TRAVAILLEURS FRONTALIERS de MOSELLE : l' assemblée générale de leur comité de défense !

Publié le par FSC

L'association des travailleurs de Moselle existe depuis 42 ans.

Sur 21.000 travailleurs frontaliers en Sarre et dans le Palatinat elle regroupe un effectif de près de 12.000 adhérents.

C'est dire le poids et l'efficacité de cette association dont l'appréciation sur les revendications des salariés frontaliers, le mouvement social, la responsabilité des eurocrates dans les reculs sociaux imposés aux travailleurs, le rôle  de l'Union européenne au service des capitalistes, sa détermination dans l'action qui lui vaut reconnaissance est un exemple!

 

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Comité de Défense des Travailleurs Frontaliers de la Moselle

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE du 17 novembre 2019

Intervention Arsène Schmitt, président


Mesdames, Messieurs, Monsieur le Maire, Monsieur le 1er adjoint, Monsieur le Député, chers amis, chers camarades

Un salut fraternel et un grand merci à vous tous, d’être venus aussi massivement à ce grand rendez-vous annuel des travailleurs frontaliers. Merci à tous nos invités nous faisant l’honneur de participer à nos travaux.

L’Assemblée générale est un rendez-vous important dans la vie de notre organisation ; l’occasion de faire le point sur les dossiers d’actualité dans le domaine social et fiscal. C’est une grande journée de mobilisation et de protestation des travailleurs et retraités frontaliers.

Oui, ensemble nous protestons contre toutes les discriminations qui frappent les actifs et retraités du monde frontalier !

Ensemble nous protestons aussi contre ce recul de civilisation que vivent les travailleuses et travailleurs dans cette Union européenne capitaliste qui détruit toutes nos conquêtes sociales.

Regardez cette affiche (un retraité américain dans la misère), elle est très significative sur le monde nouveau qui nous est promis par nos gouvernements, Macron, Merkel et consorts, les valets du système capitaliste. Oui travailler jusqu’au tombeau c’est l’objectif de leur belle Union européenne. « la discussion travailler jusqu’à 70 ans ne doit plus être un tabou » disent-ils… Une honte !

 

Le général américain Westmoreland avait pour prétention durant la guerre du Vietnam de « ramener ce pays à l’âge de la pierre ».

Dans la guerre sociale engagée aujourd’hui par le capital contre le travail, les capitalistes avec leurs gouvernements à leurs bottes, voudraient ramener les travailleurs à l’âge de la préhistoire du capitalisme, au cours duquel les travailleurs, isolés et sans aucun droit collectif, étaient soumis à la pire exploitation, où les plus vieux mouraient à la tâche et où les enfants souffraient mille morts à l’usine. Macron l’a dit haut et fort : « il faut en finir avec une société des statuts. » Une honte !

Oui, il faut le dénoncer haut et fort, toute la destruction sociale que nous vivons est dictée par le traité de Maastricht et les autres traités dont le cœur est « la concurrence doit être libre et non faussée. « 

Comme le disent si bien certains syndicalistes allemands : « tous les gouvernements capitalistes d’Europe ont besoin des institutions de l’Union européenne pour mener leur guerre contre les travailleurs.»

Nous sommes les pionniers de l’Europe mais nous dénonçons avec force cette UE, comme l’a dit si bien nommée un syndicaliste grec : « c’est l’union des loups capitalistes. »

La révolte gronde. La colère est partout. Les luttes dans tous les secteurs d’activités, se multiplient et s’amplifient. Les travailleurs et leurs organisations se dressent contre la politique du gouvernement toute entière au service des capitalistes et des banquiers. Ils veulent liquider un siècle de conquêtes ouvrières !

Toute notre solidarité ce matin aux Ford, St-Gobain, Halberg, Saarsthal et ZF. C’est scandaleux de voir toute cette destruction d’emploi dont est responsable ce système capitaliste pourri par la spéculation et fondé sur la propriété privée des moyens de production, qui ne génère que misère et guerre.

Encore combien de temps la classe ouvrière va-t-elle accepter cette concurrence capitaliste ? Pour toujours engraisser davantage les actionnaires, les grandes entreprises détruisent les emplois, baissent les salaires et délocalisent la production avec la bénédiction de l’Union européenne. Cà ne peut plus durer !

Chers amis, notre lutte depuis 42 ans contre toutes les discriminations qui frappent les travailleurs et retraités frontaliers va de pair avec notre lutte contre toute remise en cause de nos conquêtes sociales, et ceci conformément à l’orientation prise en 1977, gravée dans nos statuts :

Rassembler les travailleurs frontaliers dans une organisation spécifique afin qu’ils ne soient pas une masse anonyme et inorganisée.

Défendre leurs intérêts et agir auprès des autorités nationales et internationales pour faire aboutir leurs légitimes revendications.

Faire corps avec le monde du travail et manifester notre solidarité avec les syndicats allemands et français, et s’engager avec toutes les forces progressistes qui luttent concrètement pour la justice sociale, la liberté, la Paix et contre le Racisme.

Oui, chers amis 42 années de combat sans relâche à tous les niveaux ont fait grandir notre organisation qui compte aujourd’hui un effectif de près de 12.000 adhérents sur 21.000 travailleurs frontaliers en Sarre et dans le Palatinat. Il faut encore la rendre plus puissante. Nous pouvons y arriver avec votre contribution. Les adhérents sont les meilleurs ambassadeurs pour le renforcement de l’organisation.

 

 

De nombreuses revendications ont été satisfaites. Oui, ces victoires ne sont pas tombées du ciel. Rien ne nous a été donné ! Un petit rappel est toujours nécessaire.

Réintégration dans le régime local de la sécurité sociale en 1982 ;

Indemnisation du chômage en fonction du salaire réel depuis 1987 ;

Extension de la zone frontalière en 1990 qui comprend les 3 départements, Bas-Rhin, Haut-Rhin et la Moselle ;

Prise en charge par l’Arbeitsamt allemand, des travailleurs frontaliers en arrêt maladie et toujours sous contrat de travail, après les 18 mois de versement des indemnités journalières de maladie.

Amélioration de la situation fiscale pour les travailleurs frontaliers, hors zone, imposés en Allemagne.

La retraite complémentaire n’est plus minorée depuis janvier 2000 ;

Versement des indemnités journalières de maladie aux chômeurs par la CPAM en cas d’épuisement du versement de celles-ci par la Caisse allemande ;

Réintégration des frontaliers retraités dans le régime local en 2002, après leur exclusion en 1998 ;

Les meilleures années de la carrière française sont dorénavant prises en compte au prorata pour le calcul de la retraite française ;

Affiliation gratuite à l’assurance vieillesse du conjoint n’exerçant pas d’activité professionnelle ;

La grande victoire en 2000 exonérant les travailleurs frontaliers de la CSG et la CRDS sur leur salaire. Ce qui représente + 8,3% sur la fiche de paie. Le mémoire magistral de Ralph Blindauer a fait massue à l’époque auprès des instances européennes.

Fin de l’imposition des retraites en Allemagne en 2015.

