VACCIN : L'Union européenne complice de l'industrie pharmaceutique
Mais comment s'en étonner lorsqu'on sait que la construction européenne est bâtie sur la concurrence au profit de l'oligarchie, acharnée à démolir les services publics pour faire place aux profits privés et aux actionnaires!
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La course aux vaccins, réduite à quelques têtes de pont du Big Pharma, fait de fringants gagnants. Nous vivons ici en direct les effets d’une privatisation de l’industrie pharmaceutique qui se gave sur le dos de la santé et de la vie humaine à partir de ce qui devrait être des produits non marchands, des biens communs. Or, dans le monde capitaliste où la devise est « concurrence libre » et prétendument « non faussée », la course à la plus grande rémunération des propriétaires-actionnaires bat son plein et la cotation boursière fait la loi. Les doutes planant sur le vaccin AstraZeneca auront ralenti la campagne de vaccination mais aussi largement profité à son concurrent Pfizer-BioNtech et, dans une moindre mesure, à Moderna qui ont tous deux mis au point la technique révolutionnaire de l’ARN messager, réputée plus sûre et efficace bien que sensiblement plus coûteuse.
Le géant nord-américain Pfizer associé au laboratoire allemand BioNTech se retrouve ainsi en position de force. Position rendue possible par l’insondable lâcheté des autorités publiques, États comme Union européenne, qui cèdent à tous ses caprices, finançant un jour la recherche privée à fonds perdus et laissant le lendemain s’opérer un rapt sur les systèmes de santé nationaux. En plus de maintenir les tractations dans une indécente opacité au regard des enjeux, universels, de la vaccination.
Ainsi, le 14 avril dernier, l’Humanité révélait (sous la plume de Thomas Lemahieu) les termes des négociations en cours entre l’Union européenne et les laboratoires pharmaceutiques (lire Covid-19. Pourquoi Pfizer fait exploser le prix de son vaccin…et s'en vante).
On y apprenait, à la suite d’informations involontairement « fuitées » par les autorités bulgares, que l’Union européenne s’apprête à commander 1.8 milliards de doses à Pfizer, dont 900 millions de commandes déjà engagées. A cette occasion, le piller du Big Pharma entend faire passer le prix de la dose de vaccin de 12€ (loin déjà d’un prétendu « prix coûtant », en réalité estimé à moitié moins) à 19,5€, soit une augmentation de près de 60% ! Mais ce n’est pas tout : ce prix pourrait encore s’envoler dans les prochains mois à plus de 50€ euros/dose pour l’Union européenne.
L’information a ensuite été recoupée par les propos tenus par le PDG de l’entreprise auprès de la banque Barclays: « Une fois que nous serons arrivés à une situation endémique, il y aura une opportunité pour nous », « une opportunité majeure pour notre vaccin, tant du point de vue de la demande que des prix ». De leur côté, Moderna et Johnson&Johnson prévoient d’aller vers une « tarification plus commerciale ». Le PDG de cette dernière précisant devant ses investisseurs que « ce ne sera peut-être pas encore pour cette année, mais d’ici 2022 nous envisageons bien plus le vaccin comme une opportunité commerciale. »
Tout est dit, dans le langage brutal que les capitalistes réservent à l’entre-soi.
Le PDG de Pfizer se répand en informations non vérifiées et contestées par la communauté scientifique dans l’unique but d’attirer des investisseurs et de faire gonfler l’encours des actions de son groupe. Il faudrait, nous dit-il, un rappel de vaccin annuel pour conjurer la menace virale. L’information est immédiatement traduite en montagnes d’or pour les ogres de la finance qui participent au capital de l’entreprise.
En pleine troisième vague, donc, le PDG de Pfizer s’est entretenu avec ses actionnaires qui comptent parmi la fine fleur de la finance la plus vorace – Morgan Stanley, BlackRock et autres Goldman Sachs. Pfizer a beau avoir engrangé 9.6 milliards de bénéfices l’année dernière, dégagé pour cette année une marge 30% et vu le cours de son partenaire BioNtech s’envoler de 245%, ce n’est pas assez ! Les financeurs entendent en avoir pour leur argent et réclament de l’entreprise qu’elle profite de sa situation monopolistique pour augmenter ses prix. Et pas qu’un peu puisque que les dirigeants de l’entreprise ont évoqué devant leurs actionnaires la possibilité de faire passer le prix de la dose à 130€ (150$) « après la pandémie » ! De quoi faire de juteux profits sur le dos des systèmes de santé publiques, c’est-à-dire des cotisations des travailleurs ou des impôts des contribuables, et qui une fois essorés devront être renfloués par les citoyens. Ceci alors que 450 millions d’euros, soit l’équivalent des investissements en recherche et développement du groupe sur une année, ont été versés par l’Union européenne à Pfizer, sans aucune contrepartie, ni sur le contrôle des prix ni sur l’exigence d’une vaccination mondiale.
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