POUR FÉDÉRER LE TOUS ENSEMBLE, LES SYNDICATS DE CLASSE DOIVENT DÉNONCER LA "CONSTRUCTION EUROPÉENNE"

Publié le par FSC

 

Envoi de

Sylvain – Syndicaliste CGT, 94

 

Comment ne pas penser à l’analyse faite par l’iconoclaste égérie de la « gauche radicale » anglo-saxonne Naomi Klein, de la tactique adoptée par la bourgeoisie pour gagner les batailles de classe lorsqu’on contemple la pluie de coups qui s’abat aujourd’hui sur la classe ouvrière ? « Hébétée », « sidérée », la population est soumise à un régime de politiques dont la cadence n’égale que la violence.

 

Pensée de longue date comme un moyen d’éloigner les possibilités d’intervention de la démocratie dans les intérêts bourgeois, l’Union européenne continue de remplir son office de contournement de la souveraineté populaire en donnant toute licence au capital pour faire valoir ses intérêts au niveau continental.

 

Fondé depuis sa création sur des intérêts de classe, cet instrument privilégié de la bourgeoisie n’a de cesse de produire des normes dans des conditions antidémocratiques, de piétiner les choix des peuples (comme en 2005, lors de la violation de la décision du peuple français à propos du traité constitutionnel européen) et de fournir un cadre opérationnel dans lequel les possédants peuvent exprimer puis dérouler leurs feuilles de route sans s’embarrasser de délibération démocratique.

Faisant autant office de cadre politique que de support idéologique (l’adhésion au projet de l’Union européenne fonctionnant comme un brevet d’accès à l’expression publique légitime, décerné par la classe dominante et ses intellectuels organiques), ce mantra de la classe politique française n’éprouve de difficultés à se réaliser que dans la mesure ou persévèrent les seules entités à même de lui opposer une contestation démocratique et une légitimité historique : les États-nations. Ainsi, l’UE produit-elle comme complément nécessaire de son projet continental, un discours valorisant les « territoires » au détriment des nations et se targue « d’être au plus proche des préoccupations des citoyens ».

 

Affublé d’un discours girondin teinté de personnalisme, les gouvernements successifs, fondés de pouvoir de la bourgeoisie, appliquent avec méthode le programme de démolition systématique de la République une et indivisible : création de la Collectivité européenne d’Alsace remplaçant les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin (en contradiction avec le vote populaire du référendum du 7 avril 2013 qui avait vu à peine un citoyen sur cinq de ces deux départements se prononcer en faveur de cette fusion), intérêt marqué de la part d’élus bretons pour transposer le modèle alsacien à la Bretagne, loi Molac remettant en cause le caractère constitutionnel de la langue française en tant que langue commune de l’État, de l’école et de l’administration, etc.

L’adage multiséculaire « diviser pour mieux régner » prend en l’espèce toute sa dimension de classe et désigne parfaitement le mouvement de prise en étau de l’État-nation, de ses conquêtes sociales, de son service public et de l’unité de son peuple, par l’Union européenne à son sommet et par les régionalismes à sa base.

 

C’est donc sur un échiquier continental dont il renforce la cohérence et sur lequel il fragmente les résistances, que le capital avance désormais ses pions pour faire face à ses propres contradictions : embarqué dans une course folle contre la chute du taux de profit, il marchande l’ensemble du réel pour assouvir sa soif de travail d’autrui.

 

Ainsi, alors même que le contrat civil pourrait amener à des coopérations transfrontalières mutuellement avantageuses, l’Union européenne, véritable golem de la bourgeoisie, procède à un chantage en règle et somme les travailleurs de faire un choix : soit ils acceptent l’allongement de la journée de travail et son intensification, et subissent une casse des salaires directs et indirects (protection sociale, retraite, etc.), soit ils se passeront tout simplement des moyens d’existence dont la bourgeoisie leur ôte la maîtrise, et ils verront leurs actualités ponctuées de plans de licenciements massifs consécutifs et de délocalisations sur le territoire européen (Renault Choisy, Bridgestone Béthune, mille postes à Sanofi, Danone, Air France, Nokia, Accor, General Electric, etc.).

