Aéronautique : grève chez Cauquil où un plan social prévoit une trentaine de licenciements
SOURCE : La Tribune
Les salariés de Cauquil, un sous-traitant aéronautique implanté près de Toulouse, ont lancé une grève contre le plan social qui devrait se solder par une trentaine de licenciements. Spécialisée dans l'usinage de pièces pour Airbus et Boeing, la société accuse une baisse de charge drastique du fait de la crise du transport aérien.
Alors que chez Airbus, les syndicats pensent parvenir à solder le plan social sans licenciement (lien : https : //toulouse.latribune.fr/entreprises/social/2020-10-12/plan-social-a-airbus-un-accord-avec-des-garanties-pour-viser-le-zero-licenciement-859476.html), les sous-traitants sont plus pessimistes. Ce lundi 30 novembre, une vingtaine de salariés de Cauquil ont fait grève devant l'usine, à l'appel de la CGT Haute-Garonne. Cette société implantée à Mondouzil, près de Toulouse, fait partie du groupe aéronautique BT2i qui a annoncé début octobre une vaste réorganisation de ses filiales avec la suppression de 200 postes sur trois départements (lien : https : //toulouse.latribune.fr/entreprises/social/2020-10-08/aeronautique-simair-ferme-une-usine-pres-de-toulouse-34-emplois-menaces-a-cauquil-859288.html).
En Haute-Garonne, en plus de la fermeture de l'usine Simair de Colomiers, le plan social prévoit 34 suppressions d'emplois sur le site de Cauquil. Au terme des négociations, les délégués du personnel ont émis un avis défavorable vendredi 27 novembre sur le plan social qui devrait se solder par 32 licenciements secs sur un effectif de 75 salariés.
« Nous sommes contre ce plan de licenciements qui va supprimer la moitié de l'effectif. Les postes supprimés concernent surtout la production avec les métiers de fraiseurs et de tourneurs. Dans l'aéronautique, retrouver le même type de postes sera très compliqué. Nous voulons revoir le PSE à la baisse et renégocier les indemnités de départ », indique Hervé Dessolin, fraiseur sur des machines à commande numérique et délégué CGT au sein de Cauquil. »
Juste à côté de lui, un autre ouvrier témoigne. « Avant d'entrer chez Cauquil, je bossais dans le bâtiment. J'ai suivi une formation de fraiseur à commande numérique pour me reconvertir dans l'aéronautique car c'est un secteur qui recrutait. Manque de pot, ce n'est plus le cas. Sur 14 postes de fraiseurs, 9 seraient supprimés », tient à faire remarquer Stéphane Dulon, en chômage partiel depuis le mois de mars.
Un chiffre d'affaires en chute
Labellisée « Industrie du futur », Cauquil fabrique notamment des trappes de réservoir de carburant pour l'Airbus 737 en titane, des portes d'issues de secours pour Bombardier, des crochets de porte du Boeing 737. Le PDG de Cauquil indiquait en juin à l'AFP, qu'il tablait avant la crise sur un chiffre d'affaires de 14 millions d'euros (contre 12,3 en 2019), mais qu'il s'attendait à atteindre les 7 millions d'euros désormais.
« La chute de l'activité est de 40% et cela continue de baisser. Nous sommes parvenus à faire gonfler la formation et les indemnités supralégales en fonction de l'ancienneté », informe Patrick Bonnet, membre du CSE qui ne souhaitait pas participer à la grève.
D'après lui, « dans le cadre de la réorganisation, Cauquil sera réorientée sur des pièces de petite taille » et une autre filiale du groupe, la MAP (Mécanique Aéronautique pyrénéenne) basée dans les Pyrénées-Atlantiques serait dédiée aux grandes pièces. Cauquil pourrait aussi rependre des commandes d'une autre branche de BT2i, Caromar (Pyrénées-Atlantiques) dont l'activité doit être redéployée.
« Notre ambition pour les prochains mois est d'amorcer une vraie spécialisation au sein de nos différentes filiales, à l'échelle de chaque site et de consolider nos activités sur un nombre restreint d'usines, avec une mutualisation, une optimisation de moyens et une recherche de diversification », avait expliqué au mois d'octobre Christophe Kloeckner, le directeur général de BT2i, interrogé par L'Usine nouvelle.
Contactée par la Tribune, la direction de Cauquil n'a pas souhaité faire de commentaire sur la situation sociale.