FERRAT c'est nous !
SOURCE : Là bas si j'y suis
Il y a dix ans, le 13 mars 2010, Ferrat prenait le dernier train. Dix ans, mais le temps n’efface pas sa popularité. En cette année où l’on va célébrer de Gaulle et sa « certaine idée de la France », il faudra évoquer l’idée très différente que Jean Ferrat osa opposer au tout puissant général.
Sortie en 1969, sa chanson « Ma France » fut interdite par l’ORTF pendant deux ans. Motif ? Une attaque insupportable contre le pouvoir gaulliste. « Cet air de liberté au-delà des frontières (…) dont vous usurpez aujourd’hui le prestige », ou encore, cette France, « celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs ». Oui, pour ces mots-là, il fut interdit d’antenne nationale. On ne remerciera jamais assez les censeurs de l’ORTF d’avoir fait d’un simple chansonnier un immense poète populaire. Il fallut attendre la mort de De Gaulle pour que la chanson passe sur les antennes et que Jean Ferrat soit à nouveau invité sur les plateaux. Pas longtemps. En 1972, il claquait la porte du show-biz et partait pour son Ardèche. Sans rancune et même inquiet de ne plus être interdit. « Quand on n’interdira plus mes chansons / Je serai bon à jeter sous les ponts ».
En partant il y a dix ans, Jean Ferrat laissait les 200 chansons qu’il a enregistrées. À côté des titres qui font partie de nos vies, il reste beaucoup à découvrir. En 1985, pour la sortie de Je ne suis qu’un cri, sur des textes de son ami Guy Thomas, Antenne 2 présentait Ferrat 85, un entretien de Bernard Pivot avec Jean Ferrat, chez lui à Antraigues avec une quinzaine de chansons – dont certaines restent une découverte. À noter, « La Porte à droite », où Ferrat dénonce le « tournant de la rigueur » de 1983, c’est-à-dire la conversion de la gauche socialiste au néolibéralisme…
MA FRANCE :