Laurent BRUN : Macron et le TGV

Publié le par FSC

 

 

Pourquoi la politique d’Emmanuel Macron est l’exact contraire de celle qui a permis le développement du TGV ?

1) Le TGV est le résultat d’une entreprise publique forte dans laquelle les lignes métiers sont reconnues et génèrent des techniciens et ingénieurs extrêmement pointus. Ils ne se contentent pas de gérer le système ferroviaire, ils l’inventent, le modifient pour l’améliorer et mieux répondre aux besoins de la population. Avec Macron l’entreprise publique est découpée en morceaux (5 sociétés anonymes et à l’intérieur des SA, de multiples filiales), les parcours professionnels sont limités et les lignes métiers n’existent plus. C’est le règne de la sous-traitance, de la polyvalence, de la mobilité contrainte et des financiers. 

2) Le TGV est le résultat d’une coopération industrielle entre la SNCF et Alstom. Aujourd’hui il n’y a plus de coopération mais des appels d’offre pour l’achat de matériel « sur étagère », des relations clients-fournisseurs, et une industrie ferroviaire affaiblie en France (le groupe Alstom a également été découpé, son activité turbines bradée aux américains par un certain Macron). 

3) Le TGV est un choix politique tourné vers les citoyens et les territoires : il est conçu pour rouler sur LGV mais aussi sur ligne classique de manière à pouvoir desservir les villes moyennes et donc être accessible au plus grand nombre. Aujourd’hui toutes les activités sont passées au crible de la profitabilité, les dessertes de territoire sont dans le viseur pour être supprimées car « non rentables ». Le TGV n’est destiné qu’à relier quelques métropoles, en particulier celles qui génèrent beaucoup de clientèle d’affaire. 

4) Grâce au monopole public, les ressources que génèrent le TGV sont intégrées dans le budget général de la SNCF, ce qui permet une péréquation (les dessertes rentables financent celles qui le sont moins). Aujourd’hui, avec la concurrence en "open access", les compagnies vont se combattre pour obtenir les sillons sur les lignes « rentables » et délaisser les lignes non rentables puisqu’il n’y aura plus rien pour les financer.

5) Le TGV permet de capter les usagers de l’avion sur les lignes intérieures. En ce sens c’est un transport très écologique. Aujourd’hui le Gouvernement tue les filiales d’Air France qui perduraient pour certaines clientèles très spécifiques et il favorise les low-cost aériens qui relancent la concurrence avec le TGV par le dumping social et fiscal.

6) La seule chose que Macron poursuit fidèlement, c’est le manque de financement de l’État pour assumer ses décisions politiques. Il y a 40 ans l’État décidait la construction des LGV en obligeant la SNCF à s’endetter pour financer la plus grande partie de cette tâche, d’où la dette énorme de la SNCF. Aujourd’hui l’État décide d’investissements de régénération de l’infrastructure classique et il oblige SNCF Voyageurs à verser un dividende (700 millions d’euros l’année dernière) à SNCF Réseau pour financer cette tâche. 

Bref, les cheminots se battrons pour qu’on fête les 80 ans du TGV, mais à cause des décisions et des réformes d’Emmanuel Macron, il est à craindre que ce ne soit plus une fête populaire voire même qu’il n’y ait plus rien à fêter dans 40 ans. Il est donc honteux de voir le petit Jupiter parader pour fêter le TGV qui ne serait jamais né s’il avait été au pouvoir dans les années 70/80

Laurent Brun

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