Procès ASSANGE : crimes d'état maquillés en sécurité nationale et identité des sources

Publié le par FSC

Et il  n'est pas donc pas étonnant que les représentants des Etats-Unis dénie à ASSANGE (comme certains journalistes et certains éditocrates qui entretiennent le doute en adoptant des éléments de langage pour parler d'ASSANGEcomme d'un personnage "controversé" ), dénie la qualification de journaliste.

Pour pouvoir le condamner après l'avoir martyrisé et adresser un message d'intimidation à tous ceux qui seraient en mesure de dénoncer les crimes que les USA commettent dans leurs ingérences guerrières !

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ARTICLE du MONDE

« Julian Assange n’est pas un journaliste. » Dès les premières minutes de l’audience d’extradition visant le fondateur de WikiLeaks, qui s’est ouverte lundi 24 février en fin de matinée à Londres, James Lewis, l’avocat représentant les Etats-Unis, a donné le ton. « Ce que Julian Assange cherche à défendre comme relevant de la liberté d’expression n’est pas une question de publication d’informations, mais celle de l’identité de sources », a-t-il asséné dans ses remarques préliminaires, alors que l’administration américaine a formellement inculpé Julian Assange pour espionnage en mai dernier.

Dans ses remarques, James Lewis a reproché directement à Julian Assange la publication, par le site WikiLeaks au début des années 2010, de certains documents secrets, affichant des informations sensibles – en particulier celles de sources ayant informé l’armée et la diplomatie américaine. « Les Etats-Unis ont eu connaissance de sources, dont l’identité figurait dans des documents publiés par WikiLeaks, qui ont disparu, même si les Etats-Unis ne peuvent pas prouver que leur disparition est liée à leur exposition par WikiLeaks », a déclaré M. Lewis, annonçant ce qui devrait être l’un des grands axes d’attaque de l’accusation contre Julian Assange.

Le principal intéressé encourt, pour ces raisons, jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis, la justice américaine ayant retenu dix-huit chefs d’accusation à son encontre. Une menace qui deviendra d’autant plus concrète si la justice britannique accepte de l’extrader aux Etats-Unis à l’issue de ce procès hors norme, prévu pour durer plusieurs semaines.


Avant cela, Julian Assange, emprisonné à Londres depuis son arrestation en avril 2019, est apparu devant la juge britannique Vanessa Baraitser vêtu d’un pull gris clair sous une veste gris foncé. Il s’est longuement plongé dans des liasses de documents remis par ses avocats pendant que l’accusation égrenait les chefs d’accusation, avant d’assister au débat accoudé au banc des accusés, sans aucune réaction apparente.

Tout juste a-t-il levé le poing à plusieurs reprises en direction de ses soutiens, présents en petit nombre dans la salle d’audience. Dans la matinée, il a seulement pris la parole, brièvement et sans y être formellement autorisé, pour se plaindre de mal entendre les débats, en partie à cause des manifestations se tenant à l’extérieur du tribunal londonien.

 


Des soutiens à Julian Assange près de la prison de Belmarsh, le 24 février. DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP


Le ciel bas et la pluie battante n’ont en effet pas découragé quelques dizaines de soutiens d’Assange de venir manifester devant l’austère Woolwich Crown Court, mitoyenne de la prison de haute sécurité de Belmarsh où est emprisonné M. Assange depuis son arrestation à l’ambassade d’Equateur. Parmi eux, de nombreux « gilets jaunes » – et notamment Maxime Nicolle, une des figures du mouvement – venus spécialement de France. « Free, free, free Assange », « On est là for Julian Assange », ont-ils notamment chanté tout au long de la journée, mégaphone à la main. Une manifestante a été arrêtée par la police britannique après avoir répandu de la peinture rouge sur le sol.

Lors de l’audience, James Lewis, toujours pour l’accusation américaine, a tenté de circonscrire les débats : « Il ne s’agit pas d’un procès : la culpabilité ou l’innocence de M. Assange seront déterminées aux Etats-Unis, pas ici. Ce n’est pas au tribunal de déterminer si Assange est un journaliste, un lanceur d’alerte ou un hackeur. » Selon lui, la peine de prison à laquelle pourrait être condamné M. Assange aux Etats-Unis serait bien plus courte que la peine théorique totale. Il a aussi écarté l’idée que l’extradition pouvait être empêchée par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, à laquelle le Royaume-Uni est partie, et qui protège la liberté d’expression.

« Risque élevé de suicide » en cas d’extradition

Ce que conteste l’équipe de défense d’Assange, qui argue que l’envoyer aux Etats-Unis pour un procès en vertu de l’Espionage Act – un texte de loi américain extrêmement dur – violerait ses droits et sa liberté d’expression au sens de la Convention européenne.

Tous les arguments légaux possibles semblent, du reste, devoir être utilisés par les avocats de l’Australien dans les jours à venir. En premier lieu l’aspect politique qu’ils prêtent à l’accusation américaine. « Cette accusation n’est pas motivée par le droit mais par la politique. Elle est dirigée contre Julian Assange en raison de ses convictions politiques », a expliqué, dans ses remarques préliminaires, Edward Fitzgerald, l’avocat représentant Julian Assange. Il a souligné à cette occasion « l’importance des révélations amenées par WikiLeaks et Julian Assange ».

 « Julian Assange fait l’objet d’une persécution politique »


Transférer Julian Assange aux Etats-Unis l’exposerait de surcroît « à des traitements inhumains et dégradants dans les prisons américaines », a argué son avocat, alors que la santé de l’intéressé est très mauvaise, selon ses conseillers. Edward Fitzgerald a même cité « un risque élevé de suicide » en cas d’extradition.

 

 Croquis de l’équipe de défense de Julian Assange à Londres, le 24 février : Edward Fitzgerald à gauche, et Mark Simmons, à droite.

L’avocat a aussi insisté sur la surveillance dont a fait l’objet Julian Assange lorsqu’il était confiné dans l’ambassade équatorienne de Londres, entre 2012 et 2019. « Nous savons que les services de renseignement américains recevaient des informations sur ce qu’il se passait dans l’ambassade », une « surveillance illégale », selon l’avocat.

« Abus de pouvoir »

La défense a aussi fait mention de la rencontre entre Dana Rohrabacher, ancien député américain, et Julian Assange, en 2017. Selon eux, l’homme politique aurait affirmé avoir été mandaté par Donald Trump et avoir prévu une entrevue avec le président américain pour lui exposer les résultats de cette réunion.

Toujours selon les avocats d’Assange, qui n’ont pas apporté de preuves sur ce point à ce stade, une proposition d’accord aurait été formulée auprès de l’Australien : des poursuites judiciaires pourraient être abandonnées aux Etats-Unis en échange d’informations sur la source des e-mails du Parti démocrate publiés par WikiLeaks lors de l’élection de 2016. Une version des faits cependant contestée il y a quelques jours par Dana Rohrabacher lui-même.

« Brandir la menace de poursuites en échange d’informations montre que l’accusation est entachée de motivations politiques et d’abus de pouvoir. Cela montre que la ligne entre le pouvoir exécutif et la justice est floue », a ajouté Edward Fitzgerald.

 

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