RETRAITES : une CONTRE REFORME au détriment des retraiteés et des pensions !
Vers le 24 et 27 septembre
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MARTINEZ interviewé par L' OPINION
La Cour des comptes appelle à accélérer la réforme des régimes spéciaux de retraite. Le gouvernement va-t-il suivre cette recommandation ?
La Cour dit toujours la même chose. La lettre de mission de Jean-Paul Delevoye est de mettre en place un seul statut. Visiblement certains régimes seront maintenus, pour les policiers notamment… Je n’ai pas plus d’informations. Le problème, ce ne sont pas les régimes spéciaux, c’est le projet de réforme des retraites dans sa globalité. Il est injuste et inégalitaire et va casser le principe de solidarité. Ne plus prendre les 25 meilleures années travaillées mais toute la carrière va pénaliser les précaires, les jeunes, les femmes. Parce que les carrières sont hachées, parce que 80 % des embauches se font en contrats précaires. Comment seront pris en compte les congés maternités ? On nous dit qu’un euro cotisé donnera à tous les mêmes droits mais le vrai sujet sera le calcul du point. Est-ce M. Le Maire qui va fixer sa valeur en fonction du taux de croissance, comme dans certains pays ? Ou cela dépendra-t-il de la démographie, de l’espérance de vie ? Et de quelle espérance de vie, celle en bonne santé ? Les zones d’ombre sont nombreuses.
On devrait en savoir plus jeudi. Jean-Paul Delevoye promet justement plus de justice…
J’attends de voir. Je constate que jeudi, Jean-Paul Delevoye présente un rapport mais qu’après, il file à Matignon. On voit où se feront les arbitrages !
Vous avez séché plusieurs rendez-vous avec Edouard Philippe. Serez-vous présent jeudi ?
Je ne viens que si les choses sont intéressantes. Je ne suis pas fan de la réunionite.
Un « âge d’équilibre » devrait être mis en place. Qu’en pensez-vous ?
C’est très hypocrite. L’objectif c’est de faire travailler les gens plus longtemps, en mettant une décote pour qu’ils partent à 64, 65 ans pour ceux qui auront eu du boulot. Les autres devront travailler jusqu’à 66, 67 ans et même au-delà pour ne pas avoir des pensions trop basses. Au moins, Geoffroy Roux de Bézieux, au Medef, dit tout haut ce que le gouvernement pense tout bas.
On vit plus longtemps, n’est-ce pas normal de travailler plus longtemps ?
Est-ce que c’est un problème ? On vit plus longtemps car on travaille moins longtemps, dans la vie et dans la semaine ! Là, le projet du gouvernement est de rapprocher l’âge de la retraite de l’âge de la mort. Je n’appelle pas ça un progrès.
Mais les comptes sont déséquilibrés…
Il y a des solutions. Rétablir des cotisations sociales, travailler les recettes, limiter les exonérations des grandes entreprises. Arrêter ce marché de dupes qui consiste à pousser les salariés de plus de 57 ans dehors. Tous les plans de départs concernent prioritairement les seniors. Combien sont concernés ? Personne n’est capable de le dire. J’en ai parlé à Bruno Le Maire, il a trouvé que c’était une bonne question... Pourquoi ne pas lancer un audit ? Plus de monde au boulot, moins de gens au chômage, ce sont des recettes publiques en plus. C’est mathématique !
En avez-vous parlé avec Emmanuel Macron ?
Je n’ai pas vu le Président en tête à tête depuis juin 2017. Il ne m’a plus invité depuis.
Vous prévoyez des journées d’action à la rentrée...
Nous allons nous mobiliser le 27 septembre avec les jeunes, lors de la grève mondiale sur l’urgence climatique. Avant cela, nous organisons le 24 une journée interprofessionnelle.
Le mot d’ordre concernera les retraites ?
Pas seulement. La réforme de l’assurance-chômage est injuste car, comme toujours, on fait payer plus à ceux qui n’ont pas beaucoup. Ce n’est pas facile de mobiliser. La retraite, c’est fédérateur, ça concerne ceux qui sont pensionnés et risquent de perdre, ceux qui travaillent et ne vont pas toucher grand-chose, et ceux qui vont entrer dans le système et n’auront plus rien, quand viendra leur tour… Cela concerne les fonctionnaires, les indépendants, tout le monde. Pas comme les ordonnances travail qui ne concernaient que le privé ou la réforme de SNCF l’an dernier.