Il est des décisions très difficiles à prendre. Des décisions que l’on prend la mort dans l’âme, le cœur serré et les larmes aux yeux tant on en mesure les conséquences. Ce fut le cas en fin de semaine dernière lorsqu’il fut question de décider du format de la Fête de l’Humanité. Nous en arrivons cette année au 90ème anniversaire de la Fête. Nous y avions déjà beaucoup travaillé depuis la fin du mois de septembre dernier. Evidemment la pandémie de Covid-19 a réfréné nos ardeurs mais nous avons pensé jusqu'à un moment avancé que peut être sa tenue restait possible. Puis dans les négociations que nous avons eues avec beaucoup plus d’intensité à partir du début du mois de juin nous avons imaginé un nouveau format de Fête réduite en surface, sur 72 000 m², et en nombre, pour 20 000 personnes par jour. Nous avons fourni tous les projets et documents demandés. Nous avons élaboré un protocole sanitaire très précis. Le préfet de la Seine-Saint-Denis que nous avons rencontré plusieurs fois a été coopératif, aidant à dégager les obstacles. Les services gouvernementaux également.
Seulement, les services sanitaires étaient d’autant plus alarmistes qu’au fil des semaines qui suivirent la fin du confinement des foyers de pandémie prenaient ou reprenaient de la force en plusieurs endroits en Europe et sur la quasi-totalité du territoire français.
Aussi, dans ces conditions il ne pouvait plus avoir de Fête –même de dimensions réduite– sans masques. Il a même été envisagé que chaque participants se présente avec un test récent.
Interdiction est faite de tenir des concerts. Un sens de circulation dans la fête devait être prévu. Un groupe de médecins spécialistes devait être associé au travail de l’Agence régionale de santé. Mais ce qui est le plus important (et tout à fait compréhensible) une autorisation qui nous serait donnée aujourd’hui pourrait ne plus être valable en septembre à cause de l’évolution de la pandémie. Cette question est très importante car la Fête se tient a la croisée de plusieurs villes.
Dans l’après midi du 12 juillet, le préfet me fait comprendre qu’il avait donné son aval à un rassemblement de 20 000 personnes par jour mais que la jauge de 5000 était toujours le critère. Il me faisait comprendre par là qu’il ne pouvait pas prendre une décision allant au-delà de cette jauge en vigueur sur le terrain de La Courneuve.
Ajoutons à cet ensemble : réduction du nombre de participants, autorisation aléatoire, le fait que le Groupe l’Humanité est juridiquement en « plan de redressement- continuation ». Le Tribunal de commerce a officieusement été consulté sur les risques encourus ainsi que les deux commissaires à l’exécution du plan. Ceux-ci sont défavorables à cette prise de risques. C’est dans ces conditions que nous avons cheminé pour décider de ne pas tenir la Fête dans le lieu habituel et de proposer « une Fête de l’Humanité autrement ».
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