 

Le mode de production capitaliste, par son instabilité chronique, pousse les détenteurs historiques du capital à se concentrer toujours plus. L’architecture européenne est donc pour eux une nécessité vitale : elle est le moyen d’effectuer les grandes fusions continentales ou mondiales indispensables à leur survie en tant que classe (Alstom Power avec General Electric, PSA avec Stellantis, Fiat avec Chrysler, etc.), en dehors de tout cadre permettant l’expression de la volonté populaire et retirant aux travailleurs la possibilités de subvenir à leurs propres besoins, par l’accentuation de la division du travail et de la spécialisation des pays selon les critères des capitalistes.

 

Les travailleurs, déjà écrasés par le poids des capitalistes qu’ils doivent nourrir, ne pourront même plus trouver refuge dans ce qu’ils considéraient comme leur bien inaliénable : le service public. En effet, telle la charogne autour de l’animal blessé, le capital harcèle constamment cet immense fruit de l’intelligence collective au service de la nation et n’a de cesse de privatiser les grands groupes nationaux (GDF, EDF, La Poste, SNCF, Aéroports de Paris, etc.), la santé publique, l’éducation, les forêts, etc.

 

Non contente de piller les ressources humaines et naturelles des peuples européens, la bourgeoisie internationalisée qui régente la République française et usurpe son nom inféode son armée à l’arme d’agression massive au service de l’impérialisme état-unien que constitue l’OTAN. C’est donc au nom des travailleurs que sont sans cesse agressés les peuples asiatiques et africains, et ce, en mobilisant les ressources qui devraient urgemment être réallouées à la reconstruction de services publics et de l’appareil productif.

 

L’État-nation, en tant que moyen d’exercice de la souveraineté des travailleurs, est donc devenu le principal obstacle de la bourgeoisie internationale. Sa défense constitue donc l’enjeu de classe primordial de notre époque et le préalable à toute politique de progrès social.

 

Il est absolument vital que les travailleurs réaffirment l’immense histoire progressiste de leur pays et qu’ils se remémorent que c’est en étant soudés dans un bloc républicain, social, ouvert et fraternel qu’ils ont naguère fait valoir leurs intérêts de classe. Que les grévistes de 1968 se situaient dans le sillage des conquêtes du Conseil national de la résistance, lui-même héritier de l’immense mouvement que constitua le Front populaire, qui trouve ses racines dans la grande révolution que mena le peuple français et qui culmina en 1793. Par-delà les divergences politiques, tout progressiste et tout démocrate doit aujourd’hui s’unir au programme exigeant :

 

  • L’arrêt de toutes les contre-réformes maastrichtiennes (retraites, sécurité sociale, santé publique, assurance chômage, etc.) et du démantèlement de la République une et indivisible avec comme mot d’ordre QU’ON NE TOUCHE PLUS AUX INSTITUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE !

  • L’arrêt des fusions transnationales, des délocalisations et des privatisations avec comme mot d’ordre QU’ON NE TOUCHE PLUS A L’OUTIL DE PRODUCTION !

  • L’arrêt des expéditions militaires aventureuses et des attitudes bellicistes au service de l’OTAN avec comme mot d’ordre QU’ON RESPECTE LA SOUVERAINETÉ DES PEUPLES !

 

Ce n’est qu’en satisfaisant à ces conditions que les travailleurs pourront reprendre l’offensive.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
D. Après le titre il y aurait plusieurs syndicat de classe., alors que le seul qui existe, la CGT est de moins en moins un syndicat de classe et il est illusoire de croire Qu il va combattre l UE puisque il refuse de sortir de la CES et de renouer avec la FSM en s appuyant sur les décisions votes dans les congrès confederaux, il faut donc mener la lutte dans la CGT et préparer le prochain congrès pour que la CGT redevienne un syndicat de classe
Répondre