l' URGENCE

Publié le par FSC

 

Et pendant ce temps ils continuent, profitent de la crise pour préparer leur nouvel enrichissement d'après la crise sanitaire.

Et les assurances refusent auprès des petites entreprises directement frappées de les indemniser au prétexte que les risques pandémiques en figurent pas dans les contrats d'assurance.

Un monde avec lequel il faudra en finir !

 

 

De fait, la fièvre acheteuse des patrons s’est brusquement réveillée, à partir du 20 février, avec la chute libre du CAC. Ce n’est pas Bernard Arnault, le patron de LVMH, homme le plus riche de France – et, selon les cours du jour, du monde – qui le contredira. Depuis le 1er janvier, la valeur de l’action de son groupe a baissé de près de 30%. Cette chute ne l’a pas dissuadé d’acheter, via ses sociétés personnelles (Financière Jean Goujon, Financière Agache), quelque 160’000 actions autour de 350 euros – soit environ 25% moins cher que leur valeur avant la crise. Economie pour ses finances: 20 millions.

Chez le groupe hôtelier Accor qui en deux mois a perdu plus de 40% de sa valeur, Sébastien Bazin, le pédégé, a acheté, le 12 mars, via sa holding Bazeo Europe, 50’000 actions à 23 euros l’une – contre 40 euros avant la chute. L’un des principaux administrateurs, Sarmad Zok, en a raflé, quant à lui, plus de 40’000, à environ 35 euros. Quant à Paul Dubrule, cofondateur du groupe – et encore administrateur –, il a acquis 15’000 actions à environ 34 euros.

Finances bien gérées

Chez PSA, la famille Peugeot, qui possède 13% du capital, ne s’est pas oubliée. La chute du cours (-40% en deux mois) aurait dû la désoler; elle lui a, au contraire, ouvert l’appétit. Sa holding patrimoniale FFP a annoncé un plan d’achat de quelque 40 millions d’actions, afin de tenter de faire jeu égal avec la famille Agnelli, au terme de la fusion avec Fiat Chrysler. Une opération prévue de longue date mais qui, grâce à la chute de la Bourse, a commencé à se faire à très bon compte: 14 euros, au lieu de 20 il y a deux mois.

Autre famille très active dans la tourmente: la branche française des Rothschild. Alexandre et David – directement ou à travers la holding Concordia – ont racheté en deux jours, les 11 et 12 mars, 570’000 actions de la banque Rothschild & Co, pour un prix inférieur de plus d’un tiers à ce qu’il était un mois plus tôt (16,60 euros, contre 25,50).

Et, pour faire bonne mesure, le gérant de la banque, François Pérol, ex-secrétaire général de l’Elysée sous Sarkozy, a aussi cotisé pour 10’000 actions, le 11 mars, mais à 17,40 euros. Histoire de ne pas vexer le patron en faisant de plus gros bénef? Dans la finance, toujours, le patron de la BNP, Jean Lemierre, a acheté, les 8 et 13 mars, 5000 titres de sa boîte à environ 34 euros, alors qu’ils en valaient 50 un mois plus tôt. Le directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, s’est offert, lui aussi, 10’000 actions, mais à un prix légèrement supérieur: 38 euros.

Chez Dassault, on spécule en famille: Groupe industriel Marcel Dassault, la holding familiale, a acquis quelque 160’000 actions Dassault Systèmes au prix moyen d’environ 135 euros, soit 15% de moins que deux semaines auparavant. D’autres membres de la famille – Laurent, le président du groupe, et Catherine et François, administrateurs – se sont partagé un peu plus de 10’000 actions au même prix.

De nombreux dirigeants de boîtes dans le luxe (Hermès), la distribution (Fnac, Carrefour), le BTP (Vinci, Eiffage), l’immobilier (Unibail), la communication (Vivendi), l’alimentation (Pernod), les services (Veolia), la banque (Société générale) ou l’industrie (Renault) ont aussi profité de la manne boursière. Connaissant parfaitement leur groupe et étant en quelque sorte des initiés, ils ne font pourtant rien d’illégal.