Une grande victoire fiscale aussi suite à l’arrêt du Conseil d’Etat en 2018 concernant l’imposition des primes de départ lors d’une résiliation d’un commun accord. Ces primes sont maintenant assimilées à des ruptures de contrat identiques à celles signées en France dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Elles sont donc non imposables. En 2006 des ouvriers de chez Ford étaient concernés par cette imposition, le contentieux a été engagé contre le Fisc. Grâce à notre persévérance, et les mémoires magistraux de l’avocat Ralph Blindauer, nous avons gagné devant le Conseil d’Etat. La procédure a duré 10 ans. Cet arrêt fait bien entendu jurisprudence, dont bénéficient maintenant les travailleurs frontaliers se trouvant dans cette situation.

Chers amis, ces acquis nous ne les devons qu’à la force et l’engagement sans relâche de notre organisation personne d’autre ne peut s’en targuer.

Je tiens aussi ce matin à remercier mes camarades du Comité de direction, notre personnel ainsi que les délégués qui tiennent les permanences tout le long de la frontière de Bitche à Bouzonville pour leur engagement. Les permanences sont toujours très fréquentées. Nous ne donnons bien sûr pas que de l’information aux travailleurs frontaliers, mais nous les défendons aussi devant les tribunaux allemands et français.

Cher Amis, cette année a été de nouveau très chargée en interventions et démarches à tous les niveaux quant aux nombreuses revendications en suspens dans le domaine social et fiscal pour lesquelles nous avons manifesté l’année dernière, à savoir :

Concernant les nouvelles règles de l’indemnisation du chômage.

Par la révision du règlement CE 883/2004, il est programmé par la Commission européenne concernant le chapitre du chômage, que ce serait le pays d’emploi qui verserait les allocations et non plus le pays de résidence. Dès que nous avons eu connaissance de cette nouvelle en janvier 2017, avec le Comité de défense d’Audun-le-Tiche, nous n’avons cessé d’intervenir auprès du gouvernement, des autorités allemandes et de la Commission européenne, en leur signalant que cette modification serait catastrophique pour les chômeurs frontaliers qui se verraient lourdement pénalisés, surtout les travailleurs âgés qui ne bénéficieraient plus du maintien des droits jusqu’à leur retraite allemande et qui devraient survivre pendant des années avec éventuellement le RSA jusqu’à l’obtention de la retraite allemande.

Nous avons fait de multiples déplacements à Paris, auprès du 1er ministre, de la ministre du travail, des affaires étrangères, ainsi que des ministres du travail allemand et luxembourgeois. Un rapporteur de ce projet a été mis en place en la personne du député européen, Guillaume Balas, que nous avons souvent rencontré à Strasbourg pour bien lui faire comprendre les conséquences négatives qu’aurait ce changement de système sur les travailleurs frontaliers.

Dans son rapport soumis au parlement européen, il avait finalement préconisé le 11 décembre 2018 que le libre choix soit accordé aux travailleurs. Bien entendu, cette solution nous convenait parfaitement. Bien que ce libre choix ait obtenu une majorité au parlement européen, la Commission européenne et le Conseil de l’Europe n’ont pas tenu compte de ce vote positif pour nous, et ont décidé que c’est au pays d’emploi de prendre en charge le système d’indemnisation du chômage. Un accord provisoire en ce sens était signé au sein du trilogue (Commission, conseil des ministres et parlement européen). Encore un exemple que le parlement européen n’a aucun pouvoir et qu’en dernier ressort c’est la Commission qui décide. Nous n’arrêtions pas de clamer auprès des autorités afin que ce vote positif soit respecté.

Pour finaliser cet accord, une nouvelle réunion du trilogue s’est tenue en avril et la patatras….. Vue la complexité de ce changement de système pour certains pays comme le Luxembourg, la majorité qualifiée n’a pas été obtenue. 10 pays ayant voté contre au sein du Conseil de l’Europe. Bonne nouvelle pour nous, pour le moment tout est bloqué. Bien entendu, nous pensons que la France qui est l’instigatrice du changement de système va revenir à la charge.

Nous revendiquons le statu quo, pour que la France reste compétente en la matière et que l’Allemagne et le Luxembourg versent une compensation financière à la France.

Le dossier CSG-CRDS sur les retraites allemandes

Après la fin de l’imposition des retraites en Allemagne, l’administration fiscale française nous applique la CSG-CRDS sur la retraite allemande à partir de 2016.

Nous considérons cette imposition comme illégale et considérons qu’elle porte atteinte aux Règlements communautaires, nous luttons pour son abrogation.

Ainsi, après avoir financé les branches du régime allemand de sécurité sociale et assuré leur équilibre durant notre vie active, les frontaliers retraités devront en outre combler, à l’instar des travailleurs qui sont restés sédentaires et ont relevé toute leur carrière durant des régimes français, le déficit de ces régimes, causé par l’incurie de nos gouvernants.

S’agissant de la part de l’assurance dite de maladie, s’il est vrai et juste que les retraités bénéficient des prestations liées à la maladie, ils n’ont jamais bénéficié, ni contribué au déficit de l’ensemble des prestations qui sont couvertes par l’assurance maladie.

Les régimes obligatoires de base de Sécurité sociale sont composés par plusieurs branches et la CSG/CRDS cofinance ces divers organismes :

Maladie - vieillesse, - famille, maladie professionnelle

Les frontaliers retraités n’étant bénéficiaires et n’ayant droit qu’à la seule et unique branche maladie française, il est inconcevable et illégal qu’ils puissent accepter au nom d’un principe de prétendue solidarité d’être victime d’une iniquité flagrante de traitement et financer les caisses de vieillesse, de famille et d’accident de travail.

Nous avons engagé le contentieux, des centaines de dossiers sont déjà devant les tribunaux et sont défendus par Me Julien Schaeffer de Strasbourg que nous remercions d’être avec nous ce matin. Il nous fera le point tout à l’heure sur ce dossier.

Concernant les revenus du patrimoine, ceux-ci sont maintenant exonérés de la CSG, dossier qui a été traité avec succès par Me Schaeffer.

Spoliation fiscale des travailleurs intérimaires

Les salariés intérimaires qui remplissent les conditions permettant de bénéficier du statut fiscal des travailleurs frontaliers (imposition au pays de résidence) sont l’objet de discrimination de la part du fisc allemand.

La pratique des Finanzämter à l’égard de cette catégorie de travailleur est contraire à la convention fiscale franco-allemande ainsi qu’au formulaire 5011 A spécialement conçu pour l’exonération de l’impôt en Allemagne.

Tel n’est cependant pas la pratique des Finanzämter qui estiment à priori que l’intérimaire frontalier pourrait éventuellement sortir de la zone frontalière pendant une durée de plus de 45 jours.

En effet, dans cette hypothèse l’intérimaire serait redevable de l’impôt en Allemagne.

