ESPAGNE : recul de la précarité pour les salariés livreurs !

Publié le par FSC

Décision politique de l'exécutif contre l'avis des plate-forme qui jouent comme d'hab sur les divisions en faisant -auprès de la jeunesse en particulier miroiter une liberté  ... qui au final leur est profitable et coûte cher aux travailleurs privés de toute protection et de tous les acquis des luttes du salariat!

Et en France c'est pour quand messieurs les macronistes ?

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SOURCE : La Croix

 

Deux livreurs pour la plateforme Glovo attendent des commandes à Barcelone, en août 2019.Photo : Angel Garcia/Bloomberg/Getty 

Pour faire reculer la précarité, à compter de ce jeudi 12 août, le gouvernement espagnol oblige les entreprises du numérique à salarier les livreurs qui étaient jusqu’ici des travailleurs indépendants.

L’Espagne est le premier pays européen à aller aussi loin pour réguler l’activité des grandes plateformes.

 

Madrid

 

de notre correspondante

En ce début du mois d’août, deux livreurs à domicile tournent à vide aux portes d’un centre commercial du nord de Madrid. Entre les vacances et la pandémie, peu de commandes apparaissent sur leur écran de mobile. L’un d’eux s’inquiète d’autant plus que l’un de ses employeurs, Deliveroo, a décidé de plier bagage. Le groupe britannique a prévu de mettre fin à ses activités en Espagne, alors que la loi impose désormais aux sociétés livrant à ­domicile via des applications numériques d’embaucher comme salariés tous leurs livreurs. Deliveroo souffrait déjà de la concurrence très rude dans ce secteur.

Une réforme du code du travail a été adoptée à la mi-mai. Jusqu’ici, en Espagne comme partout ailleurs, les milliers de livreurs de repas étaient considérés comme des travailleurs indépendants. Le gouvernement espagnol, qui réunit les socialistes et le parti de gauche Podemos, a souhaité ces changements. Les livreurs n’auront donc plus à débourser leurs cotisations d’autoentrepreneurs et seront mieux protégés. Le gouvernement avait donné trois mois aux entreprises pour se mettre aux normes, un délai qui expire ce jeudi 12 août.

Cette réforme, pourtant, divise les livreurs. Luis Alberto, un Vénézuélien, semble résigné : « Être salarié ne m’intéresse pas. Je préfère travailler aux horaires que je choisis, pour plusieurs plateformes, et gagner davantage. Dans les bons mois, j’arrive à 2 000 €. Si je deviens salarié, ce sera 1 000 € au mieux. » 

Mais être indépendant a un prix : huit à douze heures de travail par jour. Plus au centre de Madrid, Grecia, la quarantaine, attend une commande avec son vélo devant un McDonald’s. Désormais salariée depuis trois mois par Uber Eats,elle se réjouit de ce statut. Elle a pu comparer, car son mari a travaillé comme indépendant pour la même plateforme, avant d’être lui aussi salarié : « Je gagne 1 450 € net avec mon bonus. Mon mari gagnait plus avant, mais il fallait déduire les impôts et la cotisation d’autoentrepreneur. Cela revient au même, sans compter qu’il accumulait la fatigue physique », raconte-t-elle.

Elle connaît bien le secteur : « Au début, nombre de mes collègues n’étaient pas d’accord pour passer au salaire, il voulait avoir une liberté d’horaire. Mais ils s’y sont faits. » Cela ne surprend pas Felipe Diez, ancien livreur pour Deliveroo, aujourd’hui membre de l’un des deux syndicats espagnols, l’UGT : « Cette nouvelle loi est un premier pas pour réguler ce marché qui exploite les livreurs. »

Tous les indépendants ne gagnent pas 2 000 € ! « Je faisais vingt à trente heures par semaine pour gagner 600 € net par mois. Et beaucoup de livreurs sous-louaient leur compte », se souvient-il. Ils permettaient ainsi à des livreurs sans-papiers de travailler, créant un véritable marché noir de la précarité. La location de compte se monnaie en général via une commission de 20 à 30 %. Le changement pour les plateformes s’est annoncé avant l’adoption de la loi, lorsque la Cour suprême a condamné la plateforme espagnole Glovo, en septembre 2020.

L’institution avait alors estimé que les conditions liant un livreur à cette entreprise relevaient du contrat de travail. Un avis repris ensuite dans la loi. La plateforme Just Eat a commencé, dès l’automne 2020, à salarier une partie de ses livreurs, jusqu’ici employés via une société sous-traitante. Un modèle radicalement différent de la concurrence.

Mais toutes les entreprises ne prennent pas le même chemin. Glovo annonce un système hybride, avec salariés et indépendants, via un nouveau modèle « inédit », selon la compagnie. Seulement 20 % des livreurs deviendraient des salariés. Les syndicats sont déjà sur le pied de guerre. L’un d’eux a déjà dénoncé la compagnie à l’inspection du travail. « Glovo cherche à contourner la loi et à gagner du temps », s’insurge Rubén Ranz, syndicaliste de l’UGT.

Ce dernier connaît bien le système des plateformes, ayant conseillé plusieurs livreurs lors de procès. « En salariant les livreurs, les compagnies ne seront pas aussi compétitives, c’est ce qui les préoccupe,assure Rubén Ranz. À Madrid, beaucoup sont des immigrés et certains n’ont pas de permis de travail. Ils sous-louent leur compte et craignent donc le salariat. Ils tentent de survivre. »Uber Eats fonctionne pour l’instant à travers la sous-traitance, un modèle « qui n’est pas prévu par la loi », selon le syndicaliste Rubén Ranz. La bataille a donc toutes les chances de finir devant les tribunaux.

par  Valérie Demon
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Face à l explosion des prix de l électricité gérée par des entreprises privées le gouvernement espagnol envisage de créer un pôle public de l énergie... À suivre
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