Il est en tout cas rassurant de constater que ces patrons sont convaincus que la Bourse gagnera la «guerre» contre le virus. (Article paru dans Le Canard enchaîné, le 18 mars 2020)

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Et si Bruno LE MAIRE s'alarme c'est qu'il craint plus que tout la prise de conscience par beaucoup de travailleurs et de citoyens que les mesures prises par le gouvernement visent à préserver et les profits et les pouvoirs de leur classe et ceux des privilégiés.

Comme l'illustre le fait que la loi sur l'urgence sanitaire ne prévoit aucun plan d'urgence pour l'hôpital, nulle réquisition des cliniques privées, ni de contraindre légalement les assurances à couvrir les petites entreprises ou à taxer les dividendes que le CAC 40 s'apprête à distribuer aux actionnaires!

 

BOURSORAMA le site boursier annonce cette “bonne nouvelle”, alors qu’il faudrait absolument bloquer les dividendes versés aux boursicoteurs.

En ce printemps 2020 marqué par les crises sanitaire et boursière, les entreprises européennes commencent à distribuer à leurs actionnaires les quelques 359 milliards d’euros de dividendes, correspondant aux gains 2019… Une année record, mais dont l’euphorie pourrait bien être altérée par l’année beaucoup plus compliquée sur le plan économique qui se prépare…

L’Europe, championne 2019 de la distribution de dividendes

Ce sont donc environ 359 milliards d’euros de dividendes – soit 12 milliards de plus que l’an passé –

 

que les entreprises européennes sont en train de verser à leurs actionnaires… L’Asie ou les Etats-Unis en rougissaient d’envie, avant même le début de la crise du coronavirus. Considérées jusqu’il y a encore quelques semaines comme des « valeurs sures », les rémunérations des actions des entreprises européennes s’avéraient en effet être les plus intéressantes du marché. A titre de comparaison les Etats Unis bénéficiaient d’un rendement (c’est à dire la part de dividendes par rapport à la capitalisation totale d’un titre) de 2%, tandis que la Chine affichait un rendement de 2%, le Japon 2,3%… Et le vieux continent : 3,7% ! En Europe, la France a tout particulièrement tiré son épingle du jeu avec un volume de dividendes qui a bondi de 12% par rapport à 2018 ; les actionnaires du CAC 40 se voient actuellement répartir une enveloppe d’environ 60 millions d’euros. De quoi donner le sourire aux actionnaires européens qui, comme partout dans le monde, voient se profiler une année 2020 qui devrait être nettement moins performante…

La crise actuelle peut elle impacter les versements dus au titre de 2019 ?

La grande majorité des sociétés du CAC 40 et SBF 120 ont déjà publié leurs résultats annuels 2019 ; et cela devrait assurer le versement des dividendes. Mais …A situation exceptionnelles ; mesures exceptionnelles. Ainsi, par exemple, la société Tarkett, le spécialiste des revêtements de sol et des surfaces sportives, annonçait le 18 mars que son Directoire proposait, à titre exceptionnel, une modification de distribution des dividendes pour 2020. Ainsi, le montant initialement annoncé par action va être amputé de 0,24 € : « Dans un contexte économique incertain, nous mettons en œuvre toutes les actions nécessaires pour protéger nos cash-flows et adapter le groupe à ce nouvel environnement. Tout en gérant de manière rigoureuse la situation actuelle et ses effets immédiats, Tarkett reste pleinement engagé dans l’exécution de ses initiatives stratégiques, et notamment son programme de réduction des coûts, pour atteindre ses objectifs financiers à moyen terme » … déclarait ainsi cette entreprise dont les superbes performances boursières étaient encore soulignées à la mi-février… Si pour l’heure, la cas Tarkett est encore isolé, rien ne garantit que l’initiative ne fera pas tache d’huile, alors que démarrent tout juste les convocations aux assemblées générales d’actionnaires. En tout état de cause, les résultats 2020 des entreprises en Europe ou ailleurs dans le monde risquent de marquer le pas. Les records de 2019 s’avèrent d’ores et déjà bien compliqués à battre.

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