Dans ces conditions, les Finanzämter donnent comme instruction aux agences de travail temporaire d’effectuer le prélèvement fiscal mensuellement (celui-ci peut s’élever à 300 ou 400 euros) Ils ne délivrent donc pas l’attestation d’exonération de l’impôt. Cet impôt, les intérimaires peuvent le récupérer 14 mois après, en justifiant qu’ils n’ont pas quitté la zone frontalière durant l’année écoulée.

En aucun cas les services fiscaux allemands ne peuvent présumer à priori que l’intérimaire sortira plus de 45 jours de la zone frontalière. Il faut se demander par quel étrange raisonnement juridique les services fiscaux peuvent présumer des intentions d’un travailleur frontalier et prélever un impôt qui n’est pas encore dû.

Cette procédure illégale mise en place par le fisc allemand est inadmissible.

Suite à nos interventions répétées des discussions sont en cours entre les autorités fiscales françaises et allemandes. Sur ce dossier nous avons aussi l’appui de la Task Force/Frontaliers de Sarrebruck qui a fait une excellente étude du dossier.

Il faut noter qu’avec la mise en place de l’impôt à la source le 1er janvier, les frontaliers intérimaires étaient doublement imposés. La retenue à la source en France et l’illégale retenue à la source en Allemagne. Nous avons immédiatement saisi la Direction générale des Finances publiques qui a donné les instructions afin que ce prélèvement à la source en France soit suspendu.

Et toujours, chers amis, le dossier de la honte qui est malheureusement toujours d’actualité la non reconnaissance des taux d’invalidité entre la France et l’Allemagne.

C’est un scandale de voir qu’aujourd’hui des travailleurs frontaliers, reconnus invalides par la France et non par l’Allemagne, se retrouver dans la misère.

Ils perçoivent, en effet, seulement une pension d’invalidité française uniquement calculée en fonction des années travaillées en France. Si cette période s’avère courte, 5 ou 10 ans, il devient impossible à la famille concernée de subvenir à ses besoins. Il y a des ex-travailleurs frontaliers qui n’ont comme seule ressource que leur pension d’invalidité française d’une centaine d’euros par mois.

Il est scandaleux de constater que lorsque d’éminents professeurs français affirment que le travailleur frontalier n’est plus capable d’exercer une quelconque activité professionnelle, que dans la foulée, leurs homologues allemands prétendent le contraire. Les conclusions des rapports des médecins conseils allemands sont consternantes, et stipulent: « la personne n’a plus le droit de travailler à des machines, elle n’a plus le droit de faire un travail stressant, elle n’a plus le droit de monter les échelles, elle n’a plus le droit de monter les échafaudages, elle n’a plus le droit de se courber, elle n’a plus le droit de porter de charges lourdes, plus le droit de travailler dans la poussière, le bruit, plus le droit de faire du travail posté, mais la personne peut encore exercer un travail léger comme, par exemple, portier ou caissier à une station d’essence ». Ces commentaires sont d’une indécence sans pareille qui bafouent la dignité humaine.

C’est une honte de voir des travailleurs frontaliers ayant trimé pendant 35 ans, avoir usé de la libre circulation et se retrouver handicapés et malades avec une pension française d’une centaine d’euros par mois.

C’est un problème politique et nous demandons qu’un accord bilatéral soit conclu entre la France et l’Allemagne, qui stipulerait que si des médecins d’un état reconnaissent invalide un travailleur que celui-ci soit reconnu invalide, sans tergiversations, par l’autre état. Mais il n’y a aucune volonté politique entre la France et l’Allemagne pour régler ce problème.

Nous ne devrions pas entendre ce type de commentaire prononcé par un médecin conseil allemand, lors d’un séminaire à Kirkel qui nous a dit textuellement : « So lange wie de Greifbarkeit noch funktionniert kann man immer noch arbeiten » - tant que la fonctionnalité d’un membre marche on peut toujours encore effectuer un certain travail. 

Il est inadmissible que dans une démocratie l’épreuve de l’exclusion sociale s’ajoute à l’épreuve de la maladie. C’est une honte !

D’autres dossiers brûlants ne sont toujours pas réglés et nous ne cessons de les relancer à savoir : La prime de rentrée scolaire, nous demandons qu’elle soit versée au mois d’août et non au mois d’octobre voire janvier pour certains. Le versement de l’allocation de rentrée scolaire ne remplit plus l’objectif attribué à cette prestation spécifique, s’il intervient trop tardivement, bien après le début de l’année scolaire.

De même le décalage de trois mois du versement de l’allocation différentielle concernant les allocations familiales. Un mécanisme d’avances mensuelles pourrait être mis en place.

Le dossier de la Pflegeversicherung dont ne bénéficient pas les travailleurs frontaliers. Ainsi que le dossier concernant ceux qui ne perçoivent pas d’indemnités journalières de maladie de la caisse allemande parce qu’ils touchent leur petite retraite française, alors qu’ils payent plein pot les cotisations sociales. Les cures françaises qui ne sont pas reconnues par l’Allemagne, ce qui oblige les frontaliers à prendre trois semaines de congés. Ils ne bénéficient donc pas du maintien de salaire. Oui, chers amis, il nous reste encore du pain sur la planche !

Face à toutes ces discriminations, je rappellerai toujours ce que nous ont dit nos eurocrates en 1992 : « avec l’ouverture des frontières tous les problèmes transfrontaliers seront réglés, le Comité des Frontaliers n’aura plus de raison d’être. » Ces commentaires allaient, bien entendu dans le sens, de ce que ne cessaient de nous claironner nos gouvernants à l’époque: « avec le traité de Maastricht un grand marché de 450 millions d’habitants va s’ouvrir qui nous apportera : prospérité, plein emploi, justice sociale. » Oui, un tissu de mensonges !

Manuel Barosso, ex président de la Commission européenne, aujourd’hui chez Goldmann Sachs a informé de cette prospérité dans une interview au Figaro le 25/3/2006 en disant : « Tout le monde sait qu’on vivra avec moins de garanties et de bonheur que les générations précédentes ». De même son compère Mario Draghi, ex président de la BCE, également un Goldmannsachsien, qui a parlé de cette prospérité européenne lors d’une interview au Wall Street Journal, 24/2/2012), je cite : « le modèle social européen est mort, il n’y a pas d’échappatoire possible à la mise en œuvre de politiques d’austérité très dures pour sauver l’euro. » Ils nous prennent vraiment pour des imbéciles !

Comme je l’ai dit notre lutte depuis 42 ans contre toutes les discriminations qui frappent les travailleurs frontaliers va de pair avec notre lutte contre toute remise en cause de nos conquêtes sociales. Oui, notre modèle social issu des ordonnances de 1945, du programme national de la résistance doit être liquidé. Nous ne l’acceptons pas.

 

Maintenant que le spectacle des élections européennes est terminé, elles étaient d’ailleurs frappées par une abstention massive dans tous les principaux pays européens, que les bonimenteurs des « renouveler l’Europe », « changer l’Europe », « réformer l’Europe » ont rangé au fond de l’armoire leur panoplie électorale, maintenant le champ est libre pour la poursuite de la démolition sociale.

