Soignants sacrifiés au profit du marché et de la grande distribution !

La gestion de la crise par le pouvoir est - nous l'avons déjà dit - révélatrice de toutes les tares du système et des principes et priorités qui guident les choix essentiels qui sont effectués par lui.
Le choix du confinement illustre à la fois la priorité donnée aux impératifs de santé au détriment des impératifs économiques (l'opinion aurait-elle toléré l'inverse ?) ET la conscience que le système de santé considérablement affaibli par les politiques d'austérité et de casse du service public n'était pas en mesure de faire face à un afflux trop élevé de malades gravement atteints.
Mais à partir de ce choix la forte inclinaison du pouvoir de privilégier le profit et les force économiques dominantes transparaît fortement :
- refus de distinguer productions essentielles et autres productions
- choix scolaires guidés par la volonté de faire reprendre le travail à tout prix
- caractéristiques de la loi d'urgence sanitaire s'en prenant aux garanties du code du travail et mettant les salariés à la merci des désideratas patronaux.
L"absence totale de planification dans les mesures et le calendrier de confinement et de dé-confinement, l'absence de mesures de réquisitions sur les moyens de protection indique l'absence d'un choix prioritaire absolu à la protection des personnels soignants laissant fonctionner en pleine crise la loi du marché.
Les réticences - c'est une litote - aux réquisitions c'est le pendant de la liberté totale laissée au capital et à ses servants tandis que les contraintes et les ukases sont réservés au peuple et aux travailleurs.
Choix de classe, choix qu'il va falloir remettre effectivement en cause dans le jour d'après si l'on veut remettre les choses à l'endroit!
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Oui, nous sommes encore dans une pénurie persistante, certes moins aiguë, mais une pénurie persistante des moyens de protection dont les masques
Les ordres des professions de santé se sont offusquées, dans un texte cinglant, du nombre "sidérant" de masques annoncé à la vente par la grande distribution, quand ils ont cruellement manqué aux soignants et aux patients les plus fragiles. Pour le Dr Jean-Marcel Mourgues, médecin généraliste dans le Sud-ouest et vice-président du conseil national de l'Ordre des médecins,
"il faut absolument que ces masques là, soient l'objet des professionnels de santé."
Pourquoi êtes-vous indigné de cette vente ?
Pour mieux évacuer les choses, il est bien évidemment, nullement question d'une quelconque polémique avec la grande distribution. Rappelons quelques objectifs simples. Les objectifs de santé publique, de protection de la population et de protection des professionnels de santé. À ce sujet-là, pour les seuls médecins, il faut rappeler que 25 d'entre-eux, au moins, sont décédés d'une contamination par le Covid-19, que plusieurs dizaines sont en réanimation, avec un pronostic hélas, réservé. Donc oui, l'approvisionnement en matériel de protection, dont les masques, reste encore aujourd'hui très en tension.
Les pouvoirs publics ont affirmé à maintes reprises l'orientation impérieuse et prioritaire des masques FFP2 et des masques chirurgicaux FFP1, aux professionnels de santé, pas plus tard qu'il y a encore quelques jours. Faut-il rappeler aussi les incertitudes épidémiologiques vis-à-vis du déconfinement ? Qu'est-ce que va donner le déconfinement ?
Vous n'avez pas encore tous les masques qu'il vous faut ?
Il n'y en a pas assez. Faut-il rappeler que des professionnels de santé, dont les podologues, les kinésithérapeutes, ont complètement arrêté, ou ont très fortement diminué leur activité parce qu'ils n'avaient pas assez de masques ? Faut-il dire aussi qu'il y a une incertitude épidémiologique ? On espère bien évidemment la réussite du déconfinement et qu'il épargnera une réascension épidémique. Mais pour le moment, il faut être très prudent. Et faut-il enfin rappeler les missions qui nous sont données vis-à-vis des professionnels de santé que, bien évidemment, nous acceptons ? Nous avons accepté de protéger et de tester, d'isoler les concitoyens qui seraient positifs, ce qui va bien évidemment nécessiter une réserve de moyens de protection tout à fait importante.
Vous accusez la grande distribution d'être des profiteurs ?
L'Ordre des médecins n'accuse nullement de ça. L'Ordre des médecins demande aux pouvoirs publics et à l'Etat de la cohérence entre les discours et les actions. Oui, nous sommes encore dans une pénurie persistante, certes moins aiguë, mais une pénurie persistante des moyens de protection dont les masques. Donc, effectivement, il faut absolument que ces masques-là soient l'objet des professionnels de santé.
Les masques grand public, c'est une excellente chose qu'effectivement, tous les acteurs, dont la grande distribution, permettent à ce que tout nos concitoyens puissent en avoir. En ce qui concerne les masques chirurgicaux, en revanche, les professionnels de santé en premier lieu, ne sont pas suffisamment fournis pour assurer avec sérénité leur mission, en couvrant les soins nécessaires et aussi pour voir venir toute cette longue période incertaine de déconfinement, avec un risque incertain de réascension épidémique, puisque vous savez que le déconfinement sera une période délicate.