"Le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l'accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates. (...) Mais cette besogne n'est qu'un côté de l'œuvre du syndicalisme : il prépare l'émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste."
Charte d'Amiens
Roger : sans oublier sa bataille victorieuse contre la discrimination patronale
Publié le
par FSC
La vie de Roger fut une vie de combats, pour les autres d'abord ...
Mais aussi pour faire respecter ses droits et faire en même temps reculer les pratiques patronales chez Renault aussi de discrimination dans la carrière professionnelle des militants.
De la CGT en particulier.
Afin de dissuader les travailleurs de s'organiser et plus encore de militer pour défendre leurs droits et leur aspiration à une société qui ne soit pas indexée sur le profit!
Renault condamné pour discrimination syndicale
Mercredi 18 Février 2009
Justice . La Cour de cassation a donné raison à Roger Silvain, ancien délégué syndical CGT, en condamnant l'entreprise à lui verser 210 681 euros.
«Je suis de la race de ceux qui vivent debout, pas à genoux », prévient d'emblée Roger Silvain. Entré à l'âge de quinze ans chez Renault comme apprenti ajusteur au lendemain de la guerre, il y a travaillé jusqu'à son départ à la retraite, en 1987.
Durant ses quarante ans de carrière, marquée par un très fort engagement syndical et politique - il fut délégué syndical CGT, puis secrétaire du comité central d'entreprise, puis élu membre du conseil d'administration de Renault -, il a vu ses camarades de promotion gravir les échelons professionnels, tandis que lui, n'ayant jamais reçu aucune proposition d'avancement, terminait sa carrière au poste où il l'avait commencée : ouvrier ajusteur, catégorie P3. « C'était difficile, mais on savait que quand on était militant syndical, on était brimé. C'était le prix de la lutte. Si c'était à recommencer, je ferais pareil, et même plus ! »
En 2001, le vote de la loi du 16 novembre contre les discriminations et
la signature d'un accord de méthode - décident Roger Silvain, alors âgé de soixante-dix ans, à demander réparation du blocage d'évolution professionnelle dont il avait été victime. Devant le mépris dont fait preuve la direction de Renault, qui refuse de reconnaître la discrimination et lui propose 2 200 euros, il saisit le conseil des prud'hommes, qui le déboute, puis la cour d'appel de Versailles, dont la Cour de cassation valide définitivement le jugement, ce 9 février : Renault devra verser à Roger Silvain 210 681 euros de réparation, correspondant au manque à gagner par rapport au salaire et à la retraite qu'il aurait dû toucher en ayant une progression professionnelle normale.
« Je suis allé au tribunal parce que je ne voulais pas faire ce plaisir à la direction, d'aller mendier quelques euros. Plutôt mourir que de me coucher devant eux », explique Roger Silvain, de sa voix claire et déterminée. Est-il satisfait de la décision ? « Je savais que ce serait long, je m'attendais à au moins dix ans de procédure. Heureusement que le syndicat (CGT des retraités) m'a aidé pour les frais de justice ; d'ailleurs, je leur ai donné 10 % de ce que j'ai obtenu. Le plus intéressant, dans cette affaire, c'est que la cour a pris pour la première fois en compte les pertes sur la retraite. »
Une belle avancée dans le long combat des salariés contre les discriminations dont ils sont trop souvent l'objet, et qui, espérons-le, ne manquera pas d'inspirer la HALDE (Haute autorité pour la lutte contre les discriminations), présidée par Louis Schweitzer ; celui-là même qui en 2002, lorsque Roger Silvain a engagé son combat, était président-- directeur général de Renault France.