Le 5 juin, l’union européenne a publié ses recommandations, pays, par pays, afin qu’ils mènent toutes les réformes nécessaires pour se mettre en conformité avec ses directives et ses stratégies. Au programme : réforme des retraites, réduction de la dépense publique, privatisation des biens publics, suppression des postes de fonctionnaires, casse de l’indemnisation du chômage et la flexibilité à outrance, etc. Oui, toute la casse est dictée par l’union européenne.

Dès la déclaration Schuman en 1950, rédigée par les Américains, sans oublier son compère Jean Monnet, nommé par De Gaulle « le petit financier à la solde des Américains », la destruction sociale était programmée. Il faut savoir que Monnet a été financé par la CIA. Je vous recommande, d’ailleurs, de lire le livre de Philippe de Villiers (qui n’est pas ma tasse de thé, loin de là), mais ce livre est très instructif sur cette construction de l’Europe à l’américaine. Le livre s’intitule : « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu ».

Oui, la démolition de nos conquêtes ouvrières était annoncée par nos eurocrates.

En voici quelques unes que je ne cesserai de répéter :

En 1989, François Perigot, ex-président du CNPF : « avec l’Europe, on va enfin dépoussiérer la société française, la débarrasser de ses scories.   Personne ne saurait gagner la bataille de l'Europe en préservant frileusement les acquis d'un monde aujourd'hui révolu. »

 

En 1999, Hans Tietmeyer l’ancien président de la Bundesbank, ce personnage qui au début des années 1990 avait imposé ses vues aux négociateurs du traité de Maastricht avait déclaré sur les conditions sociales de la mise en place de l’euro, je cite : « L’homme de la rue n’en est pas conscient. Tout le monde ne comprend pas encore de quoi il s’agit. La concurrence entre les systèmes de protection sociale sera plus forte, pas seulement vis-à-vis du monde non européen, mais aussi à l’intérieur de l’Europe. Il faut de la concurrence entre les systèmes fiscaux, tout comme entre les systèmes de protections sociales nationaux. Il n’y aura pas de retour en arrière, c’est définitif. Les hommes politiques n’ont plus de compte à rendre aux citoyens, mais seulement aux marchés financiers… avec la monnaie unique, nous ne pourrons plus jouer sur le taux de change, la seule variable d’ajustement de l’économie pour être compétitif sera donc l’emploi et l’écrasement des salaires et la protection sociale. »

L’observatoire social européen en 1996 signalait : « en choisissant un modèle inédit d’une monnaie centralisée, le modèle choisi est porteur intrinsèquement de dérégulations sociales. La principale variable d’ajustement sera le social. Une autre caractéristique de l’Union monétaire est qu’elle facilitera la comparaison des niveaux de salaires, des coûts salariaux et d’allocations pour les entreprises et les gouvernements. Elle permettra d’exercer une pression sur les syndicats afin qu’ils acceptent des niveaux de salaires et d’allocations inférieurs au nom du maintien de la compétitivité.» « …Les Etats doivent mener une politique rigoureuse. Ils doivent encore mener des coupes dans les budgets sociaux et encore exiger plus de flexibilité pour le monde de travail afin que le pacte de stabilité soit respecté ».

Je pourrai multiplier des citations similaires. Donc cela montre bien que cette Europe a été créée par et pour les capitalistes.

Oui, chers Amis, comme ils disent, il faut des coupes dans les budgets sociaux. Et vlan, sur notre Sécu qui est une conquête ouvrière, une institution de la classe ouvrière, une conquête historique pour les travailleurs créée en 1945 sur la base : « chacun cotise selon ses moyens et en bénéficie selon ses besoins.» Notre Sécu est dans le broyeur européen et doit être liquidée, conformément aux directives européennes. Dans son rapport du 22 mai 2017, la feuille de route de la Commission européenne adressée à la France indique qu’il faut réduire le coût de la main-d’œuvre par la réduction permanente des cotisations sociales. Alors que celles-ci sont le salaire différé. Partout dans les hôpitaux c’est la galère, le personnel est à bout de souffle. 10.100 lits d’hôpitaux ont été supprimés en 4 ans. On nous parle du trou de la sécurité sociale, il n’y a pas de trou. Il faut savoir qu’il y a eu de 1993 à 2019, 548 milliards d’exonérations de cotisations sociales patronales, notre salaire différé. Oui 548 milliards volés aux travailleurs.

Nous sommes solidaires avec tout le personnel en grève dans les urgences au plan national et dans les Ehpad en Moselle, partout la même problématique : le manque de moyens humains.

Quand Jupiter a été apostrophé par les infirmières lui signalant que le personnel soignant est au bout du rouleau, qu’il y a un manque de moyens, il avait le culot de dire que c’est un problème d’organisation !!! Une honte ! Seulement au cas où lui ou les élites de la monarchie républicaine devaient être hospitalisés, là il n’y aura pas de problème d’organisation. Ils ne resteront pas 5 jours sur un brancard dans un couloir faute de lits. Pour eux l’organisation sera telle que tout un étage leur sera réservé. « Honteux » ! Dans son plan santé 2022, la ministre Buzin a fixé un objectif. D’ici 2020, 7 interventions chirurgicales sur 10 devront être réalisées en ambulatoire. Le patient entrera à l’hôpital le matin, subira une intervention chirurgicale dans la journée et sera renvoyé le soir même chez lui. Et en cas de complication chez lui, il risque d’y laisser sa peau.

Nous entendons les mêmes témoignages en Allemagne. Dans les hôpitaux il y a un manque grave de personnel plus de 162.000 postes, suppression de lit, vente et privatisation des hôpitaux publics. Oui fermeture de 600 à 1000 hôpitaux, une même évolution de chaque côté du Rhin. Oui, chers Amis, dans cette belle union européenne qui, à les entendre, nous protège, les malades coûtent trop chers.

Comme le stipulent les directives européennes, les états doivent mener des coupes dans les budgets sociaux et encore exiger plus de flexibilité pour le monde de travail afin que le pacte de stabilité soit respecté.

Et feu sur le code du travail qui est pulvérisé avec les félicitations de Junker, l’ex président de la Commission européenne, le roi de l’évasion fiscale. Avec la « Mutti Angela » ils se sont réjouis et ont applaudi la destruction de notre code du travail. « Tout ça va dans le bon sens mais il faut encore aller plus loin », disaient-ils.

Et feu sur les chômeurs qui sont traités de fraudeurs, il faut les contrôler tous les jours, mais les évadés fiscaux qui nous volent en toute impunité chaque année 80 à 100 milliards d’euros, là pas touche !!! Comme l’a dit Macron il faut encore mettre plus de pression sur les chômeurs ! Les scandaleux décrets Macron entrés en vigueur le 1er novembre, condamnent les chômeurs à la misère, ils prévoient un durcissement des conditions d’accès à l’allocation chômage : 6 mois de travail au lieu de 4 pour bénéficier de l’indemnisation, dégressivité, nouveau calcul des indemnités à partir du 1er avril 2020. Macron, il faut le savoir a été mis en selle par le club Bilderberg qui est le cercle des loups capitalistes, de l’élite américano-européenne, de la haute finance, Axa, Goldmann Sachs, banque Lazard. Comme l’a dit François Fillon : « c’est ces gens qui nous gouvernent nous n’avons pas le choix. » Oui, ils n’ont pas le choix, et vlan sur les chômeurs ! 1 chômeur sur deux sera perdant. Macron prive les chômeurs de 3,75 milliards d’euros : une ignominie ! Oui 3,75 milliards pris sur le dos des chômeurs et qui sont donnés aux milliardaires avec la suppression de l’impôt sur la fortune. Une honte !

