AMAZON peut PLIER !

Publié le par FSC

Contrairement à l'aura de toute-puissance tissée autour d'Amazon, l'expérience montre que l'action des personnels, des syndicats appuyée sur l'opinion peut contraindre  les nouveaux " héros" de la "nouvelle économie" à au moins tenir compte des exigences sociales.

Exigences dont il prétendait s'exonérer avec la toute bienveillance des pouvoirs à sa dévotion.

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Une vraie évaluation sanitaire et un accord d’entreprise
En première instance comme en appel, les juges avaient exigé d’Amazon une véritable stratégie sanitaire en réponse au Covid, à laquelle les élus du personnel devaient être associés. En l’attente d’un tel accord, l’activité des entrepôts se voyait limitée. La direction avait préféré les fermer en essayant de monter clients, vendeurs tiers et travailleurs contre les syndicats, accusés du blocage. « Comme on proposait la reprise du travail progressivement depuis mi-avril, que deux jugements lui ont été contraires, que l’inspection du travail l’a mise en demeure, puis lui a refusé le recours au chômage partiel, la direction a fini par revenir à la raison », pointe Laurent Degousée. Et ça n’a pas été simple. Amazon a d’abord voulu se pourvoir en cassation. Puis a sorti de son chapeau l’idée de surveiller les entrepôts avec des caméras thermiques pour identifier des salariés fiévreux – ce que même le constructeur de la caméra assure impossible –, s’est fait tancer par un expert mandaté, avant, enfin, d’accepter de négocier. La chute du chiffre d’affaires, aussi, a pu jouer. Amazon France se plaint d’un million d’euros de perte par jour. C’est moins, selon SUD, car les livraisons continuent, depuis les entrepôts allemands ou espagnols. « Les camarades d’Amazon transport disent que le volume a tout de même baissé, et que les coûts de transport ont augmenté », note Laurent Degousée.

Outre une vraie évaluation sanitaire, qui va s’échelonner jusqu’au 2 juin et sera suivie d’un accord d’entreprise, les syndicats ont obtenu que la reprise du travail à 50 % de l’activité dès ce mardi se fasse sur la base du volontariat. Que les non-volontaires seront payés en intégralité, mais que ceux qui le sont perçoivent une hausse de salaire horaire de 2 euros – et non une prime – en guise d’incitation sur la période.

Seule ombre au tableau, pas de droit de retrait

Une pause de quinze minutes payée en fin du temps de travail permettra aussi aux salariés de passer aux vestiaires sans qu’ils y croisent l’équipe suivante, et ainsi de respecter les distances de sécurité. Seule ombre au tableau, la direction est restée ferme sur les droits de retrait, qu’elle refuse de reconnaître. « Il y a environ 350 dossiers, pour la majorité de un à trois jours, mais j’en ai aussi d’un mois, explique Laurent Dégousée. J’en ai déposé une première vague de 11 aux prud’hommes, mais j’espère que la direction se montrera raisonnable d’ici là. »

Si la victoire est nette pour les salariés et les syndicats, selon SUD commerces, Amazon devrait sortir renforcée de la période. Elle a gagné de nouveaux clients et montré qu’à part l’inspection du travail, le gouvernement n’avait pas osé se dresser contre elle, ne serait-ce que pour simplement lui demander de respecter les décisions de justice.

par  Pierric Marissal ,
 

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