a écrit ce qu'on fait donc c'est une réussite », a affirmé Boris Plazzi, membre de la direction confédérale, lors d'un point presse.
Reste que la modification apportée au document d'orientation est plus une défaite de Philippe Martinez qu'une victoire de ses opposants, incapables de parler d'une seule voix, si ce n'est sur la FSM.
Leïla de Comarmond