A Lille, des salariés de Carrefour mobilisés contre la revente des magasins
REPRIS du site CGT Unilever Le Meux
Les salariés des magasins Carrefour Eurallille et Lomme à Lille sont mobilisés contre l’annonce de la mise en location-gérance d'une quarantaine d’établissements, annoncée il y a environ deux semaines par l’entreprise.
Photo : BFM TV
Les employés des magasins Carrefour Euralille et Lomme se sont mis en grève samedi pour protester contre la mise en location-gérance annoncée par l’entreprise. Comme l’explique Marie Anne Debuyser (CGT Lille) au micro de BFMTV. Un politique visant à se débarrasser de toute responsabilité sociale vis-à-vis de ses employés tout en continuant à faire rentrer l’argent dans les caisses.
Cette décision a été prise dans le dos des travailleurs et travailleuses et contre leurs intérêts : “On va perdre tout nos acquis, on va travailler pour carrefour mais on sera plus carrefour en fait. On nous a revendu comme de la marchandise, on a pas notre mot à dire, on aura un autre contrat et on aurait pas le choix que de prendre ou de partir.” Au carrefour Lomme, près de 90% des salariés étaient en grève ce samedi contre le plan de l’entreprise. Une expression supplémentaire de la combativité des secteurs en première ligne de la crise sanitaire, qui s’était déjà exprimée récemment dans les grèves qui ont touché les Carrefour dans toute la France en début de mois.
Un communiqué national des syndicats du groupe expliquait d’ailleurs récemment : “« En sortant près de trois mille cinq cents personnes du groupe, Carrefour entend encore économiser sur les frais de personnel. En retombant dans les minima de la branche, les futurs ex-salariés qui seront en location-gérance perdront entre 800€ par an pour les plus anciens et jusqu’à 2000€ pour les nouveaux embauchés. » Pour Olivier Ginestar, « c’est une catastrophe ».
La location-gérance consiste à céder un établissement à un investisseur, ce qui engendre pour les employés un changement de contrat mais également d’un passage d’une convention collective à une convention par branche, qui leur est beaucoup moins favorable. Pour l’entreprise Carrefour, cette manoeuvre permet de se déléguer les responsabilités liées à la gestion des ressources humaines, tout en continuant à percevoir les bénéfices de ces magasins. En effet, Carrefour continuera à vendre sa marchandise et à percevoir une redevance de la part du locataire.
Une politique qui vient montrer l’hypocrisie du PDG de Carrefour City qui expliquait le 22 mars 2020 en début de crise sanitaire aux salariés : “Mais vous n’êtes plus seulement Carrefour ; vous êtes le service public de l’alimentation. Vous nourrissez les Français, et vous rappelez à tous que notre rôle est un rôle vital, un rôle social, un rôle profondément humain.”
Cette décision est prise alors que le groupe a annoncé un chiffre d’accord record en 2020, s’élevant à plus de 78 milliards d’euros, soit une hausse de 7,8 % de son chiffre d’affaires mondial. Un bénéfice gonflé par la pandémie du COVID-19, les magasins Carrefour étant considérés comme des magasins “essentiels”. Ainsi, pendant que la direction et ses actionnaires se remplissent les poches grâce à des travailleurs et travailleuses en première ligne depuis le début de cette crise sanitaire, elle n’a aucun scrupule à les précariser et à les traiter comme de simples contrats à brader.
La direction a notamment assigné en justice 7 grévistes du samedi 24 avril. Une répression dure organisée par l’entreprise alors que celle-ci s’apprête encore une fois à profiter de la crise sanitaire et des réformes de Macron pour attaquer le droit de grève et syndical.