RAFFINERIE de GRANDPUITS : mise à l’arrêt complet du site pétrolier !

Publié le par FSC

SOURCE ACTU.fr

 

 

 Planté » sur le parking de la raffinerie Total de Grandpuits-Bailly-Carrois (Seine-et-Marne), le sapin de Noël est chétif mais décoré, symbole d’une lutte qui ne compte pas faire la trêve des confiseurs.

Lundi 23 décembre, sur les coups de 18h30, ils sont encore quelques-uns à se réchauffer autour d’un brasero dont les braises ne cessent de rougir. Il y a quelques heures, ils ont voté la reconduction de leur mouvement de grève contre le projet de réforme des retraites entamé il y a trois semaines, et la poursuite du blocage des expéditions de carburants. Avec une conséquence pour le moins radicale : la mise à l’arrêt complet du site pétrolier.

 

Avec les reconductions successives du mouvement, notre stock de carburant est arrivé en niveau haut ce qui force l’arrêt des installations, explique Marin Guillotin, responsable de la section syndicale Force ouvrière raffinage-énergie chez Total.
On ne voulait pas arrêter notre site, c’est notre outil de travail et ça ne fait jamais plaisir à personne, mais les salariés se sont exprimés de manière démocratique et majoritaire est disant qu’ils ne veulent plus délester. Plus une goutte ne sort.
C’est quelque chose dont tout le monde était conscient lors de l’entrée dans le mouvement et qui aurait pu être évité si Monsieur Macron avait retiré son projet de réforme. »

Depuis le 5 décembre et le début du mouvement, le site était parvenu à maintenir son activité grâce à des opérations de délestages ponctuels. Mais ce mardi 24 décembre, la direction du plus grand site pétrolier d’Ile-de-France annonce « vérifier et contrôler les procédures d’arrêt de la raffinerie ».

« Impossible d’aller jusqu’à 62 ans »

Les salariés grévistes, qui représentent 70% à 90% des 250 salariés postés en trois-huit, réclament « le retrait pur et simple de la réforme ». L’âge pivot de départ à la retraite, fixé à 64 ans, ne passe pas non plus, tout comme un certain manque de reconnaissance du Gouvernement face à la pénibilité d’un métier dans lequel certains salariés travaillent toujours quotidiennement au milieu des odeurs de carburants.

Ils demandent aussi le maintien de la clause de pénibilité qui permet aux salariés de partir à la retraite 5 ans plus tôt après 25 ans de trois-huit.

Gaël, 38 ans, est opérateur et pompier à Grandpuits depuis 15 ans. Il est notamment chargé de vérifier le bon fonctionnement des unités et prélever des échantillons de contrôle. Toute l’année, il travaille en extérieur, quel que soit le temps, dans le bruit incessant des installations :

Ce qui est dur, ce sont les trois-huit. On enchaîne sept jours de travail d’affilée, suivis de 4 ou 5 jours de repos suivant nos circuits. C’est difficile pour notre vie privée, 60% à 70% de mes collègues sont divorcés. Même si les conditions de travail se sont améliorées depuis 10 ans, qu’on a des protections, on respire toujours des hydrocarbures, on continue de manipuler des produits chimiques, d’être en contact avec ces substances. »

Entré sur le marché du travail à 21 ans, il a déjà perdu 2 ans de retraite avec la réforme Fillon de 2010. « Pour le moment,  je partirais autour de 57 ans, mais ce qui est sûr, c’est que physiquement ce sera impossible d’aller jusqu’à 62 ans ou 64 ans. Des collègues qui décèdent dans l’année suivant leur départ à la retraite, j’en ai vu plusieurs ! »


Le gréviste dénonce aussi une réforme en trompe-l’œil : « Quand on vous dit qu’on peut vivre avec 1 000 euros de retraite, ce n’est pas vrai. Surtout après 43 ans de travail. Les femmes vont également être pénalisées par le nouveau mode de calcul qui va prendre en compte l’intégralité de la carrière. »

En attendant, les salariés mobilisés comptent poursuivre leur mouvement aussi longtemps qu’il le faudra. « Une raffinerie n’est pas une chocolaterie, ça ne s’arrête pas comme ça, précise néanmoins Marin Guillotin. Nous sommes sur un site Seveso 3 seuil haut, ce qui implique qu’il y ait régulièrement des tournées de sécurité. Nous sommes responsables, les non-grévistes, dont on respecte le choix, ne cesseront pas leur activité. » Avant de conclure, plus mobilisé que jamais :

Je vais passer Noël dehors à 400 km de ma fille, mais c’est pour une bonne cause. Je serai là à me battre pour ma retraite et surtout la sienne. »

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