Les ouvriers malades sont aussi dans le collimateur. La chasse continue contre les médecins qui prescrivent trop d’arrêt de travail. La Confédération des syndicats médicaux français alerte sur le fait que « Les deux principales causes d’arrêts de travail sont les troubles musculo-squelettiques et les syndromes dépressifs, provoqués par une pression accrue dans le monde du travail ». Parmi les autres facteurs pointés par les professionnels de la santé : le vieillissement des salariés, chose qui ne devrait pas s’arranger avec la réforme des retraites par Macron. Oui le travail broie de plus en plus les vies des salariés.


Les médecins dénoncent la souffrance au travail


Pour 3 Français sur 4, aller travailler le matin est une source d’angoisse, par crainte de la hiérarchie, des tâches qui les attendent. Ils vont travailler la boule au ventre. Sans parler de l’effroyable vague de suicides dans toutes les branches professionnelles, le drame de ce jeune étudiant qui vient de s’immoler par le feu dénonçant cette précarité que vivent les étudiants qui cohabitent avec les cafards et les punaises dans les résidences universitaires comme l‘a relaté le républicain lorrain cette semaine... C’est « l’Europe en marche, c’est le renouveau, c’est à les entendre, l’Europe des progressistes! » Ils ont le culot de se dire progressistes alors qu’ils veulent nous faire revenir au Moyen-âge !!

Dans nos permanences nous entendons des témoignages révoltants sur l’arbitraire patronal : le chantage à l’emploi, baisse des salaires, allongement du temps de travail sans compensation salariale, augmentation des cadences, le stress, la maladie, la peur de se mettre en arrêt, sinon c’est la porte, la peur de créer un syndicat, un comité d’entreprise, sinon c’est la porte. On leur dit: « c’est comme ça, il faut être compétitif en Europe, si vous n’acceptez pas on ferme ou on délocalise ».

En Allemagne 60% du personnel dans le secteur des services est stressé et harcelé.

En Allemagne, le combat antisyndical des employeurs n’arrête pas (expression à la mode en Allemagne « Union Busting » - démolition des syndicats). Il y a des attaques massives contre les élus des Comités d’entreprise pour entraver leur travail de représentant du personnel. Avec l'aide de cabinets d'avocats spécialisés dans ce domaine, qui prolifèrent, les employeurs usent de toutes les saloperies pour empêcher la création d'un comité d'entreprise et de licencier les élus. Bien entendu cette répression syndicale existe aussi en France. C’est ça une des réalités du monde du travail, des fainéants comme le dit avec mépris Jupiter ! Oui ce mépris de classe insupportable de nos gouvernants ! Hollande avec mépris parlait des « sans dents » ; Sarkozy : « casse-toi pauvre con » ; Macron : « on dépense un pognon de dingue pour les assistés, les sans riens, les illettrés, il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi ; Merkel « c’en est fini de l’État social, c’est la fin des avantages »

Et ceux-là ne cessent de mettre en avant leurs soit disant valeurs humanistes et progressistes dans le cadre de leur Europe « protectrice » comme ils disent.

Je vous rappelle le préambule du traité de Lisbonne : « l’Europe entend poursuivre cette trajectoire de civilisation, de progrès et de prospérité, pour le bien de tous ses habitants, y compris les plus fragiles et les plus démunis … ».

Et haro sur les vieux, les retraités, ces privilégiés, ces nantis !

Blocage des pensions pendant 4 ans – Suppression de la demi-part pour le calcul de l’impôt sur le revenu pour des personnes vivant seules ayant élevé au moins un enfant – imposition des majorations de pensions pour enfants – Gel des retraites complémentaires pendant 3 ans, hausse de 25% de la CSG. Pas d’augmentation des pensions en 2018 et qu’une augmentation de 0,3% en 2019 et 2020 pour une inflation estimée à 2,3%.

Oui chers amis, c’est un vol manifeste envers les retraités au regard des droits acquis par leur travail !!

C’est proprement un scandale ! Le ministre Le Maire a le culot de dire : « nous leur demandons un effort parce qu’il faut aider les nouvelles générations à mieux travailler, à avoir une meilleure rémunération au travail. » Alors que les retraités ont bossé toute leur vie, ils sont entrés dans la vie active à 14 ans, et maintenant ils doivent passer à la caisse pour aider les nouvelles générations ? Oui c’est un scandale ! En même temps, 100 milliards d’euros d’évasion fiscale et la suppression de l’impôt sur la fortune qui représente près de 4 milliards d’euros. Tous ces cadeaux aux plus riches font qu’en une année, nous comptons 259.000 millionnaires en plus en France ! Oui les aides aux plus riches représentent au bas mot 300 milliards d’euros par an « oui un pognon de dingue » ! Et en même temps les retraités sont saignés à blanc. Une honte !

Il faut savoir que les retraites sont depuis longtemps dans le viseur du broyeur européen. Lors du sommet européen à Barcelone le 22 mars 2002, Chirac, Jospin, Schroeder, Blair ont signé avec le même stylo le recul de l’âge de la retraite de cinq ans.

Il faut savoir, que la retraite à 67 ans avait été engagée en 2005 par le « socialiste » Schroeder ainsi que les mesures Hartz IV et ceci avec les félicitations de la Commission européenne. Qu’est ce qu’ils sont humains ces politiciens allemands qui disent : « Die Gespräche der Renten mit 70 darf kein Tabu mehr sein », oui discuter de la retraite à 70 ans ne doit plus être tabou. Une honte !

Et bien ceux-là, qui n’ont jamais mis les pieds dans une usine, les parlementaires français et allemands qui votent toutes ces saloperies et Macron au lieu de nous enfumer avec son grand débat sur les retraites en chemise blanche, manches retroussées, eh bien nous les invitons à mettre le bleu de travail et à faire un stage de 6 mois dans les entreprises du bâtiment et travaux publics, dans les hôpitaux, il faut les mettre sur les routes la pelle en main en étalant le bitume sur la chaussée par 40e de chaleur, pousser les brouettes chargées de moellons, porter quotidiennement des charges lourdes, carreler des centaines de m2 par jour, travailler à la chaîne en poste de nuit, les faire grimper à longueur de journée sur les toits, les échafaudages, s’échiner chez Halberg dans le bruit, le cambouis, la poussière, le vacarme, la chaleur… soulever à longueur de journées les malades dans les hôpitaux et les Epads…

Et j’en passe. Ils auront alors une autre vision du monde du travail ! Une honte d’entendre des propos pareils par cette caste au service du capital financier, qui sont déconnectés des réalités du monde du travail !

