Décès de Roger SILVAIN : les témoignages de ses camarades et amis
Le témoignage de Jean-Pierre PAGE
Chers camarades,
J'ai pris connaissance de la disparition de Roger à travers un message sur Face Book. J'ai immédiatement rédigé un texte rappelant qui était Roger Sylvain.
Je l'ai très bien connu, je dois même dire que pendant de nombreuses années nous avons été très proches. Mon épouse l'avait d'ailleurs marié à la Mairie de Sèvres quand cette ville était encore communiste et qu'elle y était adjointe au maire..
Je conserve beaucoup de souvenirs de ma relation avec Roger, de nos échanges fréquents, d'une certaine complicité que nous avions l'un vis-à-vis de l'autre.
Roger Sylvain a été et restera dans la mémoire de notre CGT, un militant syndical hors du commun et un communiste dont le parcours se confondait avec l'histoire de cette forteresse ouvrière qu'était Renault Billancourt. Rappelez vous ce que l'on disait à cette époque où Roger était dirigeant du syndicat " Quand Renault s'enrhume,
la France éternue". Il avait été l'homme de cette grande victoire sociale dont le départ avait été Billancourt: la 5eme semaine de congés payés, qui fût ensuite généralisée à tous les travailleurs en France.
Roger avec son copain Aimé Halbeher ont été des figures inséparables à la tête des grands mouvements sociaux de mai juin 68, jusqu'à la fin des années 70. Ils étaient tous les
deux respectés et écoutés par tous les dirigeants de la CGT et du PCF.
Je garde en mémoire le départ à la retraite de Roger ou j'avais été invité, il y avait là la plupart des membres du bureau politique et du bureau confederal de la CGT avec au premier rang Georges Marchais, Henri Krasucki venu le saluer et lui rendre hommage.
Comme ce fut le cas pour moi, Roger était très critique du recentrage de la CGT et de la mutation du PCF. Il en avait tirer les conséquences en militant au Front Syndical de classe dont il était le
Président et au PRCF. Roger était aussi un internationaliste, ardent porte parole du retour de la CGT dans les rangs de la FSM. Il avait beaucoup souffert de la fermeture puis de la destruction de
l'usine de Billancourt et d'une certaine manière de ce qui avait été un des symboles des luttes révolutionnaires de notre pays particulièrement pour la défense de notre industrie, de notre souveraineté et de notre indépendance nationale.
Roger Sylvain avait joué un très grand rôle pour s'opposer à la réhabilitation du collaborateur avec l'Allemagne nazie qu'avait été Louis Renault. De nombreux camarades de Renault Billancourt
avaient été arrêtés, torturés, fusillés, déportés. Il porta témoignage en leur nom et remporta une belle victoire devant les tribunaux contre la trahison de ce grand patron .
Roger ne s'est jamais accablé ni résigné face aux dérives, aux défaites et aux reculs des organisations que s'est donné notre mouvement ouvrier. Il cherchait et trouvait toujours des raisons de resister et d'avoir confiance.
Roger était un éternel optimiste, ce sentiment qu'il savait si bien faire partager, tout simplement parce que ses convictions étaient fortes. Lui qui adorait la navigation était comme une balise solide plantée en mer il servait à beaucoup se repérer pour se situer dans les tempêtes .C'était de ce point de vue sans doute ce qui expliquait le fait qu' il semblait infatigable même ces dernières années. Je me souviens malgré son age, qu'il était venu m'écouter et m'encourager à la présentation de mon livre "CGT: pour que les choses soient dites" au stand du PRCF, à la Fête de l'Huma de 2018 et que nous avions trinqué ensemble avec d'autres camarades.
Sa riche personnalité, sa gouaille toute parisienne de métallo, sa fidélité et son attachement à nos principes de classes vont beaucoup nous manquer, à moi tout particulièrement.
Nous perdons un camarade d'exception, je perd également un ami très cher,
Jean-Pierre Page