La SNCF en proie à une vague de démissions

Publié le par FSC

Il y a plusieurs années de cela sur France inter l'économiste pro-capitaliste Elie Cohen regrettait que les français soient top attachés aux services publics donnaient satisfaction.

Et qu'en conséquence il était difficile de les réformer.

Entendez de les réduire, de les casser et d'ouvrir en grand la porte aux grandes entreprises privées et...  au profit.

Au fil des ans comme on le voit pour le système de santé, la SNCF ... les pouvoirs au service de l'oligarchie se sont donc évertués à organiser la dégradation des services publics Et pour les usagers ET pour les personnels pour pouvoir faire accepter leurs contre-réformes destructrices.

La défense et le développement des services publics passent donc aussi par la dénonciation des ces politiques qui ne relèvent pas de l'incompétence mais de l'intention délibérée !

 

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Libéraliser une grande entreprise publique n’est pas sans conséquences sur les agents, et la SNCF n’échappe pas à la règle. Éclaté par les réformes successives, transformé en sociétés anonymes, malmené par une course effrénée à la réduction des coûts, menacé par l’ouverture à la concurrence, l’opérateur ferroviaire n’a plus de public que le nom. Et, sur le terrain, les cheminots sont les premiers à en pâtir. Suppression du statut, baisses constantes d’effectifs, cloisonnement des activités, pressions managériales, ils sont de plus en plus nombreux à quitter le navire.

Un constat que corrobore cette étude quel’Humanités’est procurée. Le document, qui doit être présenté ce mardi en conseil économique et social (CSE) de SNCF Réseau Île-de-France, fait état des démissions dans le secteur sur la période de 2017 à 2019. L’étude, qui porte sur 168 cheminots démissionnaires, met en lumière les conséquences de la réforme ferroviaire de 2018 sur le corps social, contre laquelle les syndicats ont mené bataille.

Premier fait notable, ce sont en majorité des hommes (88 %), jeunes, qui quittent leur poste – 66 % des démissionnaires ont entre 25 ans et 35 ans (contre 2 % seulement de plus de 50 ans), le plus souvent en début de carrière – entre deux et dix ans d’ancienneté pour 58 % d’entre eux.

« Les 18-34 ans ont diminué de 18 000 à 15 000 agents en trois ans »
Parmi les raisons que les agents invoquent comme ayant motivé leur choix, « le manque de perspectives » arrive en tête, poussant 37 % des démissionnaires vers la sortie. Pourtant, c’est précisément ces perspectives de carrière qui les avaient motivés, à 73 %, à intégrer les équipes de SNCF Réseau Île-de-France, juste devant « l’intérêt du travail » (57 %) et la « qualité de la formation » (32 %), mais très loin devant les « avantages sociaux » (22 %) et la « rémunération » (11 %). Pourtant, si « l’intégration et les formations sont majoritairement appréciées,note l’étude,pour près des trois quarts des démissionnaires, les engagements lors de l’embauche n’ont pas été respectés ».

Cette fuite des jeunes cheminots n’est pas l’affaire que de SNCF Réseau Île-de-France. Ainsi, à l’échelle du groupe, « les 18-34 ans ont diminué de 18 000 à 15 000 agents en trois ans »,rappelle SUD rail. Le syndicat y voit l’impact des « différentes contre-réformes des retraites qui contraignent les cheminots à travailler plus longtemps »,mais également « les conditions de travail et la faiblesse des salaires, qui n’attirent plus les jeunes ». Une analyse que confirme l’étude sur les démissions chez SNCF Réseau Île-de-France : 59 % des agents concernés affirment que les conditions de travail sont difficiles – avec « une charge de travail déséquilibrée »,trop forte pour 41 % d’entre eux. 30 % mettent en cause la relation avec le manager, 25 % font valoir le faible niveau de la rémunération et 14 % évoquent un manque de reconnaissance. Enfin, près d’un agent sur trois a vu sa demande de mobilité interne refusée, ce qui a précipité son départ.

En somme, loin des grands discours d’Élisabeth Borne, ministre des Transports au moment de la réforme de 2018, qui vantait un « nouveau pacte ferroviaire » capable de rendre la SNCF « attractive et motivante »,l’hémorragie des démissions atteste au contraire d’un mal-être profond, d’une perte de sens au travail et d’une évolution de carrière empêchée. Le « nouveau pacte social correspondant à celui d’une entreprise du XXIe siècle » n’a pas vu le jour. Toujours en négociation, il devait pourtant être négocié avant l’entrée en vigueur de la réforme au 1er janvier dernier.

Après un record de 1 025 démissions enregistré en 2018 – en augmentation de 34 % sur un an –, le comité central du groupe public ferroviaire déclenchait, à l’automne 2019, un droit d’alerte économique et social. Un an plus tard, « la situation reste préoccupante »,déplore l’instance, particulièrement chez SNCF Réseau. « On assiste, depuis deux ans, à une baisse progressive du nombre d’agents alors que la charge de travail reste élevée »,note le comité central dans son « bilan social ». Ajoutant que « le recours excessif à la sous-traitance, qui a connu une progression marquée, laisse craindre une fuite des compétences ». Le texte mentionne la « hausse considérable du nombre de démissions (+ 40 % en 2019) » et fait part des conclusions du cabinet 3E, qui considère cette trajectoire « délétère pour le climat social comme pour les conditions de travail ».

par  Marion D'allard ,
 

 

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