Depuis des années le niveau des retraites baisse en France (réforme Balladur en 1993, moins 30%) comme en Allemagne où le niveau de retraite pour 45 annuités correspond aujourd’hui à 47,7% du salaire moyen, ce qui ne permet pas de vivre décemment.

Mais la « Mutti Angela » en remet une couche. Dans le prolongement des plans Schroeder, elle veut baisser ce niveau à 46% en 2025 et 43% en 2030. Plus de 25 millions de retraités sont menacés de toucher un revenu inférieur au seuil de pauvreté. 11 à 12 millions selon le syndicat Ver.di toucheraient une rente du niveau de Hartz IV (404 euros par mois).

De plus en plus de retraités travaillent pour joindre les deux bouts. En Lorraine le nombre de seniors qui cumulent travail et retraite a bondi de 50% depuis 2009. Et tous ces retraités allemands qui travaillent dans le cadre d’un minijob pour vivre. Ils sont passés en 10 ans pour les retraités de plus de 64 ans, de 740.000 à 1,02 millions. C’est une augmentation de 40%. Ce scandale est ainsi commenté avec cynisme par l’élite allemande : « Den Rentnerinnen und Rentner sei es ohne Arbeit halt langweilig zu Hause. » (oui les retraités s’ils ne travaillent pas s’ennuieraient à la maison). Scandaleux !!!

9,4 millions de retraités allemands vivent avec moins de 900 euros par moi. La pauvreté frappe un retraité sur deux, la pauvreté dans la vieillesse en Allemagne aujourd’hui estimé à 16,8% passera dans 20 ans à 21,6%. On a volé à la masse salariale des travailleurs en Allemagne entre 1978 et 2015 exactement 12 % en points retraite.

C’est ce système, le renouveau, que Macron veut instaurer en France. Oui du Hartz IV à la française !!! Jean-Paul Delevoye, le Haut Commissaire à la réforme des retraites dit : « cette réforme doit être l’occasion de réfléchir collectivement à notre modèle de société, aux valeurs sur lesquelles nous voulons fonder » Il a le toupet de nous parler de valeurs en nous volant 5 milliards d’euros et nous faisant crever au travail. C’est le chiffre avancé par notre belle Union européenne qui nous protège, qui signale que l’explosion des systèmes de retraite en France réduirait de plus de 5 milliards d’euros les dépenses publiques à l’horizon 2022, que c’est ça l’objectif. Oui la retraite par points est ainsi commentée par un expert en la matière, l’homme au costard à 6.500 euros, François Fillon qui a dit en 2016 lors d’un colloque organisé par la fondation Concorde en mars 2016, aux patrons : « je suis favorable à ce système de retraite par points. Mais il ne faut pas faire croire aux Français que ça va régler le problème des retraites. Le système par points en réalité permet une chose qu’aucun homme politique n’avoue : c’est baisser chaque année la valeur des points et diminuer le niveau des pensions. »

Oui, chers Amis encore une destruction dont la source est cette union européenne de malheur. Oui tous nos droits acquis doivent être liquidés. Cela fait vingt ans que la Commission européenne s’est fixée comme objectif qu’il faut individualiser les droits. Cela signifie en clair qu’il n’y aurait plus de droits collectifs. Comme le dit Macron, le larbin du capital : « il faut en finir avec une société des statuts. »

Dans son livre « Financement des retraites », Bernard FRIOT, éminent professeur d'économie et sociologie à l'université Paris X, lorrain de surcroît, écrit : « On oublie toujours de dire, quand on raisonne sur l'avenir des retraites, que le PIB progresse d'environ 1,6% par an, en volume, et donc qu'il double, à monnaie constante, en 40 ans. C'est pourquoi nous avons pu multiplier par 4,5 les dépenses de pension depuis 1960 ». Pourquoi une information aussi déterminante est-elle censurée ?

Parce que tout simplement un petit calcul facile, montrerait que ceux qui nous gouvernent, nous prennent pour des demeurés.

En effet : si aujourd'hui 10 actifs produisent un gâteau de 100 et qu'ils ont à charge 4 retraités. C'est 14 personnes qui se partagent un gâteau de 100. Ainsi la part de chaque personne est de (100 : 14) soit 7,14.

Si dans quarante ans, 10 actifs produisent un gâteau de 200 et qu'ils ont à charge 8 retraités. Ce seront 18 personnes qui se partageront un gâteau de 200. Ainsi la part de chaque personne sera de (200 : 18) soit 11,1.

C'est limpide ! Il sera donc possible de financer des retraites au même niveau qu'avant leur réforme .

Alors, où est donc le problème ?

Pourquoi cet acharnement à détruire un système qui fonctionne bien ?

Et bien, c’est pour faire avancer l’Europe comme disent nos fidèles serviteurs du capital. Oui, il faut que la Sécurité Sociale soit détruite au profit des financiers, que les cotisations sociales servent à réaliser des plus values boursières. La destruction de notre système de retraite, c’est la première étape qui prépare la mise en place des fonds de pensions à l’américaine où les retraites vont dépendre des spéculateurs boursiers. Et voici le résultat : cette photo est celle d’un retraité américain de 80 ans. Son fond de pension a explosé !

Non, il n’y a pas de problème de financement, contrairement aux mensonges que nos élites nous racontent. Bernard Friot a fait la démonstration. Et il faut ajouter qu’en taxant de 10% les 300 milliards d’euros de revenus financiers comme le sont ceux des salariés, cela dégagerait 30 milliards d’euros, + les 50 milliards du CICE, les 96 milliards de dividendes aux actionnaires, et les 80 milliards d’évasion fiscale. Cà en fait un pognon de dingue ! Mais il faut reprendre notre argent aux voleurs !

Déjà avec les hypothèses actuelles, le nouveau système conduirait à baisser de 15 à 25% le montant des retraites d’après un collectif d’experts.

Chers amis, il n’y a qu’un seul mot d’ordre : retrait du projet Macron-Delevoye - retour à la retraite à 60 ans et grève générale reconductible le 5 décembre. Nous participerons à la manifestation organisée par la CGT, FO, FSU et solidaire qui se déroulera à Metz.

Chers Amis, comme je l’ai dit au début de mon intervention, nos politiciens nous ont promis le paradis en 1992 lors de la signature du traité de Maastricht en évoquant les soit disant idéaux de liberté, de paix, de prospérité, de plein emploi et de solidarité incarnés par l’Europe. Oui, une vaste fumisterie ! Nous vivons un recul de civilisation et la pauvreté ne cesse d’augmenter.

Nous reprenons cette déclaration de Julien Lauprêtre, le regretté président du Secours Populaire français : « La misère avance, c’est un véritable raz-de-marée de la pauvreté en Europe, c’est la descente aux enfers ». Oui près de 10 millions de pauvres en France, 13 millions en Allemagne, 3 millions d’enfants pauvres en France et en Allemagne. Oui la pauvreté ne cesse de croître !

