17 juin 1940, depuis Bordeaux, les communistes lancent le 1er appel à la Résistance !
A l'encontre du poncif répété à satiété - toujours et encore- selon lequel les communistes ne sont entrés en résistance qu"après l'agression hitlérienne contre l'URSS cet appel de Charles TILLON renvoie les détracteurs à leur mensonge.
L'objectif de cet acharnement s'expliquant par la volonté de faire oublier la collaboration bien réelle et massive de la bourgeoisie française dans l'attente de la victoire de l'Europe nazie contre les avancées sociales du Front populaire et le rôle de la classe ouvrière -"seule fidèle à la patrie profanée " dans la Résistance.
Rôle concrétisé dans les conquis de la Libération avec les nationalisations, la sécurité sociale, le statut des fonctionnaires ... contre les forces réactionnaires qui n'ont cessé et qui ne cessent de les attaquer au profit des privilèges de l'oligarchie.
Une histoire relativement lointaine qui garde une brûlante actualité à l'heure des contre-réformes macroniennes récurrentes et de la fuite en avant d'une Europe fédérale sous protectorat atlantique au service exclusif des privilégiés!
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SOURCE : Initiative communiste
L'APPEL de Charles TILLON
Le 17 juin 1940, Charles Tillon écrivait l’APPEL AUX TRAVAILLEURS :
« Les gouvernants bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie, la Tchécoslovaquie… Et maintenant ils livrent la France. Ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours d’Hitler, livrer le pays tout entier au fascisme. Mais le peuple français ne veut pas de l’esclavage, de la misère, du fascisme. Pas plus qu’il a voulu la guerre des capitalistes. Il est le nombre : uni, il sera la force.
Pour l’arrestation immédiate des traîtres
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, LUTTANT CONTRE LE FASCISME HITLERIEN et les 200 familles, s’entendant avec l’U.R.S.S. pour une Paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ-VOUS DANS L’ACTION ! »
Cet appel, rédigé en réaction au discours de Pétain (diffusé à la radio le 17 juin 1940 à midi trente) qui demandait aux militaires qui se battaient encore de capituler[3] , ne « traduit que le sursaut d’un esprit de classe qui ne capitulera jamais »[4] et avait pour son auteur « la valeur d’un serment ».
Alors caché dans le vieux moulin de Gradignan (commune limitrophe au sud-ouest de Bordeaux), Charles Tillon transmet ce tract à Henri Souques (son logeur), qui le confie à Paulette Lacabe, afin de le reproduire. Au total, ce sont des milliers de tracts qui seront distribués, et ce alors que le Parti Communiste Français est interdit, ses militants pourchassés, emprisonnés. Dès le 18 juin, « il est répandu clandestinement dans les hôtels où résident les parlementaires », qui avaient été transféré par Paul Reynaud à Bordeaux le 10 juin, où Pétain, Laval et le maire SFIO Marquet les attendait (comme un sentiment de déjà-vu). Malgré le manque de militants de confiance dans cette ville (mis à part un petit secrétariat clandestin de communistes : Covelet, le cheminot Sabail, le parisien Sautel[5] et quelques dizaines de militants communistes), d’anciens guérilleros espagnols, ainsi que des dockers du port, diffusent ce tract.
De plus, le 21 juin, une délégation de 3 femmes, dont Danièle Casanova, lui apportent des nouvelles et partent rejoindre Frachon à Toulouse, avec de nombreux exemplaires du tract, qui sera diffusé dans les départements du sud-est. Enfin, lorsque les allemands arrivent à Bordeaux le 27 juin, « des tenanciers de kiosque en glissent dans les journaux », alors que la radio de Bordeaux ne « verse plus que de la musique. Mais pourquoi cette insistance à repasser ainsi dans ces jours noirs le boléro de Ravel ?
Le disque préféré de « son ami le maréchal pour son ami Von Stoher, ambassadeur d’Allemagne à Madrid » ». (Rappelons que le maréchal Pétain avait été nommé ambassadeur de France à Madrid dès 1935 et qu’il entretenait d’excellents rapports avec Franco et ses soutiens italiens et allemands[6].) « Cependant un silence de prison entre dans les maisons. Tout semble fini de la drôle de guerre… Passons à tout ce qui commence. »