La non-épuration des élites à la Libération : un ouvrage d'Annie Lacroix-Riz

Publié le par FSC

Et c'est ainsi que des années et des années après la Libération, y compris sous le régime gaulliste on retrouvera un PAPON comme préfet de police à Paris, un BOUSQUET protégé par Mitterrand ...

C'est que pour garder le contrôle politique et économique de la France la bourgeoisie, CONTRE le mouvement populaire ... et les communistes, avait  un besoin impérieux de TOUS ses serviteurs ...eurent-ils été collabos !

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Jeudi, 29 Août, 2019

Christian de Montlibert

La non-épuration en France de 1943 à 1950 Annie Lacroix-Riz Armand Colin, 672 pages, 29,90 euros
L’ouvrage de l’historienne Annie Lacroix-Riz bat en brèche des poncifs sur les « actes de guerre » de la Résistance et les exécutions sommaires à la Libération.

Le livre d’Annie Lacroix-Riz témoigne on ne peut mieux que la vérité est un enjeu des luttes. À partir d’une exploration minutieuse des archives, l’ouvrage démonte non seulement des rumeurs mais aussi des travaux d’historiens contemporains enclins à présenter le régime de Pétain sous un jour de plus en plus favorable, mettant en doute l’efficacité de la Résistance et la réalité même de la collaboration. Contre la rumeur qui ne voulait voir que résignation et collaboration et contre les historiens qui affirment que la Résistance était négligeable, ce livre montre qu’il y eut très tôt une résistance armée que craignait tellement l’occupant qu’il en organisa vite la répression. Cette Résistance, dans laquelle les communistes tiennent une grande part, pratique des « actes de guerre » définis par la jurisprudence de Londres et non des assassinats.

Contre l’idée que la Résistance puis la Libération auraient permis des violences envers les « élites », et les femmes, ce livre montre que la réalité fut très différente. Les exécutions, peu nombreuses, ont visé des collaborateurs notoires, des policiers allemands et des sbires des milices. Elles répondaient à une politique de répression de grande ampleur de la part de l’armée allemande et des préfets pétainistes, qui mobilisaient les forces de police et les milices armées pour décimer les maquis.

Contre l’idée qui prévaut que l’État de droit gaulliste a su organiser une saine et juste épuration et a empêché une épuration sauvage, ce livre montre que la politique américaine à Alger, puis la politique gaulliste ont consisté à trouver tous les subterfuges juridiques pour éviter une épuration massive de l’appareil socio-économique et politico-militaire de Vichy. La liste de ceux qui avaient pratiqué la collaboration économique mais qui seront protégés est vite établie. Il fallait sauver les élites économiques et les hauts fonctionnaires d’un appareil d’État qui avait pourtant failli.

Les dossiers des magistrats qui avaient condamné à mort des résistants seront classés sans suite
Tout se passe comme si, après la Libération, dans les commissions d’épuration, on avait su faire traîner les dossiers, les déplacer d’une juridiction à une autre, changer les chefs d’accusation pour des délits de droit commun, classer sans suite, ne pas trouver de preuve de culpabilité ou constater que les dossiers avaient disparu. Les dossiers des magistrats qui avaient condamné à mort des résistants seront classés sans suite ou on se contentera de déplacer des juges trop compromis ou de les mettre à la retraite. Bien entendu, cette « non-épuration » suscita l’irritation de la population. Dans ces conditions il y eut bien, après la Libération, quelques manifestations et exécutions. Mais peu nombreuses. Il est vrai aussi que quelques personnages haut placés s’employèrent à sauver leurs amis, comme le fit la politique américaine qui protégea les grands patrons avec lesquels elle était en affaire.

On l’aura compris, cette mise en accusation de la « non-épuration en France », machinerie au service des classes sociales dominantes, se révèle, au fur et à mesure d’une lecture passionnante, une entreprise de désintoxication on ne peut plus salutaire.

Annie Lacroix-Riz dédicacera son ouvrage

au Village du livre et aura carte blanche

dimanche 15 septembre à 14 h 45

à la fête de l'Humanité

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