Et face à cette régression sociale, à cette misère, nous devrions encore nous taire d’après certains parlementaires, dont notre députée Mme Trisse, qui nous reprochent de faire trop de politique. Alors ça c’est la meilleure !!!

Nous sommes une organisation ouvrière qui défend les intérêts spécifiques des travailleurs frontaliers et comme il est stipulé dans nos statuts, nous montons sur les barricades quand la justice sociale est foulée aux pieds et ceci quelle que soit la couleur politique du gouvernement en place, et durant 42 ans nous n’avons jamais dévié de cette orientation prise en 1977.

Nous devrions donc nous taire, courber l’échine et accepter sans broncher le dynamitage de nos garanties collectives, des droits conquis par les travailleurs au long de décades de lutte parfois sanglantes ?

Mais c’est ahurissant ! A entendre nos gouvernants ce sont nos conquêtes ouvrières de 1936 et de 1945 qu’il faut liquider pour s’adapter à leur mondialisation qui ne génère que misère et guerre ; pour toujours engraisser davantage les milliardaires. Oui, nous devrions nous taire face à cette démolition sociale dictée par cette Union Européenne de malheur. Oui de malheur, un syndicaliste grec l’a si bien dit : « cette Union Européenne est l’union des loups capitalistes. » Oui, cette Union Européenne a été créée par et pour les capitalistes.

Et ils osent, Macron, Merkel et consorts, présenter l’Union Européenne comme le garant, le rempart de la civilisation, de la démocratie.

L’Union européenne rempart de la civilisation, de la démocratie ? Alors qu’elle soutient la spéculation boursière sur le riz, le blé par les grandes banques, par les 10 sociétés transcontinentales privées qui contrôlent 85% de la production, faisant mourir de faim 17 millions de personnes chaque année ; toutes les cinq secondes un enfant de moins de 10 ans meurt de faim sur la planète, 35.000 par jour, alors que la Terre pourrait nourrir sans problème le double de l’humanité actuelle.

Ce massacre quotidien par nos soi-disant « démocraties » devrait faire la « Une » tous les jours dans les médias. Comme le dit Jean Ziegler, éminent sociologue suisse, ce massacre quotidien de milliers d’enfants et d’adultes par la faim est fait de mains d’hommes. Ziegler en évoquant l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 qui a tué 2900 personnes dit que ce crime monstrueux habite encore la conscience collective. Mais, dit-il, ce même 11 septembre, comme chaque jour plus de 35.000 enfants âgés de moins de 10 ans sont morts de faim. Personne n’en a parlé. Et personne n’en parle. Oui, des crimes quotidiens contre l’humanité sont perpétrés par les choix politiques de nos gouvernements de l’UE aux ordres du capital financier et ils nous parlent de rempart de la civilisation ?

On nous serine avec la transition écologique à longueur d’antenne, alors que les gouvernements occidentaux laissent les multinationales européennes raser l’Amazonie le poumon de la planète : l’équivalent de deux mille terrains de football disparaît chaque jour. Et ces porte-conteneurs qui nous alimentent en produits que l’on fabriquait dans nos usines délocalisées, aujourd’hui ils brulent chacun 10.000 tonnes de carburant pour un aller et retour entre l’Asie et l’Europe.

Le gouvernement, les multinationales, l'UE, le rempart de la civilisation ? Ils se moquent de l'environnement, ces hypocrites. Ce sont en effet les mêmes, avec l’adoption du CETA et le Mercosur qui nous feront bouffer de la viande aux hormones interdits en France, le bétail nourri avec des farines animales interdites en France ; les mêmes qui organisent le tout camion, qui ferment les lignes de chemin de fer (remplacés par les « cars Macron ») et imposent la privatisation de la SNCF, la dégradation du service et la casse du fret ferroviaire. Ces hypocrites, ces chevaliers blancs, ces remparts de la civilisation, nous parlent d’écologie et en même temps la loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit près de 300 milliards d’euros de crédits cumulés sur sept ans pour les armées. 300 milliards pour la guerre, sur injonction du fou d’outre-Atlantique, le va-t’en guerre Trump qui a exigé au sommet de l’OTAN de ses « alliés » de faire passer à terme, à 4% de leur produit intérieur brut leurs dépenses de défense. Oui cette folle course militariste en marche se poursuit dans le concert des marchands d’armes où les dépenses militaires dans le monde en 2018 représentent 1.800 milliards de dollars. Et en même temps ces hypocrites ont organisé un Forum de la paix, alors que nous savons comme l’a dit Jean Jaures : « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »

L’Union européenne rempart de la civilisation, de la démocratie ? Qui trouve normal que 22 personnes sur la planète ont l’équivalent en revenus de 3,8 milliards de personnes les plus pauvres de la planète, qui trouve normal les salaires de 20 millions, 33 millions d’euros des dirigeants du CAC 40 et du DAX; qui encourage les scandaleuses délocalisations jetant à la rue des milliers de travailleurs ; qui trouve normal que les multinationales fraudent, falsifient, truquent leurs comptes, tuent, pillent les richesses du tiers monde, qui planque des centaines et des centaines de milliards d’euros dans les paradis fiscaux ? 1000 milliards d’évasion fiscale chaque année dans la zone euro. Il faut savoir que 21.000 milliards de dollars circulent librement à la vitesse de la lumière dans la spéculation et non dans l’économie réelle. Et à nous on dit que les caisses sont vides et qu’il faut faire des sacrifices ? Non, il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles. Il faut reprendre l’argent aux voleurs.

L’Union européenne rempart de la civilisation, de la démocratie ? Qui trouve normal la spoliation annuelle du capital au travail qui représente 10% du PIB : 200 milliards annuel. Oui, en 30 ans la rémunération du capital a volé au travail 10% du PIB. Des économistes sérieux ont calculé (ceux qu’on ne voit jamais à la télé) que ces 200 milliards annuels permettraient le financement de 4 millions de salaires à partir d’un salaire annuel de 40.000 euros, incluant les cotisations sociales.

L’Union européenne rempart de la civilisation, de la démocratie ? Qui soutient le libre-échange (dénoncé par Maurice Allais, prix Nobel d’économie) qui est la machine de guerre contre les systèmes de protection sociale et qui liquide nos entreprises. Il faut savoir que le cœur de la mondialisation est la libre circulation des capitaux autrement dit la libre évasion des capitaux et que ce sont des politiques qui l’ont mise en place suite à une avalanche de déréglementations.

L’Union européenne rempart de la civilisation, de la démocratie ? Alors qu’elle participe à toutes les opérations de guerre avec l’impérialisme américain déstabilisant les pays en les mettant à feu et à sang. L’Irak, la Lybie, la Syrie, la Palestine, le Yémen dans le seul but pour les multinationales d’accaparer les matières premières.

Oui, l’Union européenne rempart de la civilisation, de la DEMOCRATIE ? Souvenez-vous comment nos garants de la démocratie ont violé le vote souverain du peuple le 25 mai 2005, qui a dit non à 55% à la constitution européenne et après nos champions de la démocratie l’ont fait passer à l’assemblée nationale. Ce fut proprement un coup d’État contre le peuple.

