Amazon, la colère trouve un écho aux États-Unis

Publié le par FSC

 

SOURCE : L'Humanité

Le distributeur en ligne américain est confronté à une grève outre-Atlantique. En France, la justice se prononcera le 24 avril sur la restriction de ses activités.

Amazon s’invite une nouvelle fois dans l’actualité mondiale du confinement imposé par la pandémie de Covid-19. C’est à présent aux États-Unis que se joue un nouveau bras de fer entre ce géant de la distribution en ligne et les salariés. Ces derniers, plus de 300, décident d’un débrayage à partir de ce mardi 21 avril afin d’arracher à leur employeur des conditions sanitaires à hauteur des risques encourus, notamment dans les entrepôts. La mobilisation est inédite. Il s’agit de « la plus grande action de masse des travailleurs à ce jour, alors que les frustrations montent autour de la défaillance de l’entreprise à protéger les travailleurs et la santé publique face à l’épidémie de coronavirus », dénonce le regroupement d’associations Athéna (Alliance nationale des sciences humaines et sociales), cité par l’AFP.

« Nous devons chaque jour faire un choix impossible »

Ce mouvement est lancé à trois jours d’une grève en ligne de codeurs et ingénieurs du groupe, rapporte la même source. Selon Athéna, des cas de contamination au coronavirus ont été signalés dans 130 entrepôts, certains enregistrant jusqu’à 30 cas. Pas de quoi alerter outre mesure les dirigeants d’Amazon, plutôt prompts à répondre par des décisions de licenciement des protestataires. Du coup, dans le contexte actuel de la pandémie, les salariés ont le sentiment de subir un chantage. « Nous devons chaque jour faire un choix impossible : nous rendre sur un lieu de travail qui n’est pas sûr ou risquer de perdre un chèque de salaire en plein cœur d’une récession mondiale »,explique un employé de la plateforme Amazon de Romulus, dans le Michigan. Pas question de céder pour autant : « Nous ne serons pas intimidés. Notre santé et celle de tous sont trop importantes », assure-t-il.

Les résultats du groupe comparables à la période de Noël

Amazon affirme, pour sa part, avoir distribué des millions de masques et mis en place des contrôles de température sur tous ses sites américains et européens. Pas de quoi blanchir le groupe dont les démêlés avec la justice française se poursuivent. La cour d’appel de Versailles examinait, mardi, son recours après la décision lui ordonnant de restreindre ses activités. Amazon sera fixé vendredi prochain, à 14 heures. Sa filière française décide de fermer entre-temps tous ses entrepôts jusqu’à cette date. Le groupe surfe en fait sur l’explosion de la demande provoquée par le confinement. Il met en avant la pression de la clientèle sur les entrepôts et centres logistiques pour camoufler les graves insuffisances au plan sanitaire. « Amazon est une société qui est absolument nécessaire à la continuité de la vie de la nation. Elle doit pouvoir continuer ses activités de manière normale, comme d’autres ont pu le faire ! » plaide l’avocat de la firme devant la cour d’appel.

« On a constaté qu’il y avait un problème lié à la santé et à la sécurité des collaborateurs chez Amazon. L’ensemble des organisations syndicales considère que des manquements graves ont été commis »,lui rétorque Jonathan Cadot, avocat des syndicats. La triste réalité dont est en fait coupable le distributeur. Mais pas seulement. « Pendant que les petits libraires sont en train de fermer, Amazon fait des résultats à peu près comparables à la période de Noël, son cours monte en Bourse et son dirigeant, Jeff Bezos, a fait 24 milliards d’euros de rentrée d’argent depuis le début de la pandémie ! » rappelle, par ailleurs, Me Judith Krivine, au nom des syndicats. Les salariés, quant à eux, comptent leurs sous, la peur au ventre. 

par  Nadjib Touaibia ,

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