La direction de la SNCF veut expulser Marie-Dominique, les cheminots de la CGT montent au créneau
Publié le 28 Juillet
La locataire de la maison de garde-barrière de Putot-en-Bessin, près de Caen (Calvados) est menacée d’expulsion par la SNCF. La CGT monte au front et demande des explications.
La maison de l’ancien passage à niveau (PN) 70 est occupée depuis 51 ans par Marie-Dominique et la ligne Mantes-Cherbourg électrifiée depuis le 1er juin 1996… la CGT se demande pourquoi cette maison est subitement devenue dangereuse.
A qui le tour ?
Oui les cheminots se sentent concernés. Ils éprouvent à la fois un sentiment de solidarité et d’inquiétude. Ils se disent : à qui le tour ?
Allan Bertu, secrétaire général du syndicat CGT cheminots de Caen s’interroge sur les projets de la SNCF concernant son patrimoine immobilier depuis qu’il a découvert deux affaires. Celle de Marie-Dominique Aubin à Putot-en-Bessin, en mai dernier dans les colonnes de Liberté puis, juste après, l’affaire de Paulette Vannier.
À 80 ans, Paulette Vannier a reçu un avis d’expulsion de la SNCF pour qu’elle quitte la maison du passage à niveau 6 à Ecouché-les-Vallées. Elle a jusqu’au mois d’octobre pour faire ses cartons. Mais ne se voit pas ailleurs. Comme Marie-Dominique qui a passé 51 ans de sa vie dans la maison de l’ancien passage à niveau 70 que la SNCF lui demande de quitter avant le 31 décembre 2019.
Où est le rapport d’expertise ?
Marie-Dominique et Paulette sont toutes les deux des épouses de cheminots. Toutes les deux veuves. Toutes les deux sous la menace d’une expulsion. De là à imaginer que la SNCF cherche à se débarrasser des anciennes maisons de gardes-barrières et ce, quel que soit l’état, il n’y a qu’un pas pour la CGT des cheminots. Dans l’affaire Marie-Dominique, « différents motifs sont invoqués pour justifier l’obligation de quitter son logement », expliquent Allan Bertu et Marc Le Rochais, représentant de proximité CGT SNCF Réseau.
Notamment la sécurité suite à une expertise de SNCF Réseau dont ni les références, ni l’auteur, ni la date ne sont indiquées.
Quand l’expertise a-t-elle été faite ? Marie-Dominique n’a vu personne passer, n’a été interrogée par aucun expert… Pour en avoir le cœur net, Allan Bertu et Marc Le Rochais ont écrit à Emmanuelle Saura, directrice régionale de la SNCF Réseau afin d’obtenir le rapport d’expertise en question. La sécurité évoquée dans le deuxième avis d’expulsion « laisse dubitatif de nombreux cheminots, la maison étant occupée depuis 51 ans et la ligne Mantes-Cherbourg électrifiée depuis le 1er juin 1996 ! »
Pourquoi détruire cette maison ?
C’est deux mois après le décès de son mari que Marie-Dominique a reçu le premier avis d’expulsion. « Je n’accepterai pas, je me battrai jusqu’au bout », lâche l’une des filles de Marie-Dominique. Gaëlle a la voix encore pleine de tristesse en évoquant la pièce où son père a vécu ses dernières heures. Pour se défendre et être conseillée, Gaëlle a pris un avocat.
Si on doit aller en justice, on ira !
Des travaux ont été réalisés dans la maison, par les époux Aubin mais aussi par la SNCF. Une douche a été installée, les huisseries refaites, un cabanon construit…
Après toutes ces dépenses pourquoi la SNCF veut-elle détruire cette maison ?
Si les raisons de sécurité dans le rapport d’expertise sur lequel s’appuie la SNCF sont réelles, la maison est inhabitable et donc vouée à la démolition. Le mal-logement est un tel sujet d’actualité que la démolition d’une maison au « confort optimal » étonne les cheminots.
Touchés par l’histoire de Marie-Dominique et de cette maison remplie de 50 ans de souvenirs, les cheminots montent au front. S’ils n’obtiennent pas de réponse d’Emmanuelle Saura, « on écrira à Guillaume Pépy (président de la SNCF Ndlr) ».
Si leurs raisons sont valables qu’ils le prouvent et qu’ils expliquent cette politique immobilière de destruction.
Iront-ils plus loin ? « On ne s’interdit rien », souffle Allan Bertu. « Pas même une mobilisation », ajoute-il. Parce que la famille cheminote, c’est sacré !