« Ce n’est que le début de la lutte » : grève des salariés de l’aéroport de Paris
REPIS du site CGT Unilever Le Meux (OISE)
La situation sanitaire s'améliorant en France, l'été s'annonce très favorable pour le secteur de l'aéronautique, très touché par la crise sanitaire. Mais les patrons n'oublient pas l'argent perdu pendant le confinement -et la crise économique qui se profile- et veulent le récupérer à tout prix à travers des baisses de salaire sur le dos des travailleurs.
Crédits photo : AFP/THOMAS COEX
La direction des aéroports de Paris avait déjà signé avec les bureaucraties syndicales de la CGT, CFE-CGC et UNSA un accord de rupture conventionnelle collective (RCC) qui prévoyait, selon un article de Franceinfo « 1.150 départs en 2021, dont 700 non remplacées », soit une des premières mesures pour faire payer la crise.
Néanmoins, insatisfaite, la direction de L’ADP (Aéroport de Paris), veut faire passer un plan d’adaptation des contrats de travail (PACT). Ce dernier permettrait de supprimer des primes comme celle de « l’indemnité kilométrique » ou les heures majorées de nuit, qui se traduirait par des baisses de salaire pouvant représenter jusqu’à un mois de salaire. Sachant qu’il ne sera pas toléré par les salariés, un refus pourrait exposer le salarié à un licenciement via un PSE. Selon d’autres mots, ils veulent faire travailler plus souvent les salariés en les payant moins, le tout sans aucun moyen de le refuser sans mettre concrètement en danger leur poste.
Ce sont ainsi plusieurs centaines de salariés, notamment du secteur opérationnel ainsi qu’aux services administratifs et d’ingénierie, qui ont manifesté et fait grève ce week-end, à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle et Orly pour exiger le retrait total du PACT. Organisés en assemblée générale, ils prévoient de continuer la lutte et les travailleurs ont déjà prévu une nouvelle grève du 1er au 5 juillet, pour perturber le fonctionnement de l’aéroport au moment du début de l’été. En effet, comme l’affirme Ramesh Monsard, qui s’occupe de la gestion des parkings de la plateforme en horaire décalé, la direction « nous fatigue psychologiquement et financièrement » et veulent continuer à le faire à travers des menaces : « Ils se servent du Covid pour essorer la masse salariale. Ils veulent nous dégoûter : si on ne signe pas (l’avenant au contrat de travail, NDLR), on est dehors », affirme la collègue de Ramesh, Eva Leroi.
La direction, menacée par les préavis de grève déposés pour le début de l’été et qui pourraient avoir un impact sur les achats de billets, essaye de se défendre à travers les médias. En effet, Augustin de Romanet, PDG du groupe Aéroport de Paris, a affirmé sur Europe 1 qu’ils allaient « prendre toutes les mesures qui vont permettre à l’intégralité du trafic aérien de s’écouler » et donc que le trafic aérien ne serait pas perturbé. En profitant également de justifier les réductions de salaire et les plans sociaux prévus pour 2021 : « Incontestablement, le secteur aérien est frappé. L’an dernier, nous avons perdu 70% de notre chiffre d’affaires, et il ne nous a pas été possible de maintenir exactement dans les mêmes conditions les rémunérations de nos collaborateurs. Donc, nous avons dû faire un certain nombre d’efforts, nous avons signé un accord avec les syndicats pour permettre des départs volontaires », explique-t-il. « Par ailleurs, nous avons dû prendre des mesures unilatérales de réduction de certaines primes tout en garantissant que les contrats de travail ainsi modifiés ne donneraient jamais lieu à des licenciements forcés. » Une justification qui ne reflète qu’un grand mépris envers les salariés et une volonté de leur faire payer la crise.
Alors que la direction veut se montrer confiante et essaye de justifier la baisse salariale et les licenciements, les travailleurs semblent déterminés à les faire reculer en mettant un ultimatum à la direction : ils n’attendront pas le 5 juillet pour faire grève si elle refuse de revoir sa copie. Ils ont aussi démenti les propos tenus par Romanet sur les médias, en affirmant : « Quand Augustin de Romanet dit que cela se traduira par deux minutes de perdues pour les passagers, il se trompe, prévient Laurent Garssine. Tous les services opérationnels sont impactés et ce n’est que le début de la lutte. ». Mais ils sont conscients qu’ils devront convaincre plus largement et se radicaliser car « Si un très grand nombre de salariés refuse de signer le Pact, les avions ne décollent plus car nous sommes sur des métiers spécifiques, qui nécessitent parfois six mois de formation. », explique Véronique Pigueron, présidente de la CFE-CGC ADP.
Alors que la crise sanitaire semble s’améliorer en France, la crise économique ne fait que continuer de frapper et les patrons, main dans la main avec les gouvernements, profitent et se préparent pour que ce ne soit pas eux qui la payent. Les plans sociaux se multiplient dans tous les secteurs et les directions syndicales, débordées, tentent de canaliser cette colère qui s’exprime dans le monde du travail, à travers le dialogue social.
Néanmoins, ce n’est pas aux travailleurs de payer une crise qui n’est pas la leur. La seule voie pour cela est la lutte, qu’elle soit syndicale ou dans la rue. Il est nécessaire que les salariés des ADP continuent et multiplient les grèves, qu’ils continuent à s’organiser au sein des AG pour établir un vrai plan de bataille mais surtout aussi de converger avec d’autres secteurs de lutte qui se retrouvent face aux mêmes contraintes. Ce n’est que comme ça qu’il sera possible de construire un vrai rapport de force pour exiger qu’aucune suppression d’emploi ni de baisse salariale n’aient lieu !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE