DETTE de hôpitaux : Le Billet d’Humeur du Docteur Christophe Prudhomme

Publié le par FSC

Le fameux Ségur de la santé promet une reprise d’un tiers de la dette des hôpitaux, soit 10 milliards sur 30. Nous avions dit à l’époque que l’urgence était à la reprise totale de la dette pour pouvoir libérer les hôpitaux de ce fardeau et leur permettre de pouvoir de nouveau investir. Les services du ministère de la Santé viennent de publier l’état financier des établissements fin 2019, c’est-à-dire avant la crise COVID. Il est noté un accroissement du déficit cumulé avec un situation particulièrement dégradée pour le plus grand hôpital de France, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris.

Par ailleurs la proportion d’établissements déficitaires est de 58 %. En ce qui concerne le taux d’endettement, il diminue légèrement mais reste à un niveau particulièrement élevé de 51,4 % ! Mais le plus grave est le recul en ce qui concerne l’investissement qui chute à 3,9 % des produits bruts d’exploitation alors qu’il était de 10 % en 2010. Cette situation inquiète même le président de la Fédération hospitalière de France qui déclare que ce niveau est « insuffisant pour assurer à la fois le renouvellement des installations, les opérations de rénovation lourde et le financement de l’innovation technologique. » Le constat sur le terrain est sans appel avec des bâtiments qui se dégradent et des matériels vieillissants qu’il faut faire durer au-delà du raisonnable, ne permettant pas d’assurer aux patients une prise en charge optimale.

Le problème est simple, il suffit d’explorer les comptes pour découvrir que chaque année, les hôpitaux versent 1 milliard d’intérêts aux banques auxquels s’ajoute environ 1 milliard d’économie demandé chaque année pour soi-disant « équilibrer les comptes de la Sécurité sociale ». En lisant la presse financière, nous apprenons que dans le même temps les banques françaises ont enregistré au 2e trimestre 2021 des bénéfices records, supérieurs à ceux d’avant la crise COVID.

Dans ces bénéfices, il y a notamment les intérêts versés par les hôpitaux. Il y a donc urgence à libérer les hôpitaux de leur dette, à subventionner leurs investissements et à leur proposer des prêts sur le long terme à taux zéro auprès des structures financières publiques sans passer par les banques commerciales.

Docteur Christophe Prudhomme

Praticien hospitalier –SAMU 93

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