SECOURS POPULAIRE NICE : la solidarité sur le terrain

Publié le par FSC

 

Françoise devait reprendre son travail de saisonnière dans un restaurant de la vieille ville de Nice (Alpes-Maritimes) début mars. Mais le confinement en a décidé autrement. Depuis quatre semaines, elle vit dans l'unique pièce de son appartement de 30 m2 avec sa fille. Dès le loyer et la mensualité de son crédit de surendettement payés, il reste moins de deux euros par jour à Françoise pour vivre.
Elle n'est pas la seule. "Il y a de plus en plus de gens en grande précarité", constate Maryline, bénévole depuis plus de 35 ans au Secours populaire français à Nice. Dès le premier jour du confinement, l'antenne niçoise a décide de contacter les 4 000 personnes de son fichier, y compris les anciens bénéficiaires. Environ 25% de ces personnes avaient retrouvé une autonomie financière avant le 17 mars. Mais depuis leur situation se dégrade. La plupart ont perdu leur travail d'appoint, "en intérim, saisonnier ou non déclaré". 
Parmi les bénéficiaires du Secours populaire français, il y a aussi beaucoup de mamans célibataires à qui le père des enfants ne paie pas la pension alimentaire. "Nous avons distribué pour environ 10 000 euros de couches et lait maternisé depuis le début de la crise", estime Jean Stellittano, secrétaire général de la fédération des Alpes-Maritimes du Secours populaire, interrogé par franceinfo. Mais il y aussi des personnes qui "vivaient bien avant le confinement", remarque la bénévole.
Comme ce père de famille, qui aujourd'hui mange grâce l'aide du Secours populaire français. L'entreprise qui l'employait en contrat à durée déterminée a fait faillite au début de la crise économique liée au Covid-19. Le patron est parti sans laisser d'adresse et sans le licencier. Sans chômage et sans recours possible aux prud'hommes, majoritairement fermés pendant le confinement, ce père de famille ne peut plus payer le loyer et nourrir sa famille. Et comme à cette autre maman qui n'a pas vu son contrat dans une école primaire renouvelé après la fermeture des établissements scolaires le 13 mars. En attendant l'ouverture de ses droits au chômage, elle vient au Secours populaire français.

"Les gens se battent, c'est de la folie"
"Nous avons aussi beaucoup d'autoentrepreneurs qui arrivent, remarque Jean Stellittano. Sans activité ils se retrouvent sans argent pour s'acheter à manger."
Cette crise alimentaire qui frappe les plus démunis, Jean Stellittano l'explique par la conjonction de deux phénomènes : "D'un côté, des personnes ont perdu du jour au lendemain tout ou partie de leur revenu précaire. De l'autre, 80 à 90% des épiceries sociales vers lesquelles elles pouvaient se retourner, ne pouvant plus acheter dans les grandes surfaces à bas prix, ont fermé." Alors dans les Alpes-Maritimes, le Secours populaire français a même décidé d'élargir ses heures et ses jours d'ouverture.
Deux fois par semaine, Françoise sort ainsi récupérer son colis alimentaire à l'association. "Les gens se battent pour récupérer leur colis, c'est de la folie", raconte-t-elle. Aujourd'hui elle est arrivée trop tard, il n'y avait plus de fruits et légumes. Pourtant, les équipes de bénévoles ne chôment pas. Ils distribuent 1 500 repas par jour.
Le Secours populaire a également mis en place des livraisons à domicile, pour ceux qui ne peuvent sortir. A l'instar de cette maman, qui a récemment quitté son domicile pour maltraitance et qui se retrouve seule, sans revenu avec quatre enfants en bas âge. Ou encore les personnes âgées isolées à l'image de "ce grand-père qui nous a demandé si nous pouvions nous dépêcher car cela faisait trois jours qu'il n'avait pas mangé", raconte Maryline.

"C'est dur mais on s'en sort"


"Et puis il y a ceux qu'on ne voit pas", souligne la bénévole, qui s'inquiète pour toutes celles et ceux qui n'osent pas venir et qui "se mettent en danger en creusant leurs dettes et en ne s'alimentant pas ou peu". D'autant que le confinement et la précarité joue sur le moral des bénéficiaires. Alors une bénévole du Secours populaire appelle Françoise pour savoir comment cela se passe à la maison, avec sa fille.
"Souvent quand ils nous appellent pour l'alimentation, ils nous confient qu'ils ne peuvent plus payer leur loyer. On leur explique que pour l'instant ils ne peuvent pas être expulser et qu'on s'occupera après de leurs dettes. D'abord les besoins vitaux : un toit et manger tous les jours", martèle Maryline. Beaucoup de familles sont également soucieuses pour la scolarité de leurs enfants n'ayant pas d'accès à un ordinateur ou manquant de fournitures scolaires.
Mais pour l'instant, les "anciens" du Secours populaire français, comme Maryline ou Jean Stellittano, ne pensent pas à l'après. Ils se serrent les coudes, heureux d'avoir accueilli en quelques jours 200 nouveaux et jeunes bénévoles inscrits à la réserve civique. "Grâce à eux, on peut apporter toute la solidarité dont ont besoin les familles", salue Maryline. Car dans ces associations caritatives qui fonctionnent grâce au bénévolat, 80% des bénévoles sont des séniors qui doivent actuellement rester confinés. Elles ont aussi besoin de moyens. 
Françoise retournera demain à l'antenne du Secours populaire français de Nice chercher ses fruits et légumes qu'elle n'a pas pu avoir aujourd'hui. "C'est dur mais on s'en sort grâce à la formidable équipe du Secours populaire", conclut la cinquantenaire.   

* Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressée. 

 

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