Chers Amis, j’arrive à la fin de mon exposé et je pose la question :

Jusqu’à quand allons-nous accepter ce cynisme, cette volonté destructrice de tout ce qui appartient au bien commun ? Cà ne peut plus durer !

Dans tous les pays de l’UE se mènent les mêmes politiques anti-ouvrières et antidémocratiques. Cette Europe n’est pas la nôtre ont dit le 11 mai 600 militants ouvriers au meeting internationaliste à Strasbourg, ils sont venus d’Allemagne, de Belgique, de France, de Grande-Bretagne, de Grèce, de Hongrie, d’Irlande, d’Italie, du Portugal, de Roumanie, et de Suisse. Hans-Werner Schuster syndicaliste allemand est parmi nous ce matin, il était à ce meeting. Ils ont dit avec force que cette Europe est un instrument au service des puissants, les grandes multinationales, l’administration américaine et son bras armé l’OTAN.

Oui, nous vivons un véritable hold-up de nos conquêtes sociales historiques, en France et en Allemagne, arrachées par la lutte de classe durant plus d’un siècle.

Je pense à nos collègues de Halberg, St-Gobain Brebach, Ford, Saarsthal, ZF, Michelin à Roche sur Yon qui vont être jetés comme des malpropres.

C’est scandaleux de voir toute cette destruction d’emplois dont est responsable ce système capitaliste pourri par la spéculation, fondée sur la propriété privée des moyens de production. Ces milliers de travailleurs et leur famille qui vont vivre l’angoisse du chômage, de la précarité.

Encore combien de temps la classe ouvrière va-t-elle accepter cette compétition capitaliste ? Pour engraisser toujours plus ses actionnaires, les grandes entreprises détruisent les emplois, baissent les salaires et les gouvernements à leurs bottes dynamitent nos conquêtes sociales.

Et ces scandaleuses délocalisations, ZF en Hongrie, en Chine. Il faut savoir que ces délocalisations sont encouragées par cette UE de malheur, créée par et pour les capitalistes. Les travailleurs de Whirpool d’Amiens qui ont vu leur usine délocalisée en Pologne crient leur colère : « l’Europe a supprimé nos emplois. 

 

Face à cette guerre du capital menée contre la classe ouvrière, il faut que les directions syndicales soient dans une posture de radicalisation et préparent la grève générale.

Nos états-majors syndicaux doivent cesser de croire à la fable de l’Europe sociale qui est impossible dans le cadre des traités dictatoriaux de Maastricht et autres et qu’ils se libèrent de cette Confédération européenne des syndicats (CES) créée et financée par l’UE, qui joue parfaitement son rôle de division et de trahison des luttes. Elle est l’appendice de l’UE pour casser le syndicalisme de lutte et laisser les mains libres au grand patronat européen. Elle freine de tout son poids à Bruxelles afin que l’Europe des luttes ne se développe pas. Cette CES qui dit que la société n’est pas divisée en classe mais en groupes divers entre lesquels il faut chercher une bonne harmonie… ; qui dit qu’il faut sauver le capitalisme du capitalisme ; elle ne condamne pas les scandaleuses délocalisations mais qu’il faut les rendre acceptables. Et cette CES invite à ses congrès les fossoyeurs de nos conquêtes ouvrières : Les Barosso, Hollande, Junker, le roi de l’évasion fiscale. On croit rêver !

Le mot d’ordre doit être aujourd’hui de la part des directions syndicales: il faut rompre avec le système capitaliste et son instrument l’UE.

Elles doivent expliquer aux travailleurs qu’il ne sera pas possible d’en finir avec la régression sociale tant que les capitalistes conserveront la maîtrise des banques et des moyens de production ; en dénonçant cette spoliation annuelle d’évasion fiscale faite dans les poches des travailleurs ; en informant les travailleurs que ce carnage social, que les délocalisations sont dictés par les traités dictatoriaux européens.

Je reviens à Jean Ziegler, cet éminent sociologue suisse, je vous recommande son dernier livre intitulé : le capitalisme expliqué à ma petite fille, en espérant qu’elle en verra la fin. Il dit : « ce système ne peut être changé, ni transformé ; c’est un système cannibale, il faut le supprimer radicalement. »

Partout la révolte gronde ! Nous serons solidaires avec la grève générale dès le 5 décembre contre la destruction du système de retraite, contre la destruction de tous nos droits collectifs. Oui grève jusqu’au retrait total de la réforme Macron/Delevoye. Oui, il faut bloquer l’économie comme le signalent les organisations syndicales CGT – FO, Solidaires et FSU de la Moselle qui appellent à une grande manifestation à Metz le 5 décembre et les frontaliers battront le pavé avec eux.

Oui, gilets jaunes, rouges, blouses blanches, bleu de travail, cheminots, RATP, enseignants, pompiers, personnel soignant, étudiants, tous ensemble, il faut la convergence des luttes, tous ensemble et en même temps.

Ce qui est en jeu, c’est la préservation ou la disparition de tout ce que le combat ouvrier et démocratique a mis plus d’un siècle à édifier.

Il faut rendre gorge à la 3e fortune de monde un certain Waren Buffet qui pèse 80 milliards de dollars et qui a dit : « la guerre des classes, c’est un fait, mais c’est la mienne la classe des riches qui mène cette guerre et nous sommes en train de l’emporter. »

Oui, il faut leur rendre gorge ! Pas une roue ne tourne, pas une lumière ne brille sans la permission de la classe ouvrière. C’est cet énorme pouvoir qu’il faut mobiliser pour transformer la société, oui il faut un gouvernement ouvrier, et il faut rompre avec ce système capitaliste cannibale comme le dit Jean Ziegler.

Chers Amis, je termine. 1977-2019 ! 42 années de combat contre toutes les discriminations frappant les travailleurs et retraités frontaliers. De grandes revendications ont été satisfaites je les ai rappelées. Ces victoires ne sont pas tombées du ciel. Ce n’est que notre puissant collectif animé par la solidarité de ses membres que vous concrétisez aujourd’hui par votre présence, qui a arraché ces grandes victoires. La lutte continue contre la réforme du chômage, contre la CSG sur nos retraites, contre la non-reconnaissance des taux d’invalidité contre la spoliation fiscale des intérimaires. Et nous ne nous tairons pas, n’en déplaise à notre députée, et nous continuerons le combat contre le carnage social dicté par l’UE.

Je le répète, nous les travailleurs frontaliers, sommes les pionniers de l’Europe mais nous ne voulons pas de cette Europe du capital, de la spéculation, des paradis fiscaux, de la guerre. Nous ne voulons pas de cette Europe qui par la voix de Mario Draghi dit : « le modèle social européen est mort ».

Nous disons : unité des classes ouvrières européennes pour construire les États-Unis ouvriers d’Europe de la justice sociale, de la paix, débarrassés de l’exploitation capitaliste.

Vive le Comité des Frontaliers, vive la lutte